Collobrières VILLAGE AUX MULTIPLES TRÉSORS
Dans le massif verdoyant des Maures, à Collobrières, s’entremêlent l’authenticité du village provençal, l’étoffe d’une nature généreuse et la richesse d’un patrimoine local.
Situé au coeur du massif des Maures, ce qui lui vaut le titre de capitale des Maures, il semble que Collobrières doive son patronyme à la rivière Réal Collobrier, appelée aussi Rivière de Couleuvres, en référence à ses courbes sinueuses. De tout temps, cette rivière a joué le rôle de frontière naturelle ne permettant l’accès au village que par un pont, facile à contrôler. Le nom de la commune vient donc du provençal coulobro/colòbra, qui s’écrit Couloubriero ou bien Colobriera en occitan provençal. Immergé dans la forêt des Maures, le village a toujours vécu des ressources de celleci, comme l’exploitation des châtaignes ou du bois et du liège. Autrefois dénommé Calembreiru, il fut un important centre de fabrique de bouchons.
On passe d’abord le pont médiéval enjambant le Réal Collobrier. Bien qu’il n’ait pu endiguer les passages des « Grandes compagnies de Turenne », fin XIVe siècle, et le pillage du village par les troupes savoyardes en 1707, il se dit que c’est grâce à ce passage difficile que le village fut préservé des grandes pestes de Provence.
Un patrimoine exceptionnel
Au sud-est, situées sur une plateforme rocheuse de 415 mètres d’altitude, s’affichent les ruines de la Chartreuse Notre-Dame de La Verne. Fondée en 1170 à l’initiative de Pierre Isnard, évêque de Toulon et de Fréjus, sur l’emplacement d’un ancien prieuré abandonné déjà baptisé Notre-Dame de La Verne, elle se compose d’un ensemble de bâtiments très imposant. La première église romane, consacrée le 3 octobre 1174, fut détruite par plusieurs incendies et, à chaque fois, reconstruite. De la période romane ne reste que le mur nord de l’église et une partie de l’abside. La Révolution entraîna sa mise sous séquestre et tous les biens furent vendus comme biens nationaux. Le 18 janvier 1921, la Chartreuse fut classée Monument historique et achetée par le ministère de l’Agriculture le 1er mars 1961. Depuis 1983, la Chartreuse abrite la famille monastique de Bethléem, de L’Assomption de la Vierge et de Saint-Bruno. Quant à l’église Saint-Pons, édifiée au Xe siècle par les seigneurs de Pierrefeu, elle devint rapidement un important prieuré. En 1541, l’édifice devenu vétuste est abattu et entièrement reconstruit. La nouvelle église comprend une nef centrale, l’abside et deux chapelles latérales formant un faux transept. Devenue trop petite et difficile d’accès, elle est finalement abandonnée au profit d’une nouvelle église inaugurée en 1878. Ses ruines sont inscrites à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1975. À l’est, la partie effondrée correspond à l’ancien clocher.
Le châtaignier comme symbole
Célèbre pour ses châtaigneraies – introduites dans les Maures au Xe siècle par les premiers Chartreux – qui s’étalent sur 900 hectares, Collobrières a fait de cet arbre son symbole. Pour preuve, l’impressionnante souche d’un châtaignier millénaire détruit par un incendie qui trône sur le plateau Lambert. Elle est tellement imposante que l’on tient dedans. Mais, le plateau Lambert affiche aussi d’autres trésors (lire encadré).
À noter, la cloche de la mairie, datée de 1645, figurant parmi les objets mobiliers classés au titre des Monuments historiques (par arrêté du 7 octobre 1981) était, à l’origine, dans la chartreuse de La Verne puis dans le clocher de l’ancienne église Saint-Pons avant d’être retirée à la Révolution. Si Collobrières doit sa réputation à ses trésors et à son cours d’eau, c’est aussi un petit village provençal parcouru de petites ruelles escarpées, en escaliers ou calades, véritable invitation à la découverte.