Béatrix Parola, un siècle d’existence à Six-Fours
Béatrix Parola née Baral a fêté son centième anniversaire, entourée de ses trois enfants, six petits-enfants et onze arrière-petits-enfants. C’est dans la maison où elle a vécu, avec son regretté mari Charles, et où elle réside toujours que la réception a eu lieu.
Toujours entourée
Dans chaque pièce, sur les murs, des dizaines de photographies rappellent les instants heureux d’une famille unie. Elle en est d’ailleurs certaine, le secret de la longévité réside en ce fait : elle a toujours été entourée.
Si avoir une grande famille permet de garder l’esprit vif, c’est aussi selon elle, un bon moyen de se rester dans le mouvement. En bas de chez elle, une boulangerie et une société qui loue des voitures. Dans les années 40, son mari avait acheté un grand terrain
planté de vignes à cet endroit précis pour y construire une vie de famille. Là où sont placés les commerces, en 1959, ils ouvrent un garage et une station-service. Charles reçoit les clients et fait tourner la boutique pendant que Béatrix s’occupe des enfants, de la
comptabilité et de l’administratif.
Une vie à cent à l’heure
Parce qu’elle a vécu un siècle dans une même ville, elle peut témoigner des soubresauts de l’Histoire. Si elle a connu le bonheur de se marier pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a aussi vécu la terreur du conflit.
Un beau matin, elle voit les Allemands emprunter sa rue et venir jusqu’à sa demeure. L’angoisse monte, elle tient son courage pour les accueillir, mais ces derniers veulent simplement prendre les poules et les oeufs. Marquée par la rencontre, Béatrix perd sa voix pendant plusieurs jours et se retrouve muette quand elle doit conter l’événement. Autre souvenir, plus difficile à aller chercher encore : les tunnels creuser à même la terre pour se protéger des bombardements. Dès que les sirènes retentissaient, avec les voisins et son mari, elle courrait dans les bois pour plonger là où le ciel menaçant ne se faisait plus voir.
De cette vie, Béatrix préfère ne se souvenir que des belles frayeurs, comme celle du jour où, ressentant les premières contractions, elle peine à prévenir son mari, qui travaille quelques mètres plus bas. Son premier enfant, Robert, vient au monde dans la maison familiale. Accompagnée de sa bellesoeur qui panique encore plus que l’intéressée, elle prend l’affaire elle-même en main pour accompagner ce petit être dans ce nouveau monde. La vie emportera ce dernier quelques décennies plus tard. Le souvenir, lui, reste.