Netanyahu reprend la main
Suite aux législatives du 1er novembre, l’ex-Premier ministre a été chargé par le Président d’Israël de former un nouveau gouvernement. Il dispose de 42 jours.
Arrivé en tête des législatives en Israël avec ses alliés d’extrême droite et ultra-orthodoxes, Benjamin Netanyahu a été officiellement désigné hier pour former un gouvernement, une victoire pour l’ex-Premier ministre qui avait juré de retrouver son costume. Son gouvernement pourrait être le plus à droite de l’histoire d’Israël, une éventualité qui a suscité d’emblée des craintes localement et à l’international.
Plus tôt cette semaine, une majorité de députés, 64 sur les 120 du Parlement élu le 1er novembre, ont recommandé au Président Isaac Herzog de confier à Benjamin Netanyahu la tâche de mettre sur pied une nouvelle équipe ministérielle.
« Faire peur »
« Je vous donne le mandat de former un gouvernement », a déclaré hier Isaac Herzog, au côté de Benjamin Netanyahu, lors d’une conférence de presse à Jérusalem.
« Je serai le Premier ministre de tous, de ceux qui ont voté pour nous et les autres. C’est ma responsabilité », a déclaré Benjamin Netanyahu, 73 ans, promettant « un gouvernement stable et performant, un gouvernement responsable et engagé ».
Il a 28 jours pour former son gouvernement, avec un supplément de 14 jours si nécessaire. Benjamin Netanyahu revient aux affaires malgré son inculpation pour corruption, et alors que son procès est en cours. Isaac Herzog a dit « ne pas oublier » ni « minimiser » ces accusations, que Benjamin Netanyahu rejette, et a rappelé que la Cour suprême avait précédemment autorisé un député inculpé à former un gouvernement. En Israël, le Premier ministre ne dispose d’aucune immunité judiciaire, mais n’a pas à démissionner ni à se retirer pendant la durée de son procès.
C’est le chef de gouvernement sortant, le centriste Yaïr Lapid, qui avait évincé l’an dernier Benjamin Netanyahu, en ralliant une coalition hétéroclite décidée à mettre un terme au règne du Premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël, (1996-1999 et 2009-2021). Relégué au rang de chef de l’opposition, celui que tout le monde surnomme « Bibi » avait alors promis de « renverser le gouvernement à la première occasion ».
Aussitôt après l’annonce des résultats des législatives, les cinquièmes en trois ans et demi, il a commencé les discussions avec ses alliés sur la distribution des portefeuilles ministériels. Alors que son parti de droite, le Likoud, a obtenu 32 sièges à la Knesset, ses alliés ultra-orthodoxes 18 et l’alliance « Sionisme religieux » 14, un record pour l’extrême droite, son gouvernement pourrait être le plus à droite de l’histoire d’Israël. Hier, à « ceux qui prophétisent des catastrophes et font peur au public », Benjamin Netanyahu a assuré que leurs « discours » étaient « faux ».
Qui pour quel ministère ?
L’alliance d’extrême droite « Sionisme religieux » a réclamé le ministère de la Défense pour son chef, Betzalel Smotrich. Connu pour ses diatribes anti-palestiniennes, son numéro 2, Itamar Ben Gvir, cible lui la Sécurité intérieure.
Selon la presse, Benjamin Netanyahu est réticent à confier le portefeuille très sensible de la Défense à Betzalel Smotrich, qui serait lui prêt à accepter le ministère des Finances. Mais le chef du parti séfarade ultraorthodoxe Shass, Arieh Dery, revigoré par ses 11 sièges, lorgne lui aussi sur les Finances, ou sur l’Intérieur. Arieh Dery a été reconnu coupable de fraude fiscale en 2021 et avait auparavant été emprisonné pour corruption.