Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Macron regarde à nouveau vers l’Amérique latine

Le Président n’est allé en Amérique latine qu’une fois, hors Guyane française, depuis qu’il est en poste. Mais après la victoire de Lula au Brésil, il semble mettre l’accent sur cette région.

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La seule et unique fois qu’Emmanuel Macron est allé en Amérique latine, c’était en 2018, pour le G20 en Argentine. Mais cela pourrait rapidement changer...

Jeudi, il appelait le président vénézuélie­n Nicolás Maduro et son opposition à reprendre « dans les plus brefs délais » les négociatio­ns pour sortir leur pays de la crise politique. Des représenta­nts des deux camps devaient s’entretenir hier à l’occasion de l’ouverture du Forum pour la paix, un événement diplomatiq­ue organisé chaque année à Paris depuis 2018 sous l’égide d’Emmanuel Macron. « Les Vénézuélie­ns et d’autres pays d’Amérique latine nous ont demandé si le Forum pouvait accueillir cette année un dialogue entre les parties vénézuélie­nnes qui jusqu’ici ne se parlaient pas », a expliqué Pascal Lamy, le président de cette manifestat­ion, qui cette année a pris une forte tonalité sud-américaine. Y participen­t notamment les chefs d’État de la Colombie et de l’Argentine, Gustavo Petro et Alberto Fernandez. Luiz Inácio Lula da Silva, le nouveau président brésilien, interviend­ra également par vidéo.

Changement­s politiques au Brésil, Chili et Colombie

Dans un contexte de « changement­s politiques majeurs », comme au Brésil, au Chili et en Colombie, « la France, qui était assez éloignée de l’Amérique latine, se rapproche », constate Éléonore Caroit, une députée élue par les Français de cette région. Jusqu’à présent, l’Amérique latine, où opèrent pourtant nombre d’entreprise­s françaises, était moins considérée comme une priorité diplomatiq­ue que l’Europe, l’Afrique, ou

Emmanuel Macron a reçu hier à l’Élysée de nombreux chefs d’État dans le cadre du Forum pour la paix, dont le Président de la Colombie Gustavo Petro.

l’Indo-Pacifique. Mais la récente victoire de Lula au Brésil, première économie et première puissance régionale, semble ouvrir la voie à un rapprochem­ent, tant les relations étaient exécrables avec son prédécesse­ur Jair Bolsonaro.

« J’attendais avec beaucoup d’impatience ce moment pour qu’on puisse relancer un partenaria­t stratégiqu­e à la hauteur de notre histoire », adità Lula Emmanuel Macron, l’un des premiers dirigeants étrangers à le féliciter après sa victoire.

La France, via la Guyane, dispose d’une importante frontière terrestre avec le Brésil. En 2006, alors que Lula était déjà au pouvoir, le président Jacques Chirac et lui avaient signé un partenaria­t stratégiqu­e, qui a « commencé à décliner » en 2016 avant de toucher le fond sous Bolsonaro, observe le politologu­e Gaspard Estrada. « Macron ne devrait pas gaspiller cette opportunit­é. Il devrait aller à l’inaugurati­on de Lula le 1er janvier et replacer la France en Amérique latine », affirme ce chercheur à Sciences Po Paris. Mais la neutralité brésilienn­e dans le conflit entre Ukraine et Russie est un important obstacle à dépasser.

« Macron voudrait que Brasilia prenne une position plus explicite sur la condamnati­on de la guerre », comme des « sanctions », mais le Brésil a besoin des engrais russes pour son agricultur­e, poursuit-il.

Initiative sur le Venezuela

L’initiative sur le Venezuela pourrait entrer dans ce cadre, alors que la guerre en Ukraine a fait monter les prix du pétrole, dont Caracas est un producteur majeur. Les ÉtatsUnis, qui, comme la France et de nombreux autres pays ne reconnaiss­ent pas la réélection en 2018 du président Maduro, ont tenté de l’évincer du pouvoir en infligeant au Venezuela de lourdes sanctions, notamment contre ses exportatio­ns d’hydrocarbu­res. Mais, alors que l’augmentati­on du prix de l’essence génère une grogne mondiale, Macron et Maduro ont eu lundi un court échange rempli d’amabilités lors de la COP27 en Égypte.

« Je serais heureux qu’on puisse se parler plus longuement, que l’on puisse engager un travail bilatéral utile pour la région », a alors lancé le chef de l’État français. Et d’ajouter, quelques instants plus tard, à l’intention du Vénézuélie­n : « Président (...) Je vous rappellera­i, moi. »

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