Six ans de rebondissements
Après deux semaines de procès, la justice a finalement sanctionné les protagonistes d’un trafic de drogue d’envergure. Une procédure longtemps compromise par des bourdes incompréhensibles.
■ La genèse. L’enquête débute par un renseignement : Christophe Dicranian prend des participations dans des établissements de nuit des Alpes-Maritimes. Originaire du quartier de La Madeleine à Nice, aujourd’hui âgé de 42 ans, il est soupçonné par la PJ de se livrer au trafic de drogue tout en cherchant un emploi fictif. Il est alors surveillé pendant plusieurs mois. Les investigations s’accélèrent avec la localisation de boxes dans des quartiers résidentiels de Nice (avenue de Gairaut, avenue Sainte-Colette, avenue du Parc). Autre avancée déterminante : les téléphones cryptés utilisés par cette équipe de malfaiteurs sont en partie déchiffrés. Quatorze personnes sont interpellées. Les perquisitions sont fructueuses : une demi-tonne de cannabis, 8 kg de cocaïne, 460 000 euros en liquide, des armes de guerre, des gyrophares, des gilets pare-balles…
■ Le procès. Treize personnes comparaissaient depuis le 24 octobre, la plupart pour association de malfaiteurs et trafic de produits stupéfiants. Le cas d’une quatorzième, poursuivie pour blanchiment, a été disjoint. En 2015, 2016, ce sont a minima trois tonnes de drogue qui ont été écoulées. Le groupe d’intervention régional estime que sur deux mois, l’écoulement de 860 kg de cannabis a rapporté 1,75 million à cette équipe de malfaiteurs.
■ Le fiasco. Plusieurs bourdes de procédure ont été commises lors de l’information judiciaire. Les avocats de la défense ont pu ainsi obtenir la libération de leurs clients après deux ans de détention provisoire et le remboursement des cautions versées. Les enquêteurs craignaient que les prévenus fuient leur procès, d’autant qu’ils n’étaient plus sous contrôle judiciaire. Il n’en a rien été. Tous étaient présents. Tous affirment avoir une vie stable et s’être insérés dans la société. Force est de constater qu’ils n’ont pas fait parler d’eux depuis 2018. Mais certains ont préféré différer leur incarcération, vendredi soir, en étant absents au délibéré.
■ Les réquisitions. À l’issue de son réquisitoire, mercredi, le procureur Jean-Philippe Navarre a demandé seize ans de prison à l’encontre de Christophe Dicranian et 300 000 euros d’amende. Le magistrat a ironisé au sujet de l’immunité du principal prévenu. « M. Dicranian perd 460 000 euros, personne ne lui demande rien, pas une menace, rien. On lui prête une Lamborghini. Le réel propriétaire ne la revendique jamais .... » Des peines de 8 et 9 ans avaient été demandées