Elles sont venues, comme chaque année
Le son de la corne de brume retentit. Ni une, ni deux, les badauds se précipitent pour repartir avec le diamant noir. Les paniers des producteurs se vident à une vitesse stupéfiante. Arlette Léonce est parvenue à se procurer 125 grammes. La petite dame vient sur le marché depuis huit ans et achète systématiquement chez le même trufficulteur. « Je ne suis jamais déçue de la qualité. »
Elle promet : « Je reviendrai. » Pas l’année prochaine ; dans une semaine. Ses joyaux seront rapidement dégustés en brouillade et avec des pâtes. Rien que d’y penser, son ventre fait des gargouillis. Alors Arlette se presse de rentrer chez elle mettre son sachet de tuber noir à l’abri. De l’autre côté, Rose Gambus se fait discrète. Elle vient d’acheter seulement 5 grammes qu’elle imagine déjà dans son assiette. « Je vais les faire en omelette, en chausson et en ravioles », liste-t-elle. Elle aussi, est une habituée du marché. « Je viens depuis dix-sept ou vingt ans. Je ne suis jamais déçue, moi non plus. J’adore ça, je suis ravie ! »
Sur certains étals, le public hésite entre plusieurs poids. D’autres ont passé commande à l’avance pour être sûrs d’avoir quelque chose. Les restaurateurs font leurs emplettes et repartent avec de belles truffes.
Les grosses qui restent sont cédées aux plus fidèles clients. Parfois, elles peuvent peser jusqu’à 130 grammes ! C’est le cas de celle que remet Stéphan à un couple qui semble venir de loin. Ouf, ils ont eu de la chance. Une trentaine de minutes plus tard, le producteur n’a plus rien.