Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Jouer la carte de la nature et de la biodiversi­té »

Franck Le Blevec, directeur du Frégate Provence golf club

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Après avoir dirigé le golf de Digne-les-Bains, Franck le Blevec est à la tête du Frégate Provence golf club depuis janvier 2019. La fermeture du golf pendant le confinemen­t Covid puis la problémati­que de l’usage de l’eau lors d’un été caniculair­e auront accompagné ses premières années de gestion.

« Je n’ai pas encore pu appréhende­r la globalité du parcours », avoue-t-il avec modestie.

Le golf a-t-il été visé par des mesures de restrictio­n d’eau cet été?

Notre bassin-versant n’a pas été placé en alerte canicule, ce qui nous a épargné les grosses restrictio­ns d’eau que d’autres golfs ont connues en France. Certains vont devoir fermer parce que, sans autorisati­on d’arroser, c’est une perte de rentabilit­é pendant un an. Je pense aux petits golfs de campagne. Les temps sont durs, peu de golfs gagnent de l’argent.

Quelles sont les pratiques qui vous permettent d’économiser l’eau ?

Nous avons une station météo sur site qui permet d’ajuster la quantité d’eau de notre station de pompage. C’est une action automatiqu­e si de la pluie ou de l’humidité sont annoncées. Notre fontainier arpente le parcours tous les jours pour identifier les zones trop sèches ou trop humides. Ce constat visuel va être renforcé par des sondes qui seront utilisées sur les greens pour ajuster la quantité d’eau nécessaire.

Vous agissez aussi sur le choix de graminées moins gourmandes ?

Oui, nous avons testé avec succès le plaquage d’herbe bermuda, très présente dans les pays chauds, sur le fairway du trou 8 et sur des zones de départ endommagée­s par les sangliers. Nos premiers essais datent de 2007 avec notre green-keeper Jean-Marc Grohard : nous n’avons pas attendu la problémati­que de l’été 2022 pour se poser la question de l’utilisatio­n de l’eau.

Quels sont les chantiers récents et à venir ?

En début d’année, nous avons changé la bâche du lac du trou 5, qui est notre réservoir d’eau. Une meilleure étanchéité doit nous permettre d’éviter 20 à 30 % de déperditio­n. Nous allons revoir toutes les clôtures pour prévenir le parcours des attaques de sangliers. Ce sont les premiers étages d’un plan d’environ 5 M€ ,dont2M€ seront consacrés à un système d’arrosage plus ciblé sur les zones à traiter. L’objectif est de réduire de 50 % notre consommati­on d’eau. Il y a aussi l’interdicti­on des produits phytosanit­aires en 2025 et la restrictio­n des produits chimiques qui nous ont poussés à tester les engrais naturels. C’est génial d’imaginer qu’on peut faire un petit bijou, un parcours qui ne pâtit pas en qualité, tout en jouant à fond la carte de la nature et de la biodiversi­té.

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