LA MONTAGNE MENACÉE
Entre incompréhension et interdiction, quel avenir ?
2018 sera-t-elle l’année d’un funeste tournant ? Celle où l’escalade, et la montagne dans son ensemble, auront été ostracisée et ses pratiquants signalés hors la loi ? Malheureusement beaucoup de faits portent à le croire entre interpellations, confiscations, condamnations et, désormais, pour la première fois, l’interdiction de nos si douces activités ! Comment se défendre quand notre instance nationale, aveuglée par le miroir aux alouettes de l’olympisme, consacre moins de 1 % de son budget aux falaises, tout en osant parler de « son » ADN ? Un ADN mutant oui... Alors que va-t-il nous rester ?
vient s’inscrire dans l’Histoire de l’escalade et de dans la Réserve naturelle de Chastreix-Sancy, dans le Puy de Dôme. Pour la première fois une activité de plein air est interdite dans un espace naturel ! On ne peut que s’en inquiéter en repensant également aux interpellations qui ont eu lieu cette année dans le Parc national des Calanques… Pourtant François Bland, Directeur du Parc national des Calanques, et Gilles Chappaz, le guide de haute montagne responsable du Pôle activités et usages du Parc, clament haut et fort que l’escalade, qui incarne historiquement les sports de nature sur ce territoire, « aura un bel avenir, comme elle a eu un beau passé. » De son côté, Jean-Claude Grand, Président du Comité « On souhaite un dialogue apaisé avec le Parc national. défenseur des grimpeurs et des équipeurs ». Le 5 décembre s’est tenue la première réunion de la toute récente « commission escalade » du Parc national des Calanques, rassemblant tous les acteurs autour de la même table… Arriveront-ils à se mettre d’accord ? Résumé de la saison 1, à savoir l’année 2018....
LES CALANQUES : LE PLUS URBAIN DES PARCS
Tout d’abord, il faut planter le décor de ce cas très de l’escalade en France, mais aussi à l’international. Une offre exceptionnelle de plus de 5000 voies sur l’éblouissant calcaire blanc du littoral méditerranéen, plongeant dans la grande bleue. Plus de 120 ans panachant tous les styles et tous les niveaux, des sites sportifs et des voies de plusieurs longueurs. Sauf que, bien sûr, les escaladeurs, comme on dit là-bas, ne sont pas les seuls dans le décor. Un bout de nature comme ça, en bord de mer, ça attire à peu près tout ce qui marche, grimpe, court, vole, roule, plonge, bulle mollement sur la plage avec l’enceinte dans le sac ou tire au fusil. Le tout, à la sortie d’une charmante petite bourgade méridionale nommée Marseille qui compte 800 000 habitants et 1,5 million dans la zone métropole. Un territoire exigu, sous pression, qui ne connaît pas de période creuse avec environ 3 millions de visiteurs par an et un problème de surfréquentation loin d’être résolu, un secteur très dense en matière de diversité En 2012, le Parc national des Calanques est créé, assorti de sa réglementation sur les usages et les activités avec pour but de préserver le patrimoine naturel et culturel. L’idée première n’étant pas de mettre la nature sous cloche, mais de faire en sorte que l’impact sur l’environnement reste minimal. On a visé, d’emblée, un haut niveau de protection. « Ici, il n’y a pas d’aire d’adhésion qui fait une zone tampon comme dans les autres parcs. On traverse la rue et on est en coeur de Parc », résume François Bland, sans forcer le trait. Un même titre, mais une réalité aux antipodes du Parc national des Cévennes, par exemple, instauré sur un l’application « à la lettre » d’un règlement inadapté à ce
« L’ESCALADE AURA UN BEL AVENIR, COMME ELLE A EU UN BEAU PASSÉ. »
HALTE-LÀ ! PAS LE DROIT D’ÉQUIPER !
