Sponsor, es-tu toujours là ?
Le RCT Business Club tenu mardi soir au palais des sports de Toulon a réuni pour la première fois les cinq clubs majeurs de la ville. L’occasion de sonder l’état de santé du partenariat.
Ils ont tous la même passion et les mêmes intérêts économiques. Mardi soir, près de 140 entreprises partenaires des cinq clubs toulonnais majeurs (RCT, TMV, SCT, HTV, TEF, lire repères cicontre) ont partagé une soirée organisée par le RCT Business club au palais des sports de Toulon. « Au-delà de faire du business, nous sommes des acteurs du territoire et nous sommes là pour développer le territoire », a expliqué Didier Matras, le directeur commercial des Rouge et Noir à l’initiative de cette soirée de partage. Et pour faciliter les échanges, rien de mieux que le spacieux salon de réception du palais des sports de Toulon utilisé par le TMV Handball qui recevait donc à domicile, fort de ses liens déjà étroits avec le RCT.
Si le président du HTV a finalement dû décliner l’invitation, les quatre autres clubs et leurs représentants étaient bien là pour tenter de faire avec nous un état des lieux du marché du sponsoring. Un secteur qui a traversé et traverse encore un peu une crise existentielle au fur et à mesure que les stades et les salles fermaient leurs portes au public, puis avec l’instauration des jauges, du port du masque et du pass vaccinal obligatoires.
En 2022, le seul bassin économique toulonnais répond-il à leurs besoins ? Quelles nouvelles stratégies développent les clubs ? Tentative de réponses en trois points avec quatre référents dans leurs clubs respectifs :
Le bassin économique toulonnais est-il suffisant ?
◗ RCT (Frédéric Bir, directeur général) : « Près de 60 % de nos partenaires sont de la région et l’économie toulonnaise est pour nous essentielle. Mais le RCT étant une marque internationale, on se doit d’aller partout pour attirer des groupes qui peuvent avoir une antenne dans le Sud. Il faut savoir que 3 000 des personnes présentes à chaque match à Mayol viennent du monde de l’entreprise. C’est le plus grand lieu de rassemblement économique du département. »
◗ SCT (Guillaume Deville, directeur opérationnel) : «Prèsde80% de nos partenaires viennent de la région mais on jouit quand même d’une image qui dépasse le bassin économique local. Le Sporting est connu au-delà et intéresse des entreprises d’ailleurs. »
◗ TMV (Perrine Paul, présidente et Vincent Millereux, manager général) : « L’économie du sport féminin est complexe car la médiatisation et l’exposition ne sont pas les mêmes que dans le sport masculin (les matchs de la ligue féminine sont diffusés sur la chaîne numérique Sport en France). On est à la traîne et on a du mal à séduire mais la Ligue doit accélérer dans ce sens. Pour nous, 4/5e de nos sponsors sont issus de la région. »
◗ TEF (Mathis Brasset, commercial et Farah Gouled, directeur sportif) : « La majorité de nos partenaires sont ici et on est très actif en Paca auprès d’entreprises qui sont déjà dans le sport. Mais c’est dur car on n’est pas une marque comme le RCT. C’est à nous de démarcher, mais on a des pistes pour la saison prochaine. »
La crise sanitaire a-t-elle mis un coup de frein ?
◗ RCT (Frédéric Bir, directeur général) : « On a eu beaucoup de témoignages de fidélité de la part de nos partenaires. Très peu d’entre eux ont quitté le club car l’ancienneté de la relation s’est avérée très importante mais ils ont différé leur engagement sur la saison suivante. Lors de la saison 2020-2021 on a perdu la moitié de notre budget de sponsoring (établi à 9 M€). Les aides de l’État, des collectivités locales et de la Ligue n’ont pas suffi et il a fallu l’intervention de l’actionnaire majoritaire (Bernard Lemaitre) sans quoi on ne finissait pas l’année. »
◗ SCT (Guillaume Deville, directeur opérationnel) : «Lacrisea fortement impacté la saison passée avec l’arrêt du championnat en novembre. Les prestations commerciales n’ont pas été assurées dans leur ensemble. Malgré tout, la plupart de nos partenaires sont restés fidèles car avec l’arrivée de Jean Tigana, ils ont tous adhéré au projet sportif. Nos pertes de sponsoring ont été compensées par les aides de l’État. »
◗ TMV (Perrine Paul, présidente et Vincent Millereux, manager général) : « Malgré la crise, nos partenaires ont tenu le choc et on a pu maintenir le tissu partenarial.
La rupture s’est davantage opérée sur le lien social. Les gens ont perdu l’habitude de venir voir les matchs. Le chômage partiel et la coupe dans le budget de communication nous ont permis de passer le « cut » sans faire appel au fonds de garantie. »
◗ TEF (Mathis Brasset, commercial et Farah Gouled, directeur sportif) : « Lorsqu’on a été sacré champion de France en 2019, on avait une cinquantaine d’entreprises partenaires et on est tombé à une quinzaine. On a été obligé de tour reprendre à zéro le temps que les entreprises se relancent. »
Quelles sont les nouvelles stratégies mises en place ?
◗ RCT (Frédéric Bir, directeur général) : « On développe aujourd’hui un partenariat puissant qui va beaucoup plus loin que le simple fait d’être sur le maillot ou venir au stade. Notamment à travers les RSE (actions sociétales et environnementales), l’activation de clients sur des opérations menées avec d’autres. On mise aussi sur les nouvelles technologies (NFT) et le Fan Token, un objet virtuel qui permet de récompenser les supporters. »
◗ SCT (Guillaume Deville, directeur opérationnel) : « On travaille nos réseaux sociaux, la visibilité au stade mais aussi le lien. On organise un repas mensuel avec tous nos partenaires et notre tournoi interentreprises est bien installé. Il crée de l’émulation entre les partenaires et il est très attendu. On fête notre 8e édition le 3 juin prochain. »
◗ TMV (Perrine Paul, présidente et Vincent Millereux, manager général) : « Notre principal atout, c’est le palais des sports. La Métropole TPM a réalisé de gros investissements sur l’éclairage, la visibilité avec un panneau led de 40 mètres linéaires et les hospitalités. On considère que ligues masculines et féminines confondues, on est dans le top 8 en termes d’équipement. Avec un tel outil, on doit démontrer notre sérieux et notre savoir-faire sur la structuration du club et sur le festif. On va développer prochainement des loges éphémères en bord de terrain et modéliser la salle pour offrir des prestations différentes selon votre emplacement. »
◗ TEF (Mathis Brasset, commercial et Farah Gouled, directeur sportif) : « On privilégie l’échange d’autant qu’en tant qu’association de loi 1901, les entreprises peuvent défiscaliser. Par exemple, on est en partenariat avec un hôtel vers qui on envoie les équipes adverses quand elles viennent jouer à Toulon. »