Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Aymeric Luc au RCT pour franchir un palier

Venu de l’Aviron bayonnais, où il a inscrit 10 essais la saison dernière pour sa découverte du Top 14, Aymeric Luc clame ses ambitions : il espère franchir un nouveau palier à Toulon.

- PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE-MICKAËL AYI

Le bâtiment gris taupe du RCT Campus, couvert par la pluie battante, nous accueille ce jour-là. L’entraîneme­nt ouvert au public est reporté. Une supportric­e convaincue fait le piquet devant le portail. Covid oblige, l’entrée reste verrouillé­e. « J’ai cherché mais je n’ai rien vu sur Internet… » À l’intérieur du centre d’entraîneme­nt dernier cri, Aymeric Luc (23 ans) apparaît en tong, gueule d’ange et sourire décontract­é. Comme un poisson dans l’eau. « L’entraîneme­nt est remis parce qu’on a bien travaillé », plaisante la jeune recrue venue de l’Aviron bayonnais, où les précipitat­ions sont légion. « Ils ont eu une charge de travail importante, et puis les conditions climatique­s n’étaient pas idéales à la tenue d’un entraîneme­nt extérieur », relaie Benjamin Larrue, du service communicat­ion. Nous jubilons : grâce aux caprices du ciel, nous avons plus de temps pour faire la connaissan­ce d’Aymeric Luc et de son accent du Sud-Ouest.

Vous avez manqué le tir au but lors du match de barrage Top  - Pro D contre Biarritz. Partir en vacances sur une relégation n’at-il pas été trop dur ?

Oui ça a été compliqué, mais il a vite fallu basculer d’un point de vue personnel sur la possibilit­é de partir dans un autre club. C’était un choix important et voilà, j’ai atterri à Toulon où j’ai signé trois ans. Donc oui, ça m’a bouleversé car on n’avait pas du tout prévu de descendre avec l’Aviron. Mais je suis arrivé cinq semaines plus tard à Toulon, très content, avec un centre d’entraîneme­nt tout neuf. Je sors de ma zone de confort, où j’étais depuis des années à l’Aviron.

Comment l’opportunit­é de rejoindre Toulon s’est présentée ?

J’avais cette clause qui me libérait de mon contrat en cas de mauvaise nouvelle (la relégation officielle, Ndlr). Des échanges ont eu lieu ensuite avec le RCT et on a trouvé un accord rapidement. Pour moi, c’était déjà assez énorme d’avoir un club comme ça qui s’intéressai­t à moi. J’ai suivi tous les exploits du RCT quand j’étais jeune, il y avait de très belles équipes.

Vous avez fait une bonne saison à Bayonne malgré tout. Avezvous reçu d’autres sollicitat­ions ?

Oui, mais au final elle a été bonne parce que l’équipe a réalisé une bonne saison collective. J’ai réussi à délivrer de bonnes prestation­s qui m’ont permis d’être contacté par le RCT et de rester en Top .

Connaissie­z-vous des joueurs de l’effectif toulonnais avant de signer ? On sait que vous aviez joué avec Gabin Villière dans la sélection nationale du rugby à sept…

Oui j’ai côtoyé Gabin dans un tournoi de sept en développem­ent mais je ne connaissai­s personne ici. Pour moi, c’est nouveau à  %.

Quel rôle espérez-vous jouer cette saison ?

Déjà apprendre au maximum au quotidien, car l’effectif est beaucoup plus riche que celui de l’Aviron bayonnais la saison précédente. Après, mon objectif principal est de jouer, c’est pour ça que j’ai choisi le RCT. Humblement, je me suis dit qu’il y avait peut-être la possibilit­é d’accumuler des feuilles de matchs, de jouer beaucoup de minutes. Après il ne faudra pas que je me rate et que je saisisse l’opportunit­é.

C’est la structure de l’effectif, ajouté au nombre d’internatio­naux, qui vous fait espérer du temps de jeu ?

Oui, c’est l’effectif dans sa globalité. Et puis le nombre d’internatio­naux à mon poste fait que ça laisse beaucoup de weekends à un joueur comme moi, qui arrive d’un club plus petit, pour gratter du temps de jeu.

Quel est le poste dans lequel vous vous sentez le plus à l’aise ?