Jean-Claude Grand a quand même du mal à l’avaler : « C’est une façon de faire très stricte qui manque totalement d’empathie et de bon sens, et qui perd un tout en maintenant l’accès et la pratique des activités. Il appartient au Directeur du Parc et à son équipe d’appliquer ce règlement non pas à la lettre, mais avec nuance, intelligence et empathie ». Force est de constater que cette année 2018 n’en a pas vraiment fait la démonstration. Quatre équipeurs au total ont été pris la Le guide Guy Abert, Bruno « Graou » Clément, et deux autres se sont vus interpellés par les gardes moniteurs sommation de remettre la falaise dans son état initial, donc de déséquiper, et convocation au commissariat. « L’un des équipeurs ouvrait, sans s’en cacher, un petit site école en bordure de zone urbaine, idéal pour l’encadrement et pour faire grimper les enfants car facilement accessible. Un des gardes du Parc s’est rendu Et voilà notre équipeur convoqué au poste, l’ouverture de ces voies destinées à faire découvrir l’escalade étant considéré comme une construction illicite, donc un délit. Subitement, tout le monde crie au scandale, on n’a plus le droit d’ouvrir dans les Calanques, on nous traite comme des délinquants, on nous pourchasse. Guy Abert monte alors au créneau. Il publie récits et vidéos sur les réseaux sociaux pour se plaindre de ces méthodes excessives. Lui non plus ne fait pas dans la dentelle et c’est rapidement « l’escalade ». de réponse intitulé « Protéger la pratique de l’escalade dangereuses pour le territoire », qui entend rappeler les méfaits de l’équipement sauvage, et de l’attitude irrespectueuse des équipeurs, sur le milieu naturel. De regrettables amalgames (vidéos de purges musclées hors des Calanques, photo d’un mégot lourde de sousentendus, etc.) agacent Jean-Claude Grand, qui, outré, remet à son tour les pendules à l’heure par courrier : « Un établissement public se doit d’être rassembleur et collectif et ne peut pas répondre en se plaçant à ce niveau-là, qui est celui du règlement de comptes ! » Graou a payé son amende de 200 euros, non sans avoir nation assez ridicule. matériel et entend mettre ses avocats sur le coup, et le Parc, interrogé sur ces assignations, rappelle que « ces personnes ont commis une infraction, et ont été interpellées pour cela par des gardes assermentés, qui ont fait ce qu’ils ont le droit et le devoir de faire, et que la suite de la procédure s’est déroulée normalement en passant au Procureur de la République. » du Parc : « Si sur le fond nous pouvons comprendre la nécessité de freiner l’élan des équipeurs, et admettons que ces ouvertures enfreignent bien le règlement, sur la forme cela peut se faire autrement, sans tomber dans la démesure. Si au lieu du Commissariat de Police, l’équipeur avait été convoqué dans les locaux du Parc pour y recevoir un avertissement, avec sanction en cas Dans ce type de situation, quand tout s’envenime, il y a en général deux possibilités. Soit tout le monde campe sur ses positions et cela se termine mal. Par une interdiction, par exemple. Soit chacun reconnaît ses fautes et tout le monde se met autour d’une table pour au moins essayer de discuter et de mieux se comprendre. Par chance, c’est cette deuxième possibilité qui s’est produite dans les Calanques, avec la création de la commission escalade, dont nous reparlerons plus loin. Finalement, ces problèmes auront permis d’avancer. Un mal pour un bien ? L’avenir le dira.
« ON EXAMINERA TOUT NOUVEAU DOSSIER SANS ARRIÈRE PENSÉE, ET LA COMMISSION ESCALADE EST LÀ AUSSI POUR ÇA. »
CALANQUES 2018 : L’ÉTAT DES LIEUX
Après cette longue période de confusion, rappelons ce est plutôt une bonne nouvelle. se défend François Bland. Sauf que, comme dans tous les Parcs nationaux, toute activité de « travaux » est interdite dans le coeur de parc. La création de nouvelles voies et le rééquipement sont régis par la réglementation des travaux, c’est-à-dire soumis à autorisation pour l’ouverture, et à déclaration pour le rééquipement et l’entretien de l’existant. « C’est une exigence forte pour un équipeur. Ils n’aiment pas être contraints de demander une autorisation, analyse Gilles Chappaz [ lui même équipeur]. Mais c’est la règle pour équiper quelque part, et ce n’est ni nouveau, ni propre au Parc ». Inutile d’avancer que, de toutes manières, si un équipeur fait une demande, rétorque « tant qu’on ne l’a pas demandé, on ne peut pas le savoir ». Pas faux. Aucune demande n’ayant été déposée en 2018, on ne peut effectivement pas savoir si elle aurait été refusée... Ce que l’on peut savoir, en revanche, c’est que le dossier de demande, téléchargeable sur Internet, fait cinq pages « on examinera tout nouveau dossier sans arrière pensée, et la commission escalade est là aussi pour ça ». Le Parc prétend ainsi avoir bien intégré que l’ouverture, doux rêveur à la grande gueule aux opinions à l’emportepièce, c’est un peu l’essence même de la « liberté » de amputer. Mais une fois transposé dans le contexte de la réglementation il en résulte qu’il faut que la demande soit pertinente (étant donné que l’offre ne manque pas, on ne laissera pas « équiper pour équiper »), qu’elle dispositif plus vaste de gestion et d’entretien… Le petit soucis c’est que ce dernier n’est pas encore trouvé... et la commission escalade va devoir plancher dessus.
