Défilés contre les violences sexistes et sexuelles
Au moins 32 000 personnes ont marché hier dans de nombreuses villes pour réclamer une nouvelle loi et davantage de moyens.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté hier dans toute la France pour dénoncer les dysfonctionnements de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Cinq ans après l’émergence du mouvement #MeToo, près de 90 associations, syndicats ou partis de gauche avaient appelé à un « raz-de-marée dans la rue pour crier notre colère ».
À Paris, la manifestation a rassemblé 80 000 personnes selon les organisatrices, 18 500 selon la police. « Nous sommes fortes, nous sommes fières et féministes et radicales et en colère », scandaient des manifestantes, tandis que d’autres criaient « MeToo partout, justice nulle part ». Sur des pancartes (uniformément violettes, la couleur emblématique du rassemblement), on pouvait lire notamment « Mâle dominant, pour qui tu te prends ? », « Stop à la culture du viol » ou encore « Croire les victimes sauve des vies ».
Le ministère de l’Intérieur a décompté 13 600 personnes dans 39 actions hors Paris, dont les plus importantes à Rennes (2 500) Lille (1 700) et Toulouse (1 700). À Nice, elles et ils étaient environ 1 000, selon nos observations (lire ci-contre).
Brigades spécialisées, hébergement…
« Ce qui nous met en colère, c’est l’impunité des agresseurs et le mauvais traitement réservé aux victimes » quand elles déposent plainte, a expliqué Maëlle Noir, membre du collectif « #NousToutes », qui coordonne l’organisation des défilés. « Nous manifestons pour rendre hommage aux victimes », a insisté de son côté Sandrine Bouchait, de l’Union nationale des familles de féminicides, qui demande pour les proches «un statut de victimes avec un accompagnement psychologique et financier ».
Les associations réclament aussi un budget public de deux milliards d’euros par an, une « loi-cadre » qui instaurerait notamment des « brigades et juridictions spécialisées », une aide financière pour la « mise en sûreté » des femmes victimes, 15 000 places d’hébergement supplémentaires et le renforcement de l’éducation à la vie sexuelle et affective à l’école.