(sourire) Oui, j’ai mis beaucoup d’essais l’an dernier à l’aile donc on pourrait croire que c’est mon poste de prédilecti­on. Mais non, c’est bien en quinze (à l’arrière, Ndlr) que je préfère jouer parce que c’est un rôle plus central. On peut intervenir partout, il y a plus de liberté, le poste est un peu plus complet. Mais quand l’équipe joue bien, je me régale aussi à l’aile, donc c’est très bien aussi. Après, comme je le répète, les deux me vont.

La concurrenc­e ne vous fait pas peur ?

Non, ça ne me fait pas peur. La concurrenc­e, il y en a partout. Certes il y en a plus ici qu’à l’Aviron, l’effectif est plus riche mais les meilleurs joueront et si ce n’est pas moi, j’essaierai de progresser pour avoir ma chance et pouvoir jouer.

Avez-vous déjà noté des différence­s entre les méthodes d’entraîneme­nt de Patrice Collazo et Yannick Bru ?

Oui, c’est évident. Ce n’est pas la même méthode de management. Après, ça fait du bien de changer. Depuis la reprise, on parle surtout de préparatio­n physique. Elle est totalement différente à Toulon, où on est plus en salle, où on fait plus de cardio sur les machines. À

Bayonne, on faisait plus de courses sur le terrain. Après ça reste du rugby, au même niveau, donc il y a aussi des similitude­s sur les méthodes d’entraîneme­nt.

Dans quel secteur de jeu devezvous progresser ?

Le jeu au pied (rire). C’est un secteur que j’utilise peu, quand je le fais il ne me déçoit pas, sauf des fois, mais c’est vrai que si j’étais plus à l’aise, je l’utiliserai­s plus. Après, ce n’est pas une volonté de jouer au pied à outrance mais ça peut être une arme tout aussi efficace que de jouer à la main, disputer des duels ou autre. Après, je pense surtout à améliorer mes points forts : la vitesse, le duel. Pour l’équipe, c’est le plus important dans le rugby.

La nouvelle règle du : peutelle modifier votre jeu ?

Oui. Les nouvelles règles, c’est toujours particulie­r. Le :, tout le monde va essayer de s’en servir les deux premiers mois parce que c’est la nouveauté et que c’est intéressan­t. Mais ça va peut-être se tasser ensuite car tenter un jeu au pied comme ça, c’est aussi rendre le ballon à l’adversaire quand on ne trouve pas la touche. C’est se débarrasse­r du ballon, donc les équipes vont peut-être vouloir le garder aussi…

Il faudra adapter le replacemen­t.

Oui, il faudra s’habituer, surtout dans le jeu de troisième rideau. Beaucoup d’équipes, comme

nous, travaillen­t avec deux joueurs à l’arrière, il en faudra sûrement un autre, ou bien faire reculer les ailiers… Par contre, ça peut libérer des espaces sur le premier rideau si tout le monde a peur de cette règle.

Appréciez-vous la vie à la toulonnais­e ?

Oui, il fait tout le temps beau ! Ça fait quand même la différence de se lever le matin avec un beau soleil. Par contre, il fait aussi très chaud, ça peut être dur pour la prépa physique. Sinon la région est très sympa, avec des environs magnifique­s. Le bleu clair du ciel avec le bleu de la mer, c’est parfait. Et j’aime beaucoup les deux montagnes (il désigne du doigt le Faron et le Coudon, Ndlr), ça me rappelle un peu chez moi.

Êtes-vous bien installé ?

‘‘ Le jeu au pied peut être une arme efficace”

Pas encore définitive­ment, parce que c’est une région très attractive et l’immobilier en prend un coup, donc j’attends un peu. Mais ça ne saurait tarder. L’idéal serait de vivre à proximité du centre d’entraîneme­nt et d’éviter la circulatio­n des voitures.

Et la place du rugby ?

Oui, je vois des autocollan­ts avec des écussons partout sur les voitures. Et puis Mayol, évidemment. La vague de titres a dû raviver la ferveur qui était déjà présente, c’est intéressan­t.

Que représente­nt Charles Ollivon et Anthony Étrillard, deux anciens de l’Aviron, au Pays basque aujourd’hui ?

Ce sont toujours les fiertés du pays, d’autant plus qu’ils sont en équipe de France et que Charles en est le capitaine. 1. Cette saison, une équipe pourra récupérer le lancer en touche après avoir botté indirectem­ent en touche depuis sa moitié de terrain vers les 22 m adverses ou depuis ses propres 22 m vers le camp adverse.

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(Photo Valérie Le Parc) Aymeric Luc, un Basque de plus au Rugby club toulonnais.
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