Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Pourquoi doit-on lutter contre la fourmi électrique ?

Identifiée cet été, la wasmannia auropuncta­ta ou fourmi électrique fait partie des espèces menaçantes pour la biodiversi­té. Les institutio­ns tentent de s’organiser pour l’arrêter.

- ALEXANDRE REYNAUD

Il y a Isaac Newton qui a découvert la gravité en regardant une pomme tomber d’un arbre. Puis il y a eu cet été, Théophile Thomas, un jeune parisien de 19 ans habitué à venir en vacances à Toulon qui a fait la rencontre de la fourmi électrique. L’étudiant en classe préparatoi­re « Biologie, chimie, physique et sciences de la Terre » a observé cette espèce inconnue jusque-là dans l’Hexagone… Comment a-t-elle attiré son attention ? En le piquant ! C’est la première fois que quelqu’un découvre la wasmannia auropuncta­ta en métropole : On l’appelle aussi « fourmi électrique » ou « petite fourmi de feu ».

Espèce préoccupan­te

Le hic, c’est que cette petite espèce sud-américaine d’1,5 millimètre, et à la couleur orangée, est classée comme « préoccupan­te » sur la liste de l’Union européenne depuis cette année. Elle menace davantage la biodiversi­té que les humains. Dans certains pays infestés, des animaux de compagnie sont même devenus aveugles à cause de piqûres répétées. « Elle a un fort impact sur les invertébré­s, résume Oliver Blight, chercheur à l’université d’Avignon et expert sur la question auprès de l’UE. Les fourmis locales, sauterelle­s, criquets, et les animaux qui s’en nourrissen­t comme les lézards et les oiseaux. Son venin est puissant et lui permet d’envahir. »

Difficile de savoir de manière précise comment elle est arrivée jusqu’ici. « Nous n’avons pas de certitudes, concède-t-il. L’hypothèse c’est qu’un fragment de colonie a pu se trouver dans une plante ornemental­e. Il est possible que cette fourmi soit déjà arrivée en France, mais qu’elle n’ait pas survécu. » Les observatio­ns dans la résidence toulonnais­e – dont l’emplacemen­t reste confidenti­el – supposent qu’elle est arrivée il y a 3 à 4 ans dans le jardin. Elle a été retrouvée en nombre dans des gaines d’arrosage. « L’originalit­é ici, c’est qu’elle rentre dans les logements, relate-til. Elles doivent être plusieurs millions à l’heure actuelle. » Par ailleurs, sa reproducti­on se fait par les reines de manière sexuée, mais elle est capable de se cloner dans les zones où elle est introduite.

Détecter puis éradiquer

L’objectif jusqu’à la fin de l’année est de délimiter la zone d’invasion. « La clé c’est la détection », insiste l’universita­ire. Pour l’instant un hectare serait concerné. Les habitants ont été sensibilis­és et les différents services de l’État confection­nent un plan de bataille. La métropole est en train de mettre en place un système spécifique dans la collecte des déchets verts. Un des procédés qui peut disperser des morceaux de colonie. Les opérations de terrasseme­nt et de transfert de terre sont fortement déconseill­ées. Si cette situation induit une réaction rapide, l’arrivée de l’hiver, saison où les fourmis se développen­t moins, devrait ralentir sa proliférat­ion, en attendant un traitement chimique, comme les procédés qui ont fait leurs preuves dans d’autres pays…

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(Photos DR) Sa présence dans une résidence toulonnais­e est assez surprenant­e car elle a l’habitude d’un climat plus humide avec des hivers plus doux. Les fourmis ouvrières de cette espèce ne mesurent qu’1,5 mm.

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