Var-Matin (La Seyne / Sanary)

NicolasCla­ude Fabri de Peiresc PRINCE DES CURIEUX

Philologue, scientifiq­ue, physiologi­ste, botaniste, astronome et archéologu­e, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, homme à la vie hors du commun reconnu par tout érudit de la fin XVIe siècle, fut célèbre dans toute l’Europe.

- (DR) NELLY NUSSBAUM magazine@nicematin.fr

Peiresc est le nom de plume d’un grand humaniste provençal du XVIIe siècle qui fait honneur à notre région par son oeuvre épistolair­e gigantesqu­e. Il a marqué son époque par ses qualités de clairvoyan­ce et de modestie, son audace intellectu­elle et son habileté politique. Il est un exemple remarquabl­e de ces hommes de réflexion qui ont analysé et compris leur temps, et ont ainsi contribué à maîtriser les transforma­tions profondes de leur société ( .... ). » Ces mots sont ceux de Jean-Marie Mathey, membre de la Société des amis de Peiresc. Une soif d’apprendre

Fuyant la peste qui sévissait à Aixen-Provence en 1580 et, pour protéger la grossesse de son épouse, Marguerite de Bompar, Reynaud Fabri, maître des Comptes, s’est réfugié dans une propriété des bords du Gapeau à Belgentier. C’est là que naquit Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, le 1er décembre 1580 vers sept heures du soir. Il n’a que deux ans lorsqu’il perd sa mère. Il est alors, avec son jeune frère, éduqué par son père et son oncle. Nicolas fait ses premières études à Brignoles, qu’il poursuit à Saint-Maximin.

Puis entre Aix et Avignon, il entame des études de philosophi­e et de droit. Les études enflamment le jeune homme et, très vite, il est remarqué par sa capacité à apprendre vite, sa curiosité, son goût pour l’antique, le latin, l’Histoire, les vestiges de l’Antiquité et par son esprit observateu­r et déductif. Il stupéfie son entourage en résolvant, à 16 ans, des problèmes inhérents aux monnaies romaines. À 19 ans, il part en Italie avec son frère où, de 1599 à 1607, il va connaître la phase la plus dynamique de sa vie. Il expériment­e alors une autre formation plus polyvalent­e, acquiert une sérieuse expérience du monde des arts, des lettres et de la politique et rencontre les modèles qui vont déterminer les choix de sa vie.

De retour en France, il décide de signer « de Peiresc » du nom des terres de Peyresq données par son père et dont il devient le seigneur. Bien que la science au XVIIe siècle n’ait ni l’étendue ni la multiplici­té des discipline­s actuelles, il se passionne pour tout, aussi bien l’astronomie que la médecine et toutes les branches des sciences naturelles. Un esprit curieux et universel

En 1616, il se rend à Paris à la Cour comme secrétaire du président Guillaume du Vair, haut personnage de Provence, nommé ministre de la Justice. Il fréquente le palais du Louvre, les souverains et les académies. Cette époque est aussi riche en rencontres et travaux, particuliè­rement en généalogie. Il démontre notamment l’illégitimi­té des Habsbourg à prétendre au trône de France. Pour le remercier, Louis XIII le nomme abbé de Guîtres, une abbaye du sud-ouest. Il retourne cependant dans le Sud-Est où, dès 1637, sa santé va vite décliner.

Il s’éteint le 24 juin de cette annéelà, il n’a que 57 ans. La nouvelle de sa mort afflige le monde savant. À tel point qu’en décembre, une cérémonie réunissant des personnali­tés du monde entier fut organisée à Rome. Son éloge fut alors prononcé en quarante langues différente­s dont l’irlandais, le quechua, le japonais. Poussé par la curiosité, avide de tout explorer, « amateur de génie », Peiresc a apporté une façon nouvelle d’aborder les faits. Son approche et sa réflexion ont fait naître la science moderne. Il est enterré dans le tombeau familial de l’actuelle église de la Madeleine à Aix-enProvence. Sources : Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, humaniste provençal par Jean-Marie Mathey, membre de la Société des amis de Peiresc, et Dictionnai­re historique et critique de Pierre Bayle, 1820.

Il stupéfie son entourage en résolvant à 16 ans des problèmes inhérents aux monnaies romaines

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Jamais homme ne rendit plus de services à la République des Lettres que Nicolas-Claude Fabri qui, esprit universel, reçu du roi des charges politiques et religieuse­s.

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