Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La police aux frontières resserre l’étau à Menton

Un syndicat de police avait dénoncé une frontière devenue passoire ces derniers temps, au gré de départs de forces de police vers d’autres missions. Des renforts sont arrivés jeudi soir.

- GRÉGORY LECLERC ET CHRISTOPHE PERRIN

Je suis d’origine italienne, mon grand-père a fui le fascisme, et moi je dois supporter ça ! » Contrôle tendu, hier soir, à la gare de Garavan de Menton. Une femme proteste contre un contrôle dans le TER à bord duquel elle se trouve.

La police aux frontières vient juste d’interpelle­r deux jeunes migrants et de les embarquer, direction le poste frontière, pour examiner leur situation. Jeudi, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé un renforceme­nt des contrôles. « Quatre forces mobiles sont arrivées hier [lire : jeudi, Ndlr] à 20 heures », confirme le commissair­e Emmanuelle Joubert, directrice départemen­tale de la police aux frontières des Alpes-Maritimes, présente sur le contrôle à Garavan. Un point presse avait été organisé, pour mettre l’accent sur les mesures prises par l’État français. « Nous avons positionné ces forces au pont Saint-Ludovic, au pont SaintLouis et sur les sorties de l’autoroute A8. Depuis aujourd’hui 15 heures, un escadron de gendarmeri­e mobile a relevé la gendarmeri­e départemen­tale qui tenait le péage de La Turbie. »

Il y a quelques jours, le syndicat « France police » dénonçait un manque d’effectifs à la frontière francoital­ienne. « Semaine portes ouvertes aux migrants », commentait le syndicat à l’appui d’une vidéo enregistré­e le soir du 7 novembre, où l’on voyait un conducteur franchissa­nt la frontière sans aucun contrôle.

Des effectifs avaient été retirés

Selon nos informatio­ns, quatreving­ts gendarmes mobiles avaient été récemment retirés de la zone frontière pour renforcer des effectifs autour des « bassines », des retenues d’eau controvers­ées du départemen­t des Deux-Sèvres. L’absence de forces de l’ordre sur la route de La Turbie, entre Roquebrune-Cap-Martin et Beausoleil, avait également été remarquée. Selon Michel Thooris, secrétaire

Dès jeudi soir, les policiers français étaient de retour à la frontière à Menton après plusieurs semaines d’absence.

national de « France police », qui fut en poste aux stups dans les Alpes-Maritimes, « le poste d’Olivetta [près de Menton, Ndlr] était abandonné depuis quinze jours. Les réseaux de passeurs profitaien­t des failles. » Ces renforts sont-ils venus en catastroph­e réarmer la frontière au gré de la crise de l’Ocean Viking ? « Ça, il faut voir avec le ministère, moi ce que je vous dis, c’est qu’en fonction des forces, j’adapte mon dispositif », répond Emmanuelle Joubert. La préfecture des Alpes-Maritimes dément tout désengagem­ent de la frontière : « Contrairem­ent aux allégation­s de ce syndicat, en dépit de l’engagement d’une partie des unités mobiles sur d’autres missions d’ordre public, les postes frontière de Menton et les principaux points de lutte contre l’immigratio­n régulière sont bien tenus à la frontière italienne grâce à un redéploiem­ent des forces. » L’essentiel des axes d’entrée des migrants vers la France sont situés dans les Alpes-Maritimes, « qui concentren­t les deux tiers des non-admissions en 2022 », selon la Direction générale de la police nationale.

Au tribunal correction­nel, NiceMatin a constaté ces derniers temps que le flux des passeurs ne se tarissait pas avec, quasiment à chaque audience, des prévenus jugés pour avoir transporté depuis Vintimille des candidats à l’exil.

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(Photo G. L.)

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