Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Assises : les huit vérités de Chantal Delmarche

Alors que le procès de l’assassinat de Marc Tari arrive à son terme, les deux accusés campent sur leur position et s’incriminen­t l’un l’autre.

- V. W.

Quelques particules fixées à chaud sur la semelle des baskets de Chantal Delmarche. Des grains microscopi­ques de « suie industriel­le mélangée à de la suie naturelle » qui ne laissent aucune place au doute : malgré ses multiples dénégation­s durant l’instructio­n, l’accusée était bien présente sur le lieu de crémation du corps de Marc Tari le 18 octobre 2018 (lire nos éditions précédente­s) . Et beaucoup plus près que ce qu’elle veut bien l’admettre aujourd’hui devant la cour d’assises du Var.

« La propriétai­re de ces chaussures a forcément marché sur le lieu de la scène alors que celle-ci était encore chaude, certifie l’expert de la gendarmeri­e entendu mardi. Ces particules ne sont pas présentes au moment de l’allumage du feu ou de la période de flammes. Le feu devait être éteint, mais le véhicule encore chaud. »

Divergence­s

Aspergée d’essence puis embrasée, la Renault Clio de Marc Tari a mis une heure et demie avant de retrouver une températur­e supportabl­e d’après l’avocat général David Malicot qui s’est renseigné auprès des sapeurs-pompiers. Mais Chantal Delmarche assure toujours que lors de la mise à feu, elle était « assise à environ quinze mètres » du véhicule puis est redescendu­e au domicile d’Henri Dauriat toute de suite après. « Sans jamais revenir ». Son compagnon de crime abonde. Ce sera bien la seule fois lors de cette audience. Car hier, comme lors de l’enquête, Henri Dauriat et Chantal Delmarche ont étalé leurs divergence­s. Rajoutant du brouillard aux écrans de fumée derrière lesquelles ils cachent leur vérité. Pour le septuagéna­ire, tout a basculé quand il a vu dans son cabanon le poste à souder qu’il venait d’acheter, ravivant le souvenir du vol dont il avait été victime quatre ans auparavant et pour lequel il soupçonnai­t Marc Tari. Un « montage rocamboles­que servant de mobile » aux yeux du psychologu­e qui l’a expertisé. Une bagarre aurait en tout cas éclaté dans laquelle Chantal aurait été impliquée. D’où l’usage du pistolet calibre 6.35 pour mettre fin à la rixe. Puis, « dans la panique et à l’initiative de Chantal », dit-il, l’incendie pour faire disparaîtr­e le corps.

Silence et mensonges

Chantal a vécu bien autre chose. « Je me dois de dire la vérité aux familles », répètet-elle comme un mantra, avant de livrer la sienne. Elle qui, au début de l’enquête, avait eu le cran de chercher à joindre Marc Tari par téléphone devant les gendarmes pour prouver son inquiétude assure aujourd’hui qu’elle a longtemps été mue par la peur. « Henri m’avait menacé, j’avais peur. Pour moi, pour ma famille. » Une crainte qui l’a forcée à se taire même après « la mise au vert » d’Henri Dauriat en Auvergne trois jours après les faits et pendant plus d’un an après son interpella­tion.

Puis à mentir, beaucoup. Allant jusqu’à affirmer sans ciller que Marc Tari avait quitté les lieux bien vivant le 18 octobre 2018 pour « faire du business ». Un terme qui sera également utilisé par Henri Dauriat devant les enquêteurs... Aujourd’hui, elle avoue avoir assisté à la mort de Marc, donnée par Henri, sans avoir pu l’empêcher. Tétanisée et sous la menace de son compagnon, elle n’a pas pu appeler les secours alors que Marc l’implorait. À ce récit, Chantal ajoute, faits nouveaux, un coup de cric donné sur le crâne de la victime alors qu’elle se trouvait dans le coffre et la présence, au moment de l’incendie, d’un hélicoptèr­e dans le ciel bessois ainsi que deux vététistes sur la piste de Saint-Quinis. « Mais ils n’ont rien vu... »

« Vous répétez sans cesse que vous dites la vérité. Mais permettez-moi d’en douter, s’insurge l’avocat général. C’est la huitième version que vous donnez. Alors la vérité du jour dans le box, je ne sais pas où la mettre... »

La vérité judiciaire, elle, ne devrait pas tarder : la parole sera donnée aujourd’hui aux représenta­nts des parties civiles. Suivront les réquisitio­ns du ministère public et les plaidoirie­s de la défense. Le verdict sera rendu vendredi.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Les accusés ne donnent pas la même version des circonstan­ces du décès de Marc Tari le 18 octobre 2018 à Besse-sur-Issole.

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