LES OUVREURS, UN JOLI FLORILÈGE DE PERSONNALITÉS : DU DOUX RÊVEUR À LA GRANDE GUEULE
Tout cela fait dire à Gilles Chappaz : « Il faudrait que les gens arrivent à s’abstenir quelques temps d’ouvrir, situation. Vu l’offre existante, la pratique ne souffrira pas de cette abstinence… ». à l’identique, sur simple déclaration. Par exemple, le Comité soumet ainsi son programme de rééquipement annuel au Parc qui l’instruit et l’autorise, et le Comité se charge de l’entretient des voies. Sauf que… C’est un peu lourd quand même. Jean-Claude Grand le dit clairement : « On n’est pas à bénévoles, l’argent… Si en plus il faut qu’on compose avec toutes les contraintes, la présence de telle espèce les systèmes associatifs ! » Même son de cloche chez Rémi Moutardier, viceprésident de la FFME nationale : « La réglementation doit être respectée, mais la réglementation doit aussi être raisonnable ! Surtout quand il s’agit d’entretien et qu’il être soumise à une procédure de déclaration de travaux, c’est beaucoup trop long. Il faut que chacun puisse faire ce qu’il a à faire sans que ça devienne compliqué, et nous souhaitons que le Parc prenne cela en compte ». Voila donc une mission de plus pour la commission rendre plus souple, moins contraignante et plus réactive.
LES CONVENTIONS SONT MORTES... VIVE LES CONVENTIONS !
Le problème de l’ouverture de nouvelles voies, même s’il est à l’origine des interpellations et esclandres portés sur la place publique et qui ont braqué tous les regards de la communauté grimpante sur le Parc national des Calanques, est-il vraiment si important ? Et là (on s’en doute un peu), le Parc répond que non. C’est même très anecdotique à leurs yeux. Et le pire, c’est qu’ils n’ont peut-être pas tort… En effet, il y a deux entrées à la problématique de l’escalade dans les Calanques. D’un côté ces ouvertures, et de l’autre, la pratique elle-même, et la gestion des voies existantes, soit 100 000 points à entretenir sur la durée. Et dans ce domaine, si le vrai terrain d’aventure, c’est à dire sur des itinéraires non entièrement équipés, est autorisé, toutes les autres voies relèvent du conventionnement. En effet, pendant plus de trois décennies, la FFME a eu une très généreuse politique de conventionnement pour permettre l’accès des grimpeurs aux falaises. Elle a ainsi signé près d’un millier d’actes de ce type sabilité pénale en cas d’accident. d’un accident d’escalade sur le site de Vingrau dans les Pyrénées-Orientales. La femme, au relai, est la plus sérieusement touchée puisque le bloc qui se détache lui tombe dessus et que ses blessures lui vaudront l’amputation de l’avant-bras droit. Vu la gravité de la situation, des procédures pénales sont engagées et, six le tribunal de grande instance de Toulouse condamna, la FFME, via son assureur, Allianz Iard, à verser une indemnité record de 1,18 million d’euros aux victimes (la moitié devant être versée tout de suite à titre d’exécution provisoire). L’entièreté de la responsabilité incomba à la Fédération puisqu’elle avait signé le 7 La FFME a donc été brusquement refroidie et a pris la mesure de cette épée de Damoclès qu’elle aurait désormais en permanence au-dessus de la tête… Depuis, elle a décidé de désengager sa responsabilité en cas d’accident au titre de la « garde de la chose » et de la « responsabilité sans faute ». La question qui suit est inévitablement : « Alors qui l’endosse à sa place ? » En y regardant de plus près, il s’avère que les collectivités territoriales (départements d’escalade pour renforcer leur offre touristique. La démarche de la FFME est donc de leur transférer la gestion des falaises, avec des outils comme le Contrat d’entretien fédéral, et les responsabilités en cas d’accident, ce qui n’est pas dénué de sens. « Il n’y a pas de déconventionnement comme on l’a trop entendu, ni d’intention de laisser tomber les sites pour la FFME nationale. Au contraire, on ne s’en est de bois, la FFME a également engagé des démarches pour tenter de faire évoluer la loi, et faire disparaître ce sans faute prouvée » pour le « gardien de la chose ». Moutardier, cela se met en place doucement. En 2016, il y avait 1020 conventions actives signées. En 2018, il y en a 850. Et ce chiffre va continuer à baisser dans les années à venir, à mesure que le transfert se poursuivra vers les communes et collectivités territoriales. » plusieurs exemples à citer de communes, parfois petites, qui ont accepté de signer un contrat d’entretien avec lui, des falaises de son territoire : Vallon de la Lecque dans les Alpilles, Tarascon, Saint-Rémy-de-Provence…
