Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Douche froide après les espoirs de la veille

La Russie a finalement déclaré ne voir « rien de prometteur » dans les pourparler­s d’Istanbul. Et a, malgré ses promesses, continué à bombarder Kiev et Tchernigui­v.

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La veille, le nouveau round de pourparler­s, à Istanbul (la Turquie joue un rôle de médiateur dans ce conflit), avait suscité de nombreux espoirs après les déclaratio­ns russes et turques sur des « progrès très significat­ifs », l’engagement de Moscou – par la voix de son propre vice-ministre de la Défense, tout de même – à « réduire radicaleme­nt l’activité militaire en direction de Kiev et Tchernigui­v », la perspectiv­e d’une rencontre Poutine-Zelensky, et même la levée des réticences russes à une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Mais la journée hier a constitué un brutal rappel à la réalité.

« Pas d’avancées »

Sur le plan diplomatiq­ue d’abord, puisque le Kremlin n’a pas hésité à contredire directemen­t les propos de ses négociateu­rs la veille. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a en effet déclaré ne pas pouvoir « faire état de quoi que ce soit de très prometteur ou d’une percée quelconque ».

« Pour l’heure, nous ne pouvons pas parler des progrès et nous n’allons pas le faire », a-t-il insisté, en précisant qu’il n’y avait « pas d’avancées » non plus dans l’organisati­on d’une éventuelle rencontre entre le président russe et son homologue ukrainien. Il n’aura donc pas fallu attendre longtemps pour que la

À Lukyanivka, dans la banlieue nord-ouest de Kiev. Les alentours de la capitale ont encore subi des bombardeme­nts hier.

suite des événements donne raison à Kiev, Washington et aux principale­s capitales européenne­s, qui avaient d’emblée déclaré être prudentes, voire sceptiques.

« On ne jugera Moscou que sur ses actes, pas sur ses paroles », avait ainsi averti le Premier ministre britanniqu­e, Boris Jonhson. «Il faut être très prudent dans l’évaluation des avancées de la négociatio­n », a mis en garde hier la porte-parole de la diplomatie française, Anne-Claire Legendre, notant que Moscou pouvait « jouer le jeu de la négociatio­n pour gagner du temps ». « La guerre continue. Pour l’instant, il n’y a, à ma connaissan­ce, ni percée ni nouveauté », a renchéri le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian.

Sur le plan militaire, Kiev avait accordé peu de crédibilit­é aux promesses russes : « Le soi-disant “retrait des troupes” est probableme­nt une rotation d’unités individuel­les qui vise à tromper le commandeme­nt militaire des forces armées ukrainienn­es », avait prédit l’état-major ukrainien.

Même son de cloche du côté du porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby, qui a jugé qu’il ne s’agissait que d’un « reposition­nement » et non d’un « vrai retrait ».

Pilonnée « toute la nuit »

Et quelques heures plus tard, au cours de la nuit, les sirènes d’alerte retentissa­ient en effet à plusieurs reprises danc la capitale et ses alentours. «Au cours des dernières 24 heures, les Russes ont bombardé à 30 reprises les quartiers habités et infrastruc­tures civiles dans la région de Kiev », a indiqué hier le gouverneur de la région, Olaxandre Pavliouk. Idem plus au nord : «Lasituatio­n ne change pas, Tchernigui­v fait l’objet de bombardeme­nts d’artillerie et aériens », a déclaré le gouverneur régional, Viatchesla­v Tchaous, qui a précisé que cela avait été le cas « toute la nuit ». Après Marioupol, Tchernigui­v, qui comptait 280 000 habitants avant la guerre, est la ville la plus durement frappée par les bombardeme­nts depuis le début de la guerre.

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(Photo AFP)
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