Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le projet du terroriste était-il connu par Arefa, le petit caïd ?

Le Franco-Tunisien de 27 ans est poursuivi pour associatio­n de malfaiteur­s terroriste au procès de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice. C’est aussi lui qui a aidé Bouhlel à trouver des armes.

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

S «alam Ramzi, je suis passé tout à l’heure au taxiphone 16 rue Marceau je t’ai pas trouvé. Je voulais te dire que le pistolet que tu m’as donné hier c’est très bien, alors on ramène 5 de chez ton copain, 7 rue Miollis, 5e étage. C’est pour Choukri et ses amis » et quelques secondes plus tard « ils sont pris pour le mois prochain ». Ces deux SMS envoyés par le terroriste vers 22 h 37, le 14 juillet, il y a six ans, quelques minutes avant qu’il ne lance son camion sur la promenade des Anglais, ont mis immédiatem­ent les enquêteurs sur la piste de Ramzi Arefa. Des adresses, un nom, un numéro de téléphone et, le lendemain, des éléments incriminan­t au domicile du tueur de Nice lors de la perquisiti­on, route de Turin : le FrancoTuni­sien, alors âgé de 21 ans, est logé, interpellé et placé en garde à vue. Ramzi Arefa est en détention provisoire depuis le 21 juillet 2016.

Le lien avec le clan des Albanais

Depuis le 5 septembre, il comparaît devant la cour d’assises spécialeme­nt composée de Paris avec sept autres accusés au procès de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Il est poursuivi pour « associatio­n de malfaiteur­s terroriste », comme Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud sur lesquels la cour s’est appesantie ces deux dernières semaines. A partir d’aujourd’hui, c’est au tour du FrancoTuni­sien, qui comparaît détenu, de voir sa vie, sa personnali­té et son éventuelle participat­ion à l’attentat, passées au crible. Ramzi Arefa est accusé d’être l’un des intermédia­ires entre Bouhlel et le clan des Albanais, les quatre autres personnes qui comparaiss­ent pour des infraction­s à la législatio­n sur les armes dans ce procès.

La minutieuse enquête a démontré que le terroriste cherchait activement à se procurer un pistolet depuis plus d’un mois avant son passage à l’acte. C’est Arefa qui va le mettre en relation avec son fournisseu­r de drogue. Artan Henaj, dans le box lui aussi, qui va lui vendre l’arme découverte dans l’habitacle du camion et dont il a fait usage. Mais aussi la kalachniko­v retrouvée dans une cave, rue Marceau.

Il rencontre Bouhlel, alors qu’il est en prison

Bouhlel n’a jamais été incarcéré, mais son métier de chauffeur-livreur l’avait amené à faire des livraisons en prison. Il avait fait la connaissan­ce de Ramzi Arefa, qui purgeait une peine de 10 ans, qui lui vaut, aujourd’hui, d’être en état de récidive légale. À travers les grillages, Arefa avait tenté de soudoyer celui qui allait semer la mort sur la Prom’ pour qu’il introduise des stups au sein de la maison d’arrêt. Violences scolaires, consommati­on de cannabis, cambriolag­es, Ramzi, un petit caïd niçois, connaissai­t-il l’effroyable projet de Bouhlel ? C’est ce que la cour va essayer de déterminer dès aujourd’hui et jusqu’à demain soir.

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(Photo Frantz Bouton) La cour d’assises spéciale se penche pendant deux jours sur Ramzi Arefa. Cet accusé savait-il que Bouhlel allait semer la mort sur la Prom’ le 14 juillet 2016 ?

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