« LES SITES NATURELS D’ESCALADE, ON NE S’EN EST JAMAIS AUTANT OCCUPÉS. »
LE CAS PARTICULIER DES CALANQUES
Si ce système marche bien pour les sites sportifs d’une longueur, dans les Calanques, l’escalade se pratique sur du « terrain montagne », avec des grandes voies dont l’équipement ne respecte pas les normes des sites écoles, et varie de « partiellement » à « pas du tout » équipé. Pour toutes ces voies tombant sous le vocable Pour les Calanques, une convention perdure avec le Département, mais la situation est amenée à évoluer, pour les raisons évoquées. On sait donc ce qui prend Ni quand. Au Parc, on l’attend même avec impatience : « Ici, l’escalade concerne neuf propriétaires publics (institutions, ONF...) et trois privés. Depuis deux ans et demi, on demande à la Fédération un dispositif qu’on puisse proposer à tous, qui leur convienne, et qui fonctionne avec tous les styles de voies. Nous, on est prêt à passer dans un autre schéma, que ça soit avec un contrat de maintenance, ou autre. Mais pour le moment, proposer » déplore-t-on du côté du Parc. que les collectivités territoriales vont accueillir avec enthousiasme leur nouvelle responsabilité vis-à-vis de ces falaises. Elles se montrent même assez frileuses… Pour faciliter encore les choses, si certains départements, comme la Drôme, l’Hérault ou l’Isère, par exemple, sont très investis sur le développement des sports de pleine nature dont l’escalade, ce n’est pas le cas des Bouchesdu-Rhône, qui n’a même pas de CDESI (Commission Départementale des Espaces, Sites et Itinéraires relatifs « l’élan » d’un territoire quand celui-ci est parfaitement sports de nature. Et on sent que ça ne va pas être simple, ni rapide, quand on entend Rémi Moutardier annoncer : « Les Calanques, c’est un cas particulier, un peu atypique dans la mise en oeuvre de cette politique. Lorsque le Département sera prêt, c’est-à-dire quand il aura mis en place une CDESI, alors on se rapprochera de ces gens-là pour aller leur expliquer notre démarche. » C’est un peu ce qu’on
UN LABORATOIRE GRANDEUR NATURE
situation reste instable, il y a des signaux qui vont tout de même dans le bon sens. Le principal est la bler l’ensemble des acteurs concernés par l’escalade : le Parc national, la FFME (un conseiller technique national en la personne de Norbert Apicella et les représentants du CT13), la FFCAM, le Syndicat des Guides, les Bureaux des Guides, deux équipeurs indépendants (deux parmi les quatre qui ont été pris en l’un des problèmes qui a motivé la création de la commission), un éditeur de topos, les propriétaires privés, les propriétaires publics (Département des Bouches du Rhône, Ville de Marseille, Ville de Cassis, Ville de La Ciotat, ONF, Conservatoire du Littoral), les associations de protection de la nature (Ligue de Protection des Oiseaux, Groupe Chiroptères de Provence), un membre du Conseil Parc. La première réunion a eu lieu le 5 décembre, et a duré… Trois heures. « Au moins, ça veut dire que ça intéresse les gens ! » souligne Jean-Claude Grand, représentant le CT13. Porteuse d’espoir, elle offre un véritable cadre, « Depuis quelques années, cette question du conven dans le Parc. On se trouve à une période charnière. Pour l’instant, l’essentiel de l’action est d’organiser des temps de travail, pour contribuer à faire émerger la solution, le bon système qui va s’appliquer pour la Peut-être que ça sera du bricolage, mais au moins on aura essayé de trouver un cadre conventionnel global », résume, un peu évasif, le directeur du Parc. de manière globale, elle va instruire les demandes de renouvellement d’entretien, d’équipement de nouvelles statuer sur les questions urgentes (une espèce sensible félicitons-nous que la première étape, indispensable, et potentiellement fertile, ait été réussie : mettre tout le monde autour de la même table pour discuter. sans concertation avec l’ensemble des acteurs. L’avenir de l’escalade va évoluer comme ça. Il ne sera plus aussi libre qu’il a pu être, mais il n’est pas condamné l’institution ». Voilà qui devrait rassurer Jean-Claude Grand, Président du CTFFME13, qui publiait le 6 novembre sur le site du Comité un coup de gueule intitulé « Halte à l’autocratie du PNC ! ».
