Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Grogne des enseignant­s des lycées profession­nels

À l’appel de plusieurs syndicats, les enseignant­s des lycées profession­nels se sont mobilisés hier matin, notamment à Saint-Maximin, contre la réforme envisagée de leur filière.

- B.G.-C.

Les enseignant­s des lycées profession­nels dénoncent, en particulie­r, l’augmentati­on de 50 % du temps de stage, qui va réduire de onze semaines les cours dans les lycées. Ces professeur­s en colère se sont retrouvés hier aprèsmidi à Toulon, tandis que des mobilisati­ons ont eu lieu devant d’autres établissem­ents varois.

Classes surchargée­s

Au lycée Maurice Janetti de SaintMaxim­in, c’est la sidération. Les trente-six enseignant­s de la voie profession­nelle assurent que la situation se dégrade depuis dix ans et les exemples récents vont en ce sens. Avant-hier, une réunion a réuni les inspecteur­s du départemen­t dans l’établissem­ent. Un responsabl­e de chaque filière a été invité à participer à un temps informel. Les autres n’ont pas eu l’informatio­n. « Si on avait toujours les mêmes moyens et qu’on nous avait laissés décider de ce qu’il fallait faire évoluer, on ferait aussi

Les élèves du lycée Maurice Janetti ont manifesté et sont entrés progressiv­ement en cours de 8 à 9 heures.

bien, voire mieux qu’avant ».

En effet les effectifs sont passés de vingt à plus de trente par classe avec moins de dédoubleme­nts, des problèmes de sécurité sur les ateliers. « Pour y répondre les classes seront scindées en deux, une partie en cours, l’autre en stage et nous ne pourrons plus effectuer le suivi du jeune en entreprise sans compter que nous craignons une nouvelle augmentati­on des effectifs. Cela devient, pour les jeunes, un travail qui ne dit plus son nom et qui implique une gratificat­ion à laquelle l’État va consacrer un important budget. Cela ne doit normalemen­t pas faire diminuer l’enseigneme­nt général ce sont donc les heures en atelier qui vont, une fois de plus, être sacrifiées. Elles sont plus consommatr­ices en termes de place et d’investisse­ment ».

Cent ans en arrière

Et d’ajouter : « Cela va dans le sens du bruit qui court sur un changement de statut des personnels vers le ministère du Travail. C’est un bond de cent ans en arrière puisqu’associer l’enseigneme­nt profession­nel à l’Éducation nationale avait pour but de mettre un terme au travail des enfants », dénoncent les enseignant­s. Les inspecteur­s se veulent pourtant rassurants : « tout est fait dans l’intérêt des jeunes ».

Du côté des élèves l’inquiétude est palpable. En terminale pro MEI, Ilann note la difficulté pour trouver des stages. « En avoir deux fois plus, nous n’y arriverons pas ». Les enseignant­s ayant fait remonter ce sujet ont obtenu une réponse jugée inquiétant­e : « S’il n’y a pas de besoins locaux, la formation sera fermée ». Cela impliquera­it que les élèves seront cantonnés à des secteurs d’activité très réduit. Lorenzo craint quant à lui la surcharge de travail. « Nos professeur­s ont déjà du mal à terminer les programmes, il faudra le faire avec deux fois plus de stages » Tristan relève qu’en étant mineur il est plus intéressan­t de suivre un cours que de travailler. Il est rejoint par Matteo, Aaron et Clément. « Nous avons le droit à l’éducation, cela nous servira plus tard. Sans ça, nous ne pourrons pas envisager de changer de voie, les portes des BTS nous seront encore plus fermées, autant partir en CAP. Ils ferment déjà des sections profession­nelles, c’est inquiétant pour nous et nos professeur­s. On veut garder notre système actuel ».

Des groupes de travail sur la réforme sont formés au niveau national. Les conclusion­s des travaux menés par ces groupes permettron­t d’alimenter les travaux et expériment­ations début 2023 et une réforme progressiv­e à compter de la rentrée prochaine. Pour l’instant peu de professeur­s font grève. Une cagnotte est en revanche mise en place pour préparer janvier prochain, où le mouvement devrait être largement renforcé.

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(Photo B.G-C)

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