« Nous devons rendre notre territoire plus sobre »
L’échelle locale est
JOËL GUIOT
Directeur de recherche émérite au CNRS et co-président du Groupe régional d’experts sur le climat en Région Sud (Grec-Sud)
ANTOINE NICAULT
Si les engagements pris par les États lors de la COP27 conditionneront notre futur climatique, nos actions locales seront déterminantes quant à l’avenir de nos territoires.
L’année 2022, exceptionnellement chaude et sèche, nous rappelle la nécessité d’agir rapidement à l’échelle mondiale pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES). C’est l’objectif des COP (Conférences des parties) qui mobilisent l’ensemble des pays de l’ONU. En 2015, la COP21 avait donné beaucoup d’espoir en ciblant l’objectif de tout mettre en oeuvre pour ne pas dépasser les 1,5°C de réchauffement global par rapport à la période pré-industrielle. Étonnamment, alors que ce seuil de 1,5°C s’éloigne un peu plus chaque jour (les émissions ne cessant d’augmenter au niveau mondial), il a été repris avec force à Glasgow lors de la COP26, sans pour autant se donner les moyens d’y parvenir. L’accord qui visait à fermer les centrales à charbon n’a pas été signé par la Chine et l’Inde, et maintenant, la guerre en Ukraine le rend encore plus difficile. En outre, les promesses de verser 100 milliards de dollars annuels de la part des pays occidentaux, responsables des émissions historiques, aux pays du Sud qui en subissent les conséquences, ne sont aujourd’hui que partiellement couvertes.
Dans ce contexte, l’enjeu de la COP27 est de trouver un accord ambitieux pour, à la fois, réduire les GES et aider les pays du sud. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), nos actions d’aujourd'hui engagent les prochaines décennies, et à ce titre, l’échelle locale est primordiale.
Assurer attractivité, qualité de vie et résilience
Ainsi, en parallèle des négociations internationales, nous devons rendre notre territoire à la fois plus sobre en carbone et capable d’affronter les conséquences du changement climatique afin d’assurer dans le futur son attractivité, sa qualité de vie et la résilience de ses écosystèmes. Tout d’abord en contribuant à l’effort global de réduction des émissions de GES. Cela nécessite une vraie politique publique pour accompagner un changement de nos comportements vers plus de sobriété et surtout pour les rendre possibles, justes et acceptables. Il faut pour cela des plans ambitieux en termes de transports en commun, d’isolation thermique des bâtiments, de développement des énergies renouvelables, en évitant les fausses bonnes solutions qui nuiraient à la biodiversité. Les écosystèmes sont des alliés incontournables dans la lutte contre le changement climatique. Il faut les préserver et restaurer ceux qui sont dégradés.
De plus, les effets du changement climatique sont déjà perceptibles (vagues de chaleur, sécheresses, inondations, incendies, submersions marines). Cela appelle donc également un plan ambitieux en termes d’adaptation : végétalisation, désimperméabilisation des agglomérations, développer les zones naturelles protégées, promouvoir l’agriculture écologique et locale, etc. Le succès de ces actions dépendra de notre capacité à anticiper les changements futurs, à promouvoir des actions cohérentes, à réduire les inégalités sociales et rendre la transition désirable. Cela implique un partenariat large et, dans ce contexte incertain, un renforcement des connaissances
primordiale”
scientifiques au niveau territorial. C’est la mission du Grec-Sud d’aider les décideurs dans cette transition indispensable.