« Ça dérange mon quotidien dans ce lieu touristique »
Le centre de vacances devenu par magie préfectorale « zone d’attente » pour la majorité des passagers de l’Ocean Viking n’est bien entendu pas un « îlot isolé » à Giens. Il jouxte directement la résidence du Cap de l’Estérel, paisible copropriété sur quelques étages qui mêlent occupants à l’année et logements locatifs saisonniers. Immanquablement, l’arrivée de ce nouveau voisinage provoque des réactions contrastées. Plutôt que le rejet pur et simple de certains, Julie si elle n’est pas « ravie » de cette présence, prend le temps de débattre et argumenter.
« Déjà trop de miséreux »
« Je l’avoue égoïstement, cela dérange mon petit quotidien... Nous sommes sur un lieu touristique. J’ai un appartement ici depuis quarante ans. Sauver des personnes en danger c’est une chose, bien sûr qu’ils sont surveillés, mais les faire traverser pour leur faire miroiter du meilleur alors qu’il y a déjà tellement de miséreux en France... Les ONG devraient déjà agir pour ces gens-là », estime la retraitée, en se gardant bien de se situer sur le « terrain politique ». « Je ne vais pas manifester pour ou contre. Une fois je vote à gauche, une autre à droite. Nous n’avons pas les solutions chez nous. La base du problème vient de la gouvernance de ces pays qu’ils ont fuis...», ajoute-t-elle.
Giens terre d’accueil
Face à elle, Anne, voisine et soutien inconditionnel de SOS Méditerranée, ne comprend pas cette position. « Je suis super contente que la presqu’île de Giens devienne terre d’accueil ! C’est tellement bien si des gens qui ont été si maltraités peuvent se reconstruire ici. Comment peut-on imaginer s’opposer à cela ? La logistique autour de cet accueil ne me pose aucun problème. C’est bien le minimum que l’on puisse faire pour eux. Il faudrait même qu’on leur apporte tous des gâteaux et de la soupe ! », sourit-elle. Pour cette fois, l‘échange ne vire pas aux saillies venimeuses. Chacune écoutant l’autre développer ses arguments. Un débat qui a le mérite d’exister sans virer au naufrage verbal. Toujours ça de pris dans un monde de plus en plus « bipolaire ».