Non-lieu requis dans l'enquête sur le chlordécone aux Antilles
Le pesticide avait été autorisé dans les bananeraies jusqu’en 1993 mais il a été estimé que les faits dénoncés étaient prescrits.
Sans surprise, le parquet de Paris a demandé un non-lieu dans l'enquête sur l'empoisonnement des Antilles au chlordécone, un pesticide autorisé dans les bananeraies jusqu'en 1993, estimant que les faits dénoncés en 2006 par des associations martiniquaises et guadeloupéennes étaient prescrits.
Le ministère public a estimé qu'il n'y avait lieu de poursuivre quiconque dans cette affaire.
Un combat mené depuis 20 ans
Il appartient désormais aux juges d'instruction de rendre leur décision finale dans ce dossier très sensible en Guadeloupe et en Martinique où plus de 90 % de la population adulte est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France. « Nous avons déjà affûté nos armes », prévient Harry Durimel, avocat, rédacteur de la plainte initiale contre l'empoisonnement au chlordécone et maire écologiste de Pointe-à-Pitre dans l'attente de l'ordonnance des juges d'instruction. « La population doit savoir que dans ce combat pour lequel nous nous sommes engagés il y a 20 ans, nous n'avons jamais baissé les bras », at-il ajouté.
« Un crime peut-il rester impuni ? »
Me Christophe Leguevaques, qui défend deux parties civiles dans le dossier, a averti qu'il ferait appel si les juges décidaient un non-lieu et pourrait même aller devant la Cour de cassation et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). «Un crime concernant plus d’un million de personnes peut-il rester impuni ? », a-t-il écrit. Interdit en France en 1990, ce pesticide a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu'en 1993. Il a provoqué une pollution importante et durable des deux îles et est soupçonné d'avoir provoqué une vague de cancers.
En 2006, plusieurs associations martiniquaises et guadeloupéennes avaient déposé plainte pour empoisonnement, mise en danger de la vie d'autrui et administration de substance nuisible. Une information judiciaire avait été ouverte au tribunal judiciaire de Paris en 2008.