Les éleveurs varois vigilants sans crier au loup
La Chambre d’agriculture a réuni ses membres à La Bastide, au nord du département, pour sa réunion semestrielle. L’occasion d’évoquer la plus petite de ses filières : l’élevage, sous pression.
Sur le toit du Var. Ou presque. Hier, c’est à La Bastide, le plus haut village aux confins du département, que la Chambre d’agriculture et sa présidente Fabienne Joly rassemblaient leurs membres pour la réunion semestrielle. Pas tant pour leur faire redécouvrir les beautés des paysages quasi montagnards – quoi que. Surtout pour évoquer l’élevage, la thématique choisie pour cette session d’automne. C’est en effet dans le nord du territoire que les filières ovine et caprine, entre autres, sont le plus présentes. En attestent les troupeaux croisés sur le chemin. Avec plus de 66 000 moutons, près de 7 700 chèvres, mais aussi quelque 1 500 vaches et autant de chevaux, la filière ne représente que 9 % de l’agriculture varoise. Très loin derrière la viticulture (59 %). Les difficultés auxquelles elle doit faire face sont, elles, nombreuses.
Le loup toujours plus présent
En tête, la prédation par le loup, rappelle Alice Ringuet, conseillère élevage de la Chambre d’agriculture. Début octobre, 225 attaques de loups avaient fait 604 victimes en 2022. Un chiffre certes en légère baisse par rapport à 2021, mais qui continue d’inquiéter les éleveurs pastoraux. D’autant plus que les indemnisations par l’État tardent à venir. Sur ce point, Évence Richard, le préfet du Var convié à la réunion, reconnaît des lacunes, tout en constatant la progression du loup, mais aussi celle des tirs de prélèvement : dix-sept en cette fin novembre. L’abattage, c’est justement ce qui occupe principalement les débats. Pas celui des loups cependant. Celui des bêtes. Les éleveurs réclament en effet depuis de nombreuses années la création d’un abattoir varois qui permettrait de mieux structurer la filière et ainsi de favoriser les circuits courts. « Un outil de travail, dont on a besoin », s’impatiente Philippe Fabre, éleveur à La Roque-Esclapon, soucieux surtout de l’avenir des jeunes générations.
Si le préfet rappelle, de son côté, un contexte « défavorable » du fait de « la mauvaise santé des abattoirs qui existent déjà », Nicolas Perrichon, éleveur et président du Centre d’études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée (Cerpam) se montre plus optimiste.
Abattoir : bientôt l’avis de la Région
Il annonce ainsi que la Région devrait se prononcer sur l’opportunité d’un nouvel abattoir début décembre. « C’est en bonne voie ! », affirme-t-il.
Une nouvelle accueillie avec d’autant plus de soulagement que les éleveurs craignent aussi les prochaines évolutions de la Politique agricole commune en matière d’aides. Ses nouveaux critères d’attribution risquent notamment de voir diminuer le nombre de bénéficiaires. Une inquiétude réelle. Pas un cri au loup.