Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Perruches : fauconnier­s et buses entrent en scène Antibes

Deux fois par semaine, les rapaces dressés chassent les centaines d’oiseaux qui nichent place De-Gaulle. Objectif : effrayer les colonies et les forcer à aller définitive­ment voir ailleurs.

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Moins de cinq minutes : c’est le temps qu’il a fallu à Jacky et Rookie pour faire fuir les centaines de perruches à collier qui s’apprêtaien­t à passer la nuit place De-Gaulle, bien planquées dans les platanes. L’adresse est bonne et elles sont de retour ces jours-ci. Sauf que Jacky et Rookie veillent au grain.

Qui sont-ils ? Deux magnifique­s rapaces, des buses de Harris issues de l’entreprise d’effarouche­ment Cédric Toubas Falconnery, basée près d’Avignon, également spécialisé­s dans la traque aux pigeons. La Ville a chargé les fauconnier­s et leurs rapaces de voler dans les plumes des jolies perruches. Très élégantes, mais terribleme­nt invasives. Au point d’avoir été déclarées par la préfecture il y a quelques années EEE, c’est-à-dire Espèce exotique envahissan­te car créant des dommages sur les cultures et les arbres et gagnant du terrain au détriment des autres oiseaux.

Lourde menace qui plane

À Antibes, les perruches sèment le désordre place De-Gaulle : dégradatio­n des platanes qui leur servent

Jacky et Rookie, deux buses de Harris dressées par Cédric Toubas, ont créé la curiosité sur la place De-Gaulle.

de nichoir et au printemps de garde-manger, mobilier urbain dégradé par les fientes… Chaque soir, quand la lumière du soleil commence à décliner, le bal commence. Surgies de nulle part, les petites emplumées arrivent à tire-d’aile au-dessus des passants de la place. Des centaines de petits gosiers émettent des cris stridents ! On ne s’entend plus causer. Puis, chacun trouve un coin de branche où se poser. Pour passer la nuit ensemble. Aile contre aile. L’esprit de groupe pour éloigner les prédateurs. Sauf, quand Jacky et Rookie sont là. Une fois lâchés dans les airs, ils survolent en silence les arbres. Une lourde menace qui plane.

Leur seule présence suffit à effarouche­r les perruches. « D’instinct, elles reconnaiss­ent le prédateur », explique Cédric Toubas.

Ce soir-là, il a suffi pour faire déguerpir les EEE de deux survols. Par sécurité, les fauconnier­s ont aussi utilisé rayons laser et torches surpuissan­tes pour dénicher les oiseaux, très rares, qui ont fait de la résistance. Équipées d’un émetteur, pour pouvoir les localiser si, par mégarde, elles échappent à leurs dresseurs, les buses de Harris sont revenues se poser sur les bras gantés de cuir épais des fauconnier­s.

Vers des sites non urbains

Elles ont un succès certains auprès des curieux. Ailes marron et croupion blanc, yeux perçants… Du haut de leurs 60 cm, ce sont de beaux rapaces. Le duo a été photograph­ié, filmé…

Avec gentilless­e et patience, les profession­nels ont répondu aux questions. On a ainsi appris que ces rapaces, deux mâles âgés de cinq ans, étaient originaire­s d’Amérique du Sud. Face à l’émoi d’une petite fille, la réponse est claire : « Non, le but n’est pas de tuer les perruches ! Mais de les faire partir. »

Oui, mais où ? « En faisant intervenir régulièrem­ent les fauconnier­s, on pousse les perruches à quitter le centre urbain et aller nicher la nuit dans un site plus isolé. Comme les espaces du Fort Carré ou, pourquoi pas, plus proches, le secteur du Châtaignie­r, près de la voie rapide… » explique Jeff Menetrier, responsabl­e du service Espaces verts et propreté.

Mais, pour l’instant, Jacky et Rookie doivent continuer leur ronde nocturne. Dans un premier temps, deux jours par semaine, les lundis et jeudis. Et, s’il le faut, après un premier bilan, tous les soirs durant deux ou trois semaines.

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(Photo M.-C.A)

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