Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La nouvelle donne est salée pour les kiosques de bord de mer à Cannes

- GAËLLE ARAMA

La saison des kiosques de bord de mer touche à sa fin. Les derniers fermeront leur rideau d’inox d’ici fin novembre. Pour ne rouvrir que mi-février 2023… Au-dessus de ces 43 iconiques spots balnéaires où se régaler d’une glace ou d’un pan bagnat vue mer, plane une certaine inquiétude. Les exploitant­s actuels seront-ils maintenus ? Ou pas ?

Pour la dizaine de kiosques de la Croisette, l’appel à candidatur­es pour un nouveau contrat de 12 ans vient de se terminer. Les dossiers ont été déposés mi-octobre. Pour sept de ceux du boulevard du Midi, la procédure est imminente. Enfin, ce sera fin 2024 pour la zone de Bijou Plage et une partie de Gazagnaire, et en 2025 pour le reste du boulevard du Midi et de Gazagnaire.

Le choix du syndicat

Mais il y a une contrainte qui chiffonne : l’obligation

« L’exploitati­on des kiosques suscite un intérêt manifeste », selon la mairie de Cannes.

pour les candidats d’acquérir un kiosque neuf. Toujours blanc et bleu. Signé Jean-Michel Wilmotte. À l’identique des kiosques actuels qui n’auront que 12 ans d’âge.

La mairie avait pourtant proposé de choisir entre deux options : un contrat de six ans avec une obligation d’entretien du kiosque d’un montant de 30 000  ou un contrat de 12 ans avec kiosque neuf. C’est ce dernier choix qu’a fait le syndicat des kiosquiers, dont le président Gérard Cotton, contacté, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Un choix qu’un kiosquier, qui préfère rester anonyme, regrette. « Un kiosque neuf, c’est un investisse­ment de 100 000 . Or, les kiosquiers ne sont pas tous égaux selon leur emplacemen­t. C’est une somme que peut assumer un kiosque de la Croisette qui fait entre 500 000  et1M de chiffre d’affaires, mais pas certains petits kiosques du boulevard du Midi avec moins de 100 000  de chiffre, plaide-t-il, inquiet. Cela veut dire aussi que ces affaires vont devenir invendable­s ».

« 280 t de déchets »

Il pointe aussi « un scandale écologique sur le plan du développem­ent durable. Ces kiosques ont déjà été changés lors du dernier appel d’offres il y a douze ans. Ils sont aux normes et contrôlés par les services d’hygiène. On les repeint tous les ans. C’est aberrant. C’est une quarantain­e de kiosques de 7 tonnes chacun, soit près de 280 tonnes de déchets ! Étonnant à l’heure où l’on parle de responsabi­lité environnem­entale… »

Plutôt paradoxal alors que la mairie a imposé depuis 2019 aux kiosquiers l’usage d’assiettes et couverts en carton en interdisan­t le plastique. L’incohérenc­e de la situation agace le commerçant : « Les exploitant­s actuels, qui pour un certain nombre viennent d’investir dans des parts sociales, seraient obligés de jeter leur kiosque et d'en racheter un neuf afin de répondre à l'appel d’offres. Ceux qui candidaten­t sans matériel doivent payer un kiosque, alors que les occupants l'ont déjà payé… »

Et d’évoquer des pistes de solution plus vertes. « Comme la remise à neuf des kiosques. Le but est de trouver une solution pour que chacun puisse vivre. C’est dur d’accepter quelque chose qu’on ne comprend pas… » Un autre kiosquier interrogé évoque « une mauvaise surprise » mais reste combatif : « On n’a pas le choix. » À noter qu’une autre nouveauté va peser sur les gérants : l’instaurati­on d’une redevance sur le chiffre d’affaires dont le pourcentag­e est proposé à la mairie par les kiosquiers eux-mêmes…

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(Photo Frantz Bouton)

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