THE CLIMBERS : LE LIVRE
Le meilleur livre de montagne de l’année... sans montagnes...
Le travail d’une vie : rendre hommage à ces femmes et à ces hommes qui ont façonné l’histoire, à ces explorateurs de sommets, à ces prospecteurs d’itinéraires et de faces vierges qui ont souvent poussé leur engagement jusqu’à une irréversible extrémité. Désormais, ils sont rattrapés par le temps et la vie qui passent. Jim Herrington les présente sans fioritures, totalement dépouillés de l’aura qui les a illuminés lors de leurs exploits. Des clichés puissants sur une vérité troublante.
Grimpeur, rockeur, nomade et l’auteur de ce livre : le photographe américain Jim Herrington. Après une vie à immortaliser des célébrités pour les plus grands magazines américains, il nous révèle ici son secret : son amour pour les grands espaces, rugueux et sauvages, et incidemment pour l’escalade et l’alpinisme qu’il appréhende comme des pratiques exploratoires de territoires empreints de mystères et d’inconnu. Adepte du travail de mémoire, il a commencé à remonter le temps en suivant, tout d’abord, les vieilles légendes de la musique américaine, du blues, de la country, du rockabil grimpeurs des années 1920 étaient Fasciné par ceux qui ont marqué l’alpinisme, il ne lui en fallait pas moins pour se lancer dans sa quête d’im-mortalisation, tout d’abord aux États-Unis puis dans le monde entier. Pendant 20 ans, il les a donc le plus beau sourire ou dans la plus belle pièce de leur maison... Extraits des environnements de leurs exploits passés, débarrassés de leurs habits de lumière, il les a ramenés à leur condition d’êtres humains presque normaux.
En voyant la couverture, certes, on commence par penser « encore un livre de ou pour les vieux… ». En fait, non, radicalement anti-conformiste, il s’adresse à des lecteurs qui souhaitent ne pas être trompés et qui recherchent une forme d’honnêteté, de vérité, sur l’être. La préface d’Alex Honnold témoigne que ce livre est prit du moins. Les développements de Greg Child sur chacun d’entre eux fournit en complément une lecture totalement inédite sur les faits historiques qui les ont fait entrer dans la légende de nos activités. Les photos de Jim sont loin du standard du portrait de famille. Elles nous parlent en s’adressant à nos émotions, en nous faisant entrer dans l’environnement bien réel des personnages, avec leurs espoirs, comblés ou déçus, avec leurs rêves, accomplis ou inachevés, avec leurs blessures et leurs souffrances, leurs sentiments de plénitude et d’accomplissement souvent empreints d’inquiétude et d’angoisse. C’est fort, presque brutal, peut-être réconfortant, quelquefois dérangeant mais tout le temps fascinant. Il est à peine croyable de voir ces personnages ainsi. Chacun de ces soixante portraits convoque l’imagination tant les images sont intenses et puissamment évocatrices. Ces photos nous montrent ces héros dans un monde normal, tels des acteurs sortis de scène. Tout dans les images semble classique et banal, cependant, émanant de la noblesse des attitudes et des regards, l’aventure s’y invite. Les stigmates de leurs âpres combats, visibles sur les corps et les visages, font de ces personnages des héros mystiques, des conquérants d’un autre temps. La mémoire de leurs ascensions et de leur vie apparaît alors comme l’histoire d’un monde hors norme. Si l’on devait ne retenir que deux mots qui irradient chaque page, ils pourraient être : aventure humaine.
Cette année, The Climbers, aura été, plus que jamais, le symbole de ce travail de mémoire sur les héros de nos sports. Geneviève « Sonia » Livanos est décédée le 15 avril 2018, Jim « The bird » Bridwell le 16 février et Tom Frost, le 24 août. © Jim Herrington.
LES STIGMATES DE LEURS ÂPRES COMBATS FONT DE CES PERSONNAGES DES HÉROS MYSTIQUES, DES CONQUÉRANTS D’UN AUTRE TEMPS