Nouvelles règles du jeu pour la filière déconstruction
Qui dit ports, dit bateaux. Devenus obsolètes, non navigables ou carrément irréparables, vient obligatoirement le temps de leur déconstruction... C’est l’oeuvre de l’association pour la Plaisance Eco-responsable (APER), émanation directe des industries nautiques (constructeurs, importateurs) qui la financent.
Son délégué général, Guillaume Arnauld des Lions, était présent au Salon des ports de plaisance maximois pour faire le point sur les dernières données autour de cette filière qui recycle et valorise les bateaux en fin de vie.
En manque de centres
Premier point, vingt-sept centres sont opérationnels dans toute la France (trente d’ici la fin de l’année) pour s’occuper de quelque 3 000 bateaux uniquement en 2022 (chiffre en progression constante), là où cinquante à soixante seraient nécessaires pour une couverture optimale du territoire. Ils sont actuellement six sur la Région Sud, dont trois dans le Var, à Fréjus, La Crau et Toulon.
Les principaux matériaux traités sont le composite, les métaux et le bois. Le composite représente 67 % de l’ensemble. Problème, « On ne sait pas le recycler. Il n’existe pas de solution industrielle opérationnelle en dehors de la simple valorisation énergétique. Pour l’instant, la majorité est transformée en combustible solide pour les centrales par exemple », décrit Guillaume Arnauld des Lions. C’est ici qu’entre en jeu la fameuse « Recherche et Développement » pour tenter d’incorporer très prochainement le composite dans les bétons et mortiers fibrés, ou encore dans des thermoplastiques.
Autre piste, séparer la résine et la fibre pour réutiliser cette dernière dans la construction de nouveaux bateaux.
Collecte irréaliste au 1er janvier 2023
Dès 2023, les règles du jeu vont changer avec l’obligation non seulement du « traitement des déchets », mais aussi de leur... collecte ! Soit pour la filière, la prise en charge des coûts exorbitants que représente le transport routier des unités maritimes vers leur centre de déconstruction...
« A minima, cela signifie le doublement du prix des traitements de bateaux. Il faudra donc des financements supplémentaires sinon nous n’aurons pas d’autres choix que de limiter le nombre de bateaux à traiter », prévient le délégué de l’APER.
Une chose est certaine, entre le montant des contributions de l’État en suspens et les appels d’offres aux transporteurs à boucler, le dispositif «ne sera pas opérationnel au 1er janvier », tranche Guillaume Arnauld des Lions pour qui le premier trimestre 2023 semble plus réaliste.