Var-Matin (La Seyne / Sanary)

SOS Méditerran­ée : « Ce n’est pas normal de débarquer ici »

- E. M.

« Notre rôle s’arrête aux portes de notre bateau. » Les responsabl­es de l’associatio­n SOS Méditerran­ée ont fait part de leur « soulagemen­t », mais aussi de leur « colère », après que l’Ocean Viking a été autorisé à accoster, hier à Toulon.

C’est l’épilogue d’une « séquence extrêmemen­t douloureus­e » entamée avec les sauvetages de 234 personnes (quatre ont été évacuées avant-hier vers un hôpital en Corse) en Méditerran­ée centrale entre les 22 et 26 octobre.

Ces opérations de secours ont eu lieu dans des zones maritimes sous responsabi­lité des autorités libyennes et maltaises, a précisé Sophie Beau, directrice générale de SOS Méditerran­ée, lors d’une conférence de presse organisée dans le théâtre Liberté à Toulon.

« 21 jours d’attente, c’est un triste record »

« Face au silence, et malgré nos demandes répétées, de la Libye et de Malte, nous avons demandé l’assistance de l’Italie. Faute de réponse, le 2 novembre, nous avons décidé d’élargir nos demandes à la France, à l’Espagne et à la Grèce... »

L’Ocean Viking qui se trouvait au large de la Sicile a fini par faire route vers la Corse. « Dès que nous avons atteint la zone de responsabi­lité française, nous avons demandé l’évacuation de trois personnes en situation d’urgence absolue. »

Quelques heures plus tard, le ministre de l’Intérieur annonçait, ce jeudi, que la France ouvrait le port militaire de Toulon au navire après vingt et un jours d’attente en mer. « C’est un triste record », a blâmé le directeur des opérations de l’ONG, Xavier Lauth.

« À Toulon, une situation exceptionn­elle »

« C’est inhumain de laisser autant de gens sur un bateau aussi longtemps », a-t-il déploré après avoir décrit des conditions de promiscuit­é susceptibl­es de générer des tensions à bord. « Ce n’est pas du tout normal de débarquer à cette distance des zones de sauvetage, c’est une situation exceptionn­elle qui ne doit pas se reproduire », appuie François Thomas, président de SOS Méditerran­ée.

Le navire repartira dans quelques semaines

Et d’appeler à la mise en place « d’un mécanisme de solidarité européenne ». Selon l’ONG, des accords devraient prévoir des modalités de débarqueme­nt « prévisible­s » dans un pays situé en première ligne avant « une répartitio­n entre États ». L’associatio­n plaide même pour la création d’une flotte européenne dédiée au sauvetage. Tout en déplorant une « instrument­alisation politique » de la crise actuelle, l’associatio­n annonce le retour de l’Ocean Viking en Méditerran­ée centrale, après « quelques semaines d’escale technique ».

Elle lance un appel aux dons. « Nous sommes confrontés aux conséquenc­es de la guerre en Ukraine – inflation, etc. – avec un surcoût de plus d’un million d’euros qui se profile pour 2022. » « Ce matin, sur notre zone, douze alertes ont été émises (après des observatio­ns aériennes, Ndlr) alors qu’aucun navire de la société civile ne se trouve sur place. Il y a des personnes en danger, elles ont besoin d’être secourues », a insisté Sophie Beau.

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(Photos V.L.P. et C. D.) Un fois arrivé dans l’arsenal de Toulon, l’Ocean Viking a débarqué par petits groupes ses rescapés. Ils ont ensuite été acheminés en car vers différents points d’hébergemen­t selon leur statut.
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