La semaine vagabonde de Denis Carreaux
Lundi
Le monde merveilleux d’Elon Musk. Génie, tête à claques ou sale type ? Il y a un peu des trois chez Elon Musk. Encensé pour ses réussites fulgurantes, le fondateur de Tesla et Space X montre son vrai visage depuis le rachat de Twitter pour la modique somme de 44 milliards de dollars. En mettant la main sur le réseau social « pour
l’avenir de la civilisation » (rien que ça !), Musk expliquait vouloir « essayer d’aider l’humanité ». Le premier geste de ce grand philanthrope : redonner du temps libre à la moitié des salariés de Twitter en les licenciant par mail. Le deuxième : rappeler finalement une partie de ceux-ci après avoir constaté que l’oiseau bleu ne savait plus gazouiller sans ces salariés indispensables. Le troisième : éclairer le peuple américain de ses lumières en l’invitant à voter républicain aux élections de mimandat. Non content de vouloir faire le bien de ses congénères, l’homme le plus riche de la planète entend aussi penser à leur place. Un nouveau maître du monde.
Mardi
Hidalgo, cette championne. Qui a dit qu’Anne Hidalgo, madame 1,5 % à la présidentielle, était abonnée aux petits scores ? En augmentant les impôts fonciers de 52 %, elle fait au contraire preuve d’un sens de la performance hors du commun. Réélue en 2020 après avoir battu des records d’impopularité au cours de son premier mandat, la maire socialiste de Paris n’a peur de rien. Surtout pas de se déjuger en prenant une décision en totale contradiction avec ses promesses de campagne. « On avait dit, écrit Anne Hidalgo à ses administrés, que nous n’augmenterions pas les impôts, mais il s’est passé depuis beaucoup de choses, la crise du Covid, la crise ukrainienne… »
Il faut dire que dans le même temps, il ne s’est strictement rien passé à la mairie de Paris. Pour avoir laissé filer sa dette, la Ville, qui compte plus de fonctionnaires (55 000) que la Commission européenne, est à deux doigts d’être placée sous tutelle. Vraiment une championne, Anne Hidalgo !
Mercredi
Biden entre les gouttes. Donald Trump a eu beau s’agiter, annoncer puis revendiquer une victoire éclatante, la déroute promise aux démocrates lors des élections de mimandat n’a pas eu lieu. Si la Chambre des représentants devrait basculer de justesse, le sort du Sénat n’est pas encore figé. Mais il n’y a eu ni vague rouge ni vote sanction massif. Déjouant les pronostics, Joe Biden passe donc entre les gouttes. Il fait même mieux que Bill Clinton et Barack Obama aux midterms de 1994 et 2010. Pour Trump, qui a vu plusieurs de ses poulains défaits, ce résultat n’est pas une bonne nouvelle. Au moment où le président déchu se prépare à annoncer sa candidature pour 2024, ce demi-échec booste ses rivaux, à commencer par Ron DeSantis, réélu triomphalement gouverneur de Floride avec près de 60 % des voix. À 44 ans, ce prétendant à l’investiture démocrate fait déjà figure de favori. À défaut de victoire, Trump s’est au moins trouvé un meilleur ennemi.
Jeudi
Bertrand, la 407 diesel et la banquette arrière. Xavier Bertrand prévient : Emmanuel Macron ne devrait pas rester sourd aux alertes qui remontent du terrain. Entre inflation, crise énergétique et urgence climatique, il y a selon lui un vrai problème avec l’acceptabilité des mesures décidées par le gouvernement. « On n’a pas le droit d’interdire l’accès aux centres-villes à des gens qui n’ont pas les moyens de changer de voiture », explique le président des Hauts-deFrance, invité de
Face aux territoires, l’émission de TV5 Monde coproduite par le groupe NiceMatin. « Si vous avez une 407 diesel et trois enfants sur la banquette arrière, vous ne les casez pas facilement dans une Zoé électrique!» . Pour Xavier Bertrand, la France court tout simplement à la catastrophe : « À la fin de l’hiver, prédit-il, les Français sortiront affaiblis et appauvris. » Avec les conséquences qu’on imagine.
Vendredi
L’immigration façon « en même temps ». La décision d’accueillir sur notre sol l’Ocean Viking et ses 234 passagers place l’exécutif dans une situation délicate. Ce geste humanitaire salué par l’ensemble de la gauche brouille singulièrement le message du gouvernement. Soucieux de démontrer sa fermeté en la matière, celui-ci peaufine un projet de loi immigration qui entend notamment faire respecter à 100 % des Obligations de quitter le territoire français (OQTF) qui ne sont quasiment jamais exécutées. Dans le même temps, le ministre de l’Intérieur se dit favorable à un titre de séjour « métiers en tension » et envisage d’assouplir le statut de demandeur d’asile pour les étrangers en capacité de travailler. « Être gentil avec les gentils et méchant avec les méchants » : la vision faussement candide de Gérald Darmanin sur le sujet brûlant de l’immigration a un petit goût d’« en même
temps ». Elle ouvre en tout cas une brèche dans laquelle le Rassemblement national et Reconquête, trop contents de l’aubaine, s’engouffrent avec gourmandise.
Samedi
Hanouna et ses complices. Bataille rangée sur les réseaux sociaux depuis deux jours, réactions outrées, saisine de l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel : une nouvelle fois, Cyril Hanouna est au coeur de la polémique après son altercation jeudi soir avec le député LFI Louis Boyard. « T’es un abruti. Tocard. Bouffon. T’es une
merde ! ». En s’adressant de la sorte à un député de la République qui critiquait Vincent Bolloré, le milliardaire propriétaire de sa chaîne, l’animateur de Touche pas à mon poste s’est surpassé, repoussant encore un peu plus les limites de la vulgarité. La plupart des politiques qui s’offusquent de son attitude feraient mieux de se taire. Eux qui se bousculent pour être invités sur le plateau de
TPMP sont ses premiers complices.
« Cyril Hanouna s’est surpassé, repoussant encore un peu plus les limites de la vulgarité. »