« Et maintenant, ils renforcent les contrôles à la frontière ! »
Cet automne, Schengen porte du bleu. Depuis le refus du gouvernement italien d’accueillir l’Ocean Viking, l’Élysée donne dans le retour du bâton. En plus de suspendre les 3 500 relocalisations de réfugiés qui devaient passer les Alpes pour s’établir en France – et appeler les autres pays européens à faire de même pour punir l’Italie –, le ministère de l’Intérieur a affiché la couleur avec des mesures de renforcement des contrôles aux frontières. Comme annoncé vendredi (nos éditions d’hier), les points de passage donnent dans le contrôle, alors que depuis plusieurs semaines, policiers et gendarmes avaient disparu de la frontière à Menton et du point de contrôle de la sortie A8 de Roquebrune.
Hier au péage de la Turbie, l’escadron de gendarmerie mobile – qui a pris la relève de la gendarmerie départementale – assurait sa mission en compagnie des douanes. Les poids lourds sont stoppés sur le côté, les cargaisons passées au crible. Exit l’image de la « frontière passoire » évoquée par certains.
« C’est notre punition ? »
Cobalt, saphir, pétrole : les nuances d’uniformes colorent un samedi grisaille. Du côté du pont Saint-Ludovic, sur le bord de mer mentonnais, on roule au pas. Un utilitaire se rendant à Menton est arrêté, il ouvre son coffre. R. A. S. Une petite file se forme. Pazienza ! (1)
Une scène qui a le don de mettre la rate de Diego au court-bouillon. Le Ligurien pur jus ne décolère pas des décisions annoncées par Gérald Darmanin : « C’est ça, notre punition ? Ils renforcent les contrôles ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » Le quinquagénaire proteste : « On est dans l’Union européenne ! Quel est notre intérêt d’y rester si on est traités de la sorte ? » Même si Giorgia Meloni s’est débarrassée de son discours « Italexit » en fin de campagne, certains se verraient bien emboîter le pas du Royaume-Uni. Et ce, malgré les difficultés économiques que connaît Londres. «Il va falloir apaiser les choses. Et vite. Avant que cela n’aille trop loin », tempère Nina, fatiguée par les tensions qui lézardent son pays : « Alors si, en plus, on se fâche avec tout le monde… »
1. « Patience ! »