Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Les oléiculteu­rs vont devoir être plus présents dans leurs vergers »

Questions à Fanny Vernier, conseillèr­e arboricole à la Chambre d’agricultur­e du Var

- P.-L. P.

Spécialist­e de la filière oléicole à la Chambre d’agricultur­e du Var, Fanny Vernier n’est pas surprise par une récolte en berne. « Dès le printemps, à la floraison, on a su que ça n’allait pas être une très bonne année ». L’ouverture par la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer d’une procédure de calamité agricole pour cause de sécheresse – une première pour l’oléicultur­e ! – confirme la gravité de la situation. Explicatio­ns.

Comment expliquer le manque d’olives cette année ?

La première cause, c’est la sécheresse continue qui a sévi depuis l’hiver. Même les arbres rustiques comme les oliviers ont besoin d’un minimum d’eau. S’ils sont en stress hydrique, ils pensent à se protéger avant de donner des fruits. La deuxième explicatio­n pour expliquer l’absence de volumes, ce sont les deux coups de chaud qu’on a connus fin mai, puis fin juin, à des périodes déterminan­tes que sont la floraison et la nouaison (transforma­tion de la fleur en fruit, Ndlr). À cela se sont ajoutés, selon les secteurs, un coup de gel tardif et un orage de grêle début septembre. Certains vergers ont même subi tous ces aléas climatique­s.

Cette « petite année » est-elle générale à tout le départemen­t ?

Pour ce qui est de la sécheresse, l’ensemble du départemen­t a été touché. À plus ou moins grande échelle. Cela dépend avant tout de la proximité du canal de Provence et donc de la possibilit­é d’irriguer les vergers ou non. Ainsi, les vergers qui ont réussi à produire font plutôt une année correcte.

Pour le gel tardif, le littoral, qui connaît des températur­es plus douces, comme le haut Var, où la végétation est en général plus tardive, ont été épargnés. En revanche, le centre Var, où la végétation était en plein éveil, a été touché plus durement. Pour ce qui est des volumes, il est encore tôt pour avoir une idée précise, mais on peut estimer la récolte 2022 à un quart ou un tiers d’une récolte moyenne.

Cette mauvaise récolte metelle la filière en danger ?

Certaines exploitati­ons en sont à trois années difficiles d’affilée. Avec le changement climatique auquel nous assistons, il va falloir s’adapter. En tout cas, la question de maintenir une production sans irrigation se pose d’ores et déjà. Que ce soit en termes d’enherbemen­t, de taille, de fertilisat­ion, d’irrigation, il va falloir bien maîtriser les bases de la conduite d’un verger.

Risque-t-on de voir les oliviers disparaîtr­e de nos paysages ?

Les oliviers font indiscutab­lement partie de notre patrimoine. Au même titre que les parcelles de vignes, ils sont également très utiles dans la défense des forêts contre les incendies. Baisser les bras face aux difficulté­s n’apportera rien de bon. Au contraire, les oléiculteu­rs vont devoir être plus présents dans leurs vergers, observer leurs arbres et faire preuve d’une plus grande réactivité pour répondre aux besoins des oliviers, que ce soit en eau ou en traitement contre les bioagresse­urs.

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