Les mineurs non accompagnés : « On est vivants, on est à l’abri ! »
La première question qui s’impose ce samedi au lendemain de leur arrivée : « Est-ce que ça va bien ? ». Ouvrant les fenêtres de sa chambre de l’hôtel des Trois Mûriers, où il a passé sa première nuit à Toulon, un adolescent de 15 ans nous répond dans un anglais approximatif. « Ça va très bien. On a bien dormi. On est vivants, on est à l’abri. Et, là, on vient de prendre notre petit-déjeuner. Le premier ».
« It’s crazy to be here ! » (c’est fou d’être ici), entendon crier derrière lui.
Au total, quarante-deux mineurs non accompagnés, ramenés par le navire humanitaire Ocean Viking, vivent dans cet hôtel du quartier de Saint-Jean-du-Var jusqu’à nouvel ordre. À l’urgence, les fonctionnaires du Département ont répondu en quelques heures. « L’action sociale et l’aide sociale à l’enfance se sont mises en action dès vendredi soir. Ces mineurs sont arrivés sans chaussures et sans vêtements de rechange. Sans rien… Il a fallu tout organiser : leur trouver un toit, leur faire passer un examen médical et nous assurer que leur protection était assurée. C’est notre devoir vis-à-vis de ces mineurs non accompagnés comme on les qualifie juridiquement », explique Virginie Haldric, directrice générale des services.
Toutes les chambres de l’hôtel ont été réquisitionnées pour abriter les quarante-deux jeunes venant de différents coins du globe : beaucoup d’Égypte, certains de Syrie et d’autres d’Afrique subsaharienne. Sur place hier, des médecins de la protection maternelle et infantile ont pris particulièrement soin des plus fragiles mais aucun ne semble a priori malade.
Le portable tourne de main en main
Tous ont entre 10 et 15 ans environ. « Mais, vu qu’ils ne disposent d’aucun papier d’identité, nous ne sommes sûrs de rien. Il va falloir plusieurs jours pour trouver leur âge exact et leur nom », ajoute la directrice qui a fait une visite matinale à l’hôtel, hier, pour s’assurer que tout se déroulait bien. Certains d’entre eux se sont empressés d’appeler leurs familles pour les rassurer. Un téléphone portable a tourné de main en main pendant la journée. Soulagement d’être en France. Mais interdiction de sortir de l’hôtel, « pour leur sécurité ».
Les services de la préfecture suivent également la prise en charge des mineurs, tous rassemblés aux Trois Mûriers. C’est que tout commence maintenant. Le Département fait le point sur les besoins des ados exilés en relation étroite avec les associations varoises pour fournir nourriture, vêtements chauds et nécessaire d’hygiène. L’Ordre de Malte était déjà à pied d’oeuvre.
Ces enfants et adolescents restent à Toulon sous la protection de l’État. Sans limitation de durée pour l’instant.