« Nous voulons du droit et de l’humain »
Le préfet du Var a rendu visite aux 184 exilés hébergés au centre CCAS de la presqu’île de Giens à Hyères. La Croix-Rouge et du personnel sont là pour leur confort… et leur devenir.
C’est une « zone d’attente internationale » pour une vingtaine de jours (au regard du droit). Néanmoins, c’est une zone de vie qu’a visitée le préfet du Var, Evince Richard, hier après-midi à la Tour Fondue (Giens) où sont hébergés les passagers de l’Ocean Viking depuis vendredi.
Ce qui marque de prime abord, c’est l’organisation millimétrée des services de l’État sur place : tentes pour recevoir les personnes et étudier leurs statuts administratifs, coin nourriture et hygiène pour les familles, logements individuels pour tous afin de « récupérer » des jours interminables en mer. On est loin d’une résidence de vacances. Résidence de l’urgence, plutôt.
Les demandes d’asile sont à l’étude
« Nous voulons du droit et de l’humain pour ces personnes, arrachées à leur pays et forcément déstabilisées ici », a commenté le préfet du Var, qui a actionné cette plateforme de l’urgence avec tous les services de l’État mobilisés. « Tous ces gens ont demandé l’asile en France. À nos fonctionnaires, maintenant, d’étudier leurs demandes. En attendant, tous sont hébergés ici, nourris et protégés », ajoute le représentant de l’État. En fin de journée, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides avait mené 83 auditions.
Les volontaires de la Croix-Rouge sont aussi à pied d’oeuvre pour veiller au sort de ces réfugiés, ravis d’être en France mais inquiets pour leur devenir. « Nous avons mis en place une cellule d’urgence psychologique avec des infirmiers et des médecins pour les écouter », explique Claire Ruiz, psychologue. « Certains se plaignent de cauchemars récurrents, de troubles du sommeil… Notre mission est d’écouter leur souffrance pour l’apaiser. » Depuis le début de l’opération, cette cellule a accueilli 130 personnes.
« Il faut me laisser ma chance »
Au centre du CCAS d’Hyères, des personnes d’une douzaine de nationalités se côtoient. Toutes unies par une même volonté de « sauver leur peau ». Leur zone d’attente a une durée effective de 20 jours. Ensuite ? Nul ne sait. De l’avis des fonctionnaires de l’État, la situation de chacun d’eux sera étudiée au cas par cas : maintien dans l’un des pays d’Europe volontaires pour les abriter ou reconduite à la frontière.
« Mon rêve, c’est de rester ici », confie un réfugié, croisé à la volée. « Je sais travailler, je peux tout faire mais il faut me laisser ma chance… »