« LE PARC NE FIXE PAS SES POLITIQUES SANS CONCERTATION AVEC L’ENSEMBLE DES ACTEURS. »
INTERDICTION DÉFINITIVE : UNE PREMIÈRE
Le principe de co-construction est précisément ce qui ne semble pas avoir eu lieu dans le processus de création de la Réserve naturelle de Chastreix-Sancy et le résultat est accablant : l’escalade et l’alpinisme sont tous les autres sports sont autorisés (excepté le VTT), sans compter évidemment la chasse et la pêche (alors qu’il n’y aucun cours d’eau poissonneux sur la zone !). Pourtant, la procédure aura pris dix ans... Dix années au cours desquelles des études très poussées sur les conséquences du frottement de la corde et sur l’impact de la gomme de chausson sur le caillou... attentes : non, grimper n’abîme rien ! Une étude, avec au passage, 100 000 € d’argent public dépensé, pour Dix années et des milliers d’heures de travail pour constituer des centaines de pages de dossiers, et se présenter à de multiples réunions et visio-conférences. Dix années à expliquer le tenant et aboutissants de nos activités à des responsables environnementaux pas forcément réceptifs à ces pratiques. En fait, dix années de rouleau compresseur pour imposer une vision de la gestion de l’espace naturel qui met au banc des accusés les grimpeurs et autres glaciairistes, comme si le débat écologique se cristallisait sur eux. François Lesca, le guide local qui c’est impliqué dès le début dans cette histoire ubuesque, est simplement dégoûté, au fond du trou même, d’avoir vraiment naïvement cru au pouvoir de la concertation... De toute façon, la décision dès le début était irrévocable d’hui plus de pouvoir de nuisance que celui qui argumente, tempère, cherche le compromis. Il n’empêche que désormais, les amendes peuvent tomber, de 135 à 750 € ! Si François a perdu son combat contre cette forme d’autocratie, il tient de lanceur d’alerte : « Le nombre de à 350 en 2018. Je ne connais pas Congrès des Réserves naturelles de France avait pour thème : « 500 Réserves naturelles en 2030 ? ». « Si le problème dans notre Réserve prouve qu’il est facile d’interdire sans aucune raison et qu’il est impossible de ré-autoriser malgré de bonnes raisons, on ne peut que s’inquiéter de la démultiplication des zones de protection. » Il est risible de constater que les interdictions touchent généralement ceux dont la gêne s’avère très faible, et qui sont les moins puissants pour se défendre. Localement, les maires des minuscules communes englobant les gorges de la Sioule, de l’autre côté de ristique des lieux, avec entre autres, le rééquipement D’un commun accord, ils ont refusé le classement désormais rimer avec interdiction...
« ON NE PEUT PAS ATTENDRE UNE MANNE QUI VIENNE DU NATIONAL. »
FALAISES : UNE FÉDÉ À DEUX VITESSES ?
