La police aux frontières resserre l’étau à Menton
Un syndicat de police avait dénoncé une frontière devenue passoire ces derniers temps, au gré de départs de forces de police vers d’autres missions. Des renforts sont arrivés jeudi soir.
Je suis d’origine italienne, mon grand-père a fui le fascisme, et moi je dois supporter ça ! » Contrôle tendu, hier soir, à la gare de Garavan de Menton. Une femme proteste contre un contrôle dans le TER à bord duquel elle se trouve.
La police aux frontières vient juste d’interpeller deux jeunes migrants et de les embarquer, direction le poste frontière, pour examiner leur situation. Jeudi, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé un renforcement des contrôles. « Quatre forces mobiles sont arrivées hier [lire : jeudi, Ndlr] à 20 heures », confirme le commissaire Emmanuelle Joubert, directrice départementale de la police aux frontières des Alpes-Maritimes, présente sur le contrôle à Garavan. Un point presse avait été organisé, pour mettre l’accent sur les mesures prises par l’État français. « Nous avons positionné ces forces au pont Saint-Ludovic, au pont SaintLouis et sur les sorties de l’autoroute A8. Depuis aujourd’hui 15 heures, un escadron de gendarmerie mobile a relevé la gendarmerie départementale qui tenait le péage de La Turbie. »
Il y a quelques jours, le syndicat « France police » dénonçait un manque d’effectifs à la frontière francoitalienne. « Semaine portes ouvertes aux migrants », commentait le syndicat à l’appui d’une vidéo enregistrée le soir du 7 novembre, où l’on voyait un conducteur franchissant la frontière sans aucun contrôle.
Des effectifs avaient été retirés
Selon nos informations, quatrevingts gendarmes mobiles avaient été récemment retirés de la zone frontière pour renforcer des effectifs autour des « bassines », des retenues d’eau controversées du département des Deux-Sèvres. L’absence de forces de l’ordre sur la route de La Turbie, entre Roquebrune-Cap-Martin et Beausoleil, avait également été remarquée. Selon Michel Thooris, secrétaire
Dès jeudi soir, les policiers français étaient de retour à la frontière à Menton après plusieurs semaines d’absence.
national de « France police », qui fut en poste aux stups dans les Alpes-Maritimes, « le poste d’Olivetta [près de Menton, Ndlr] était abandonné depuis quinze jours. Les réseaux de passeurs profitaient des failles. » Ces renforts sont-ils venus en catastrophe réarmer la frontière au gré de la crise de l’Ocean Viking ? « Ça, il faut voir avec le ministère, moi ce que je vous dis, c’est qu’en fonction des forces, j’adapte mon dispositif », répond Emmanuelle Joubert. La préfecture des Alpes-Maritimes dément tout désengagement de la frontière : « Contrairement aux allégations de ce syndicat, en dépit de l’engagement d’une partie des unités mobiles sur d’autres missions d’ordre public, les postes frontière de Menton et les principaux points de lutte contre l’immigration régulière sont bien tenus à la frontière italienne grâce à un redéploiement des forces. » L’essentiel des axes d’entrée des migrants vers la France sont situés dans les Alpes-Maritimes, « qui concentrent les deux tiers des non-admissions en 2022 », selon la Direction générale de la police nationale.
Au tribunal correctionnel, NiceMatin a constaté ces derniers temps que le flux des passeurs ne se tarissait pas avec, quasiment à chaque audience, des prévenus jugés pour avoir transporté depuis Vintimille des candidats à l’exil.