Le conflit avec Le Père Louis passe à la vitesse judiciaire
Depuis sa reprise en 2020, Le Père Louis et son ambiance festive cristallisent les doléances de plusieurs riverains. Une dizaine a saisi la justice dans l’espoir de retrouver la tranquillité.
Depuis son ouverture en 2020, c’est peu dire que les très proches voisins du Père Louis ne sont pas à la fête, surtout l’été et les week-ends. Idéalement situé sur la corniche Bonaparte, à Tamaris, l’établissement est devenu un haut lieu des soirées seynoises, attirant certains soirs plusieurs centaines de personnes venues boire, manger, mais aussi danser et écouter de la musique.
Mais trop fort et trop souvent, selon certains. La réputation du Père Louis s’est en effet forgée sur sa triple activité de restauration, bar et discothèque. Ou plutôt avant-boîte, l’heure de fermeture officielle étant fixée à 1 h du matin. Compatible avec l’esprit résidentiel du quartier ? Non, répond en choeur la dizaine de riverains qui, à force de ne pas se sentir entendus, viennent d’assigner les gérants en justice, pour « troubles anormaux du voisinage et violation d’actes administratifs » (1).
« Des excès qui rendent le quartier invivable »
Ces Seynois ont fait appel à Me Thomas Callen dans l’espoir qu’il mette un terme à ce lointain conflit de voisinage. L’épais dossier qu’il a constitué en ce sens est une litanie de « débordements » accompagnés des textes de loi censés les sanctionner, et par laquelle l’avocat marseillais entend bien « démontrer que les propriétaires du Père Louis rendent tout un quartier invivable en multipliant les excès, les nuisances et les troubles à l’ordre public ».
À travers les pages de l’assignation dont nous avons eu connaissance, il est fait état du volume sonore bien sûr, tant de la musique que des « hurlements », des « rires », des « chants »... « Le pire, c’est surtout pendant les beaux jours, nous raconte une voisine excédée, quand les gens font la fête sur la terrasse extérieure ou que la porte reste constamment ouverte. On « profite » alors pleinement de la musique, des discussions, des cris... Quand ce ne sont pas les soirées dansantes avec la sono carrément dehors. » Les plus proches riverains du Père Louis disent alors ne plus pouvoir profiter de leurs extérieurs sans devoir crier pour se parler. Et dormir les fenêtres ouvertes leur est tout simplement impossible. Certains témoignent qu’à l’annonce de weekends chargés en DJ Sets, ils préfèrent carrément battre en retraite et découcher... « Mais même quand le temps est moins propice à se regrouper dehors, ce sont les basses qui font vibrer les logements ! », assure cette habitante.
« Des engagements non-tenus »
Tous relatent aussi, pêle-mêle, « insultes de clients éméchés » quand ils leur demandent de faire moins de bruit ou d’éviter « d’uriner sur les murs des propriétés » ; et puis les bagarres à la sortie, les saletés qui traînent ou encore, même après l’heure dite, le départ
bruyant des clients et des voitures, par ailleurs mal garées… À ce sujet, la police municipale ne compte plus le nombre de PV dressés autour du Père Louis. La décision d’attaquer en justice, est-il encore expliqué dans l’assignation, fait suite à « des engagements non tenus » après « des négociations pour tenter d’éviter un contentieux ». C’était en mars dernier.
Or, des constats d’huissier établis cet été font encore état de centaines de fêtards réunis en extérieur, ainsi que de relevés sonores éloquents : 80 décibels formellement enregistrés un soir de juillet sur la terrasse d’un particulier, passant à 38 dans un autre logement… mais avec portes et fenêtres à double vitrage fermées. « Le Code de la santé publique fixe les valeurs limites
de l’émergence globale à 5 décibels le jour de 7 h à 22 h et 3 décibels la nuit de 22 h à 7 h », rappelle, entre autres, Me Callen dans son argumentaire. Entendu ? 1. Nous avons invité Jérémie Fickou, l’un des trois associés du Père Louis, à réagir à cette assignation en justice. Il a indiqué ne pas souhaiter, pour l’heure, faire de commentaire.