Bien évidemment, on ne peut pas évoquer l’avenir des À la demande du Parc des Calanques, le CT13 a donc voies dans les Calanques. Une somme qu’il faudra sans doute aller chercher auprès des acteurs publics. Le Comité touche des aides du Conseil départemental (environ 10 000 €), les revenus des ventes des topos (5 à 10 000 € par an), et la part club des licences (10 à 12 000 € par an). Avec « tout ça », il faut faire fonctionner le Comité et assurer ses missions, dont celle d’entretenir les nombreux sites naturels du département (les Calanques et leurs 5000 voies, la Sainte Victoire, les Alpilles, la Sainte Baume…). Et même si le bénévolat, le matériel, lui, n’est pas gratuit. Mais la FFME est là ! Et en effet, la Fédé nationale a créé la « Bourse rééquipement. Mais tous les sites ne sont pas éligibles, et les démarches sont assez contraignantes. Bref, le CT13, par exemple, ne compte pas dessus : « On a une demande en cours pour 2019, pour un montant qui ne dépasse pas 2 000 €. » Il ne lui en tient pas grief pour autant : « On ne peut pas attendre une manne qui vienne du national. Il faut aussi impliquer le territoire, le département, les communes... ». Soit. Certains, de plus en plus nombreux, se demandent paremment, il ne sert pas à acheter beaucoup de spits. Comment est-il redistribué dans l’intérêt des SNE ? Décortiquons alors la destination d’une licence fédérale l’assurance et 39 € sont aspirés par la FFME nationale. Jean-Claude Grand, qui se contente de ses maigres pour la part nationale, certains diront que c’est bien élevé, c’est sans doute vrai, mais c’est actuellement le prix à payer pour disposer d’une fédération forte, organisée et écoutée. » Il faudrait donc comprendre que cette image vient en aide aux Comités en renforçant leur crédibilité et en leur facilitant la tâche auprès de leurs interlocuteurs. Pas sûr que ce raisonnement convainque tout le monde des plus gros comités régionaux ont adressé une lettre
Quand on interroge ce dernier sur la manière dont cet argent revient aux SNE, Rémi Moutardier (viceprésident de la FFME nationale), répond qu’une partie est retournée sous forme sonnante et trébuchante via la bourse SNE précédemment mentionnée, qui restitue bourse est en partie alimentée par un sponsoring de la société Petzl, acteur historique de l’escalade et ensuite, elle est répartie sur une quinzaine de sites seulement par an, sur le millier existant. À ce rythme il faudra donc un siècle pour rénover le parc grimpant de France... Comparons cette donnée avec le montant annoncé pour La dotation à « l’extérieur » est donc sérieusement en baisse : de l’ordre de 33% par rapport à l’année dernière ! Si l’on continue notre petit tapotage de calculette, on constate que, par rapport au budget annuel de la FFME euros de la bourse, ne représentent que 0,6 %. À la lumière de cette arithmétique simplissime, cette part destinée aux falaises apparait maigre. Très maigre. La FFME souhaite également inclure dedans le coût salarial des quatre conseillers techniques nationaux dévolus aux falaises et à la mise en oeuvre de la politique fédérale de conservation des SNE (pourquoi pas, même s’il exclut le boulot de terrain réalisé le plus souvent bénévolement par les acteurs locaux). Les 97 % restants du budget sont destinés aux frais classiques de toute structure et l’investissement sportif semble donc massivement orienté vers l’indoor, dont le haut niveau avec en ligne de mire le miroir aux alouettes de l’olympisme... Mais pour ceux qui resteraient sur leur faim avec ces une licence FFME, convaincus que pas un kopeck n’en billets d’avion, chambres d’hôtels et autres dépenses olympiques, ils pourront bientôt court-circuiter tout cela avec le fonds de dotation « RockClimber ». En cours de création par la FFME il devrait être effectif début 2019, et prendrait ainsi le relais dela bourse SNE en espérant créer une cagnotte venue d’entreprises privées ou du public (grimpeurs ou non). propres carences et à garder les coudées franches pour poursuivre sa stratégie «olympique» en calmant la grogne des suspicieux… Droit dans ses bottes, elle promet qu’elle ne l’utilisera que pour promouvoir l’escalade extérieure : « Il y a un million de personnes qui grimpent en France et environ 100 000 licenciés [ 200.000 si l’on rajoute la FFCAM], rappelle Rémi Moutardier. par la bonté universelle une politique qui tente à exclure une partie très conséquente des grimpeurs : ceux qui grimpent en falaise et qui n’ont que peu ou rien à voir avec la résine et la compétition...
mode actuellement arrive bien après le combat mené par l’association Greenspits qui, elle, propose un sûr que vos 20 € d’adhésion serviront à l’entretien et au développement des falaises ».