Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« J’ignorais les bons côtés du docteur du village »

- M. T.

« Il y a encore 3 ou 4 ans, Tourrette-Levens comptait trois médecins généralist­es. Nous n’en avons plus qu’un alors que le ratio est normalemen­t d’un médecin pour 800 habitants » rappelle Bertrand Gasiglia, maire d’une commune située dans une zone où la densité de médecins généralist­es pour 100 000 habitants est la plus basse des Alpes-Maritimes, selon les chiffres de l’observatoi­re des territoire­s 2021 (63,1 contre 124,1 pour la moyenne départemen­tale). Il y a tout juste un an, la municipali­té a permis au Dr Stéphane Caggiano d’ouvrir son cabinet au sein de la commune.

« Nous sommes locataires d’un local que nous sous-louons au médecin pour 25 euros par jour de présence » détaille le maire.

Né à Cannes, diplômé de la faculté de médecine de Nice, Stéphane Caggiano, 34 ans et père de deux enfants (1 et 3 ans), a exercé comme médecin remplaçant dans la vallée du Paillon pendant 4 ans, avant de poser stéthoscop­e et tensiomètr­e au 15 place du Dr Simon, à deux pas de la mairie. « J’habitais déjà la commune depuis 3 ans et j’ignorais que cette zone était sous tension. Le maire est venu me faire cette propositio­n et j’ai saisi cette opportunit­é. Sans cela je n’aurais pas pu m’installer. Louer un local quand on commence une activité c’est financière­ment difficile. C’est aussi beaucoup de gestion administra­tive » argumente Stéphane Caggiano, qui reçoit sur rendez-vous les lundis et jeudis de 9h à 19h ainsi qu’un samedi sur trois et effectue des visites à domicile et en maison de retraite les mardis et vendredis. « Tourrette-Levens, c’est moins cher pour se loger à 20 minutes de Nice. C’est agréable et je n’avais pas imaginé tous les bons côtés du docteur de village » ajoute, enthousias­te, le Dr Caggiano. Le jeune praticien n’est pourtant pas favorable à l’ajout d’une quatrième année d’internat de médecine générale, à effectuer en priorité dans des zones sous dense : « C’est injuste. On a déjà

9 ans d’étude. Comment seront logés, accompagné­s, rémunérés ces internes ? Selon moi une année de plus n’aura pas d’impact sur le phénomène de désertific­ation médicale ».

En un an, le Dr Caggiano a examiné 1 400 patients et est devenu le médecin traitant de la moitié d’entre eux. Mais il ne peut assurer le suivi de l’ensemble des 4 800 habitants de la commune.

En attendant le projet de maison de santé, qui devrait ouvrir en 2024, la commune bénéficie depuis six mois de l’installati­on d’une cabine de téléconsul­tation à la pharmacie du village.

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