Vertical (Édition française)

L’HORLOGE TOURNE

Le temps des records a encore sonné.

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Touta un peu (re)commencé l’automne dernier lorsque Brad Gobright et Jim Reynolds bousculère­nt de quelques minutes le record du Nose invaincu depuis 5 ans... Dans le monde aucun bout de caillou ni aucune autre voie que celle-là ne cristallis­ent autant d’enthousias­me de la part de la gente grimpante. Peut-être parce qu’elle est abordable à tout à chacun, selon comment on l’envisage en fonction de ses artif, en free-climbing avec ses redoutable­s pas de 8 ou alors en mode turbo quitte à prendre de gros risques... Si le tictac de la minuterie n’est pas récent il convient toutefois de distinguer deux types de pratiques : l’ascension rapide, initiée depuis quasiment les tous débuts de l’alpinisme, et la bien réelle course au chrono, l’oeil rivé à la pendule, ou plutôt à un écran digital désormais. Dans le premier cas, cela amena surtout à faire tomber des barrières psychologi­ques en faisant, par exemple, avaient dû y passer au moins une nuit. À la grande époque des briseurs de certitudes succéda ensuite celle des collection­neurs : une voie ou une face ou en été, plus ou moins vite, le but étant avant tout d’être médiatique­ment rassasié. Mais tout a des limites uniquement que par quelques initiés. Vint donc alors l’heure du pur chrono, plus symbolique

Du bon alpiniste-grimpeur on passa à l’ère de l’athlète. Ces symboles de l’excellence ont des noms : Buden voie à la nouvelle génération des réels sprinters : Steck, Arnold, Honnold... Mais attention, ici, un point est à éclaircir drastiquem­ent : la différence (énorme) entre le speed climbing et le sky running... L’un nécessite une technicité sans aucune faille tandis que l’autre, même sur des sommets emblématiq­ues tels que l’Aconcagua, l’Elbrouz, le Mont-Blanc ou encore l’Everest, astreint gros coeur couplé à d’énormes poumons...

DES VOIES HISTORIQUE­S

Pour ses athlètes le choix du support est primordial pour qui veut empocher de la notoriété : pas des sentes perdues au milieu de nulle part mais des autoroutes de l’alpinisme dont la renommée dépasse largement notre petit milieu. Les trois faces nord mythiques de nos Alpes, Eiger/Cervin/Jorasses et El Capitan au Yosemite sont les premiers stades, des « Zéniths » à ciel ouvert en quelque sorte, pour annoncer la compétitio­n. En moindre seconde division : les Drus, Peuterey, Half Dome ou encore Washington Column mais là, médiatique­ment, Le cadre est posé, reste ensuite à choisir la ligne. gnent naturellem­ent et historique­ment. Pour grimper vite il faut une voie « facile » qui permet d’évoluer tout en conservant une bonne marge technique ce qui, par concomitan­ce, oriente vers les faiblesses des dévolus. Sur El Capitan, Le Nose fut ouvert en 1958 (en + ) tandis que dans la face nord des Grandes Jorasses, c’est l’éperon Walker et la voie Cassin éclipsant au passage l’éperon Croz de 1935... Sur l’Eiger, même combat : les records se déroulent sur la première voie de la face : La Heckmair de 1938 (5+/ un peu plus complexe puisque les quatre arêtes (Zmutt, Hörnli, Furggen, Lion) offrent autant de possibilit­és évidentes et techniquem­ent de faible niveau ( 3+ à 5), tandis que la face nord reste le mets de choix par, également, la première voie, La Schmitt 1931. Si pour cette dernière l’on est bien au coeur d’un Les records tombés cet été par le Suisse Andreas Steindl sont d’ailleurs sans équivoque en regardant son simple de François Cazzanelli. et en 2015 Dani Arnold part dans la face nord pour faire avec sa vie et avec la pure performanc­e technique. Preuve en est avec Honnold, l’année dernière, dans

Freerider (7c+) qui a fait trembler la Terre entière.

DANI ARNOLD : LE CHRONOGRAP­HE SUISSE

Tout comme Alex Honnold, le Suisse Dani Arnold prouve ses réalisatio­ns des derniers mois : d’un côté en décembre dernier il s’enquille les 300 mètres extrêmes, en WI7, de la cascade Beta Block Super tandis qu’il galope dans les 1 200 mètres de V (en moyenne) des que les premiers « comptages » dans la Walker ont été fait en 1990, coup sur coup, par les ascensions « express » du regretté Fred Vimal (5 h 30) et du très fort grimpeur Alain Ghersen (6 h). Les circonstan­ces sont toutefois à bien replacer dans leur contexte puisque les Jorasses étaient pour eux in Peuterey pour Fred et les Drus et Peuterey pour Alain. qu’ils grimpent deux à trois fois plus vite qu’une cordée classique... Depuis, dans cette voie, personne ne s’était imaginer le bien réel sprint de Dani ! L’alpinisme de pépé en a pris un sérieux coup... entende un peu plus parler de ce chamois Suisse, il est actuelleme­nt celui qui combine le mieux le hautniveau dans les trois grands domaines de la montagne (alpinisme, cascade de glace et expédition­s) avec de grosses capacités techniques et une condition physique à toute épreuve. Il est ainsi également détenteur des ultime revanche en 2015 en amenant le chronomètr­e à 2 h 23. Arnold est donc actuelleme­nt le recordman de deux des grandes faces mythiques des Alpes et il y a fort rapidement tâter de la glace de Valaisanne...

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 ??  ?? Dans l’éperon Walker, Dani Arnold, en solo intégral, eut également à composer avec les cordées dans la voie. © Mammut.
Dans l’éperon Walker, Dani Arnold, en solo intégral, eut également à composer avec les cordées dans la voie. © Mammut.

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