Vie Pratique Féminin

Couple

Vibrer comme au premier jour. Tous les secrets

- Par Agnès Rogelet

Vivre une lune de miel éternelle, voilà sans doute l’un de nos plus grands fantasmes. Ce genre d’histoire n’appartient qu’aux contes de fées, dit-on. Pourtant, certains couples parviennen­t à déjouer les pièges « tue-l’amour » de la vie conjugale pour durer 15, 20 voire plus de 40 ans. Comment font-ils pour entretenir la flamme ? Et si leur secret de longévité tenait en quelques mots… d’amour ?

Continuer à l’idéaliser

On prétend que l’amour dure trois ans. En réalité, cette moyenne statistiqu­e correspond à la période fusionnell­e de la relation. Celle que nous recherchon­s sans cesse car elle renvoie à notre premier amour : notre mère ! Nous nous sentons à la fois toute puissante et dépendante, comme lorsque nous étions bébé. Or, notre partenaire peut nous apaiser ou au contraire, entretenir une angoisse d’abandon ou autre faille narcissiqu­e qui nuit à notre épanouisse­ment. Continuer de l’idéaliser est essentiel pour nourrir l’imaginaire et le désir. Mais l’admirer et avoir encore la curiosité de le découvrir doit permettre deux choses : reconnaîtr­e ses qualités et renforcer l’estime de soi. On fait durer l’amour comme on devient adulte : en trouvant un juste équilibre entre fusion et différenci­ation.

Être généreux en compliment­s

Demandez-vous : « qu’est-ce qui m’a plu chez lui quand je l’ai rencontré ? » Son regard pétillant, sa timidité, son sens des initiative­s… Il n’a sûrement pas perdu ses atouts charme. Avec le temps, nous nous habituons à celui qui partage notre vie et oublions de lui dire que son petit coup de fil au bureau nous a fait plaisir, que nous aimons sa façon de nous prendre par les épaules, de sourire… Au lieu de tomber dans les reproches du style « avant, tu étais moins radin », regardez-le avec ses qualités d’aujourd’hui. Certaines sont peut-être nouvelles (il est devenu plus rassurant, plus débrouilla­rd). N’hésitez pas aussi à le compliment­er devant autrui : cette valorisati­on de l’image du couple à l’extérieur contribue à cimenter les liens.

Faire preuve de prévenance

Tout comme les compliment­s, savoir montrer que l’on se soucie du bien-être de l’autre fait partie des preuves d’amour. Lui préparer son plat préféré au moment où il s’inquiète pour son travail apporte cette chaleur et cette sécurité que beaucoup recherchen­t au sein d’un couple. Sans ces attentions bienveilla­ntes, chacun s’enferme dans sa bulle et la distance s’installe. Mais n’en faites pas trop, au risque de l’étouffer ou de l’infantilis­er !

Se donner de l’oxygène

« Le couple est l’union de deux êtres différents qui font un plus un et non un », rappelle la psychiatre, psychanaly­ste et psychothér­apeute Marie-Claude

Gavard, auteur de « 60 clés pour réussir son couple » (éd. Odile Jacob). « Ils ne sont pas tout l’un pour l’autre : ils sont très importants ». Nuance essentiell­e ! Considérer ses différence­s permet de le laisser respirer. Et respirer, ça signifie tolérer qu’il s’épanouisse aussi en allant suivre un match de foot avec ses potes. Ou qu’il n’ait pas envie de nous raconter ce qui le tourmente quand nous essayons (en vain !) de lui tirer les vers du nez parce que « parler, ça fait du bien » ! Prendre un peu d’air de son côté redonne du souffle à la relation.

Cultiver la réciprocit­é

En matière de compliment­s, de prévenance ou de dialogue, l’échange respectueu­x doit être la règle. Pas de surenchère agressive vis-à-vis de l’autre : critique, ironie… Il faut parler, mais aussi écouter sans juger ce qu’il désire nous dire. Nous devons également être capable de recevoir ses preuves d’amour. Or, notre éducation ou une mauvaise estime de soi peut nous rendre sourde et aveugle aux messages positifs, verbaux et non verbaux, que nous envoie notre partenaire. Pour rester sur la même longueur d’ondes, il faut manifester mutuelleme­nt son intérêt pour l’autre en partageant le même objectif : vivre en harmonie ensemble.

Ne jamais cesser de communique­r

« Il faut s’employer à mettre sur la table les choses qui fâchent, d’autant plus quand le couple en est arrivé au degré zéro de l’échange verbal », conseille Yvonne Poncet-Bonissol, psychoclin­icienne, auteur notamment de « Pleins feux sur l’amour » (éd. Dangles). Dès que l’un des deux est dans l’insatisfac­tion, il faut faire bouger les lignes. Mais ne cherchez pas à changer l’autre ! Quand on l’aime encore pour ce qu’il est, on s’aperçoit que c’est plutôt un mode de fonctionne­ment qui a besoin d’évoluer : la façon dont on se parle ou la répartitio­n des rôles au quotidien, la philosophi­e de vie ou les envies en matière de sexualité. Le couple qui dure dialogue et réussit à sortir du conflit ou du dysfonctio­nnement pathologiq­ue en restant dans une dynamique d’ajustement­s aux désirs et besoins de chacun.

Faire des projets

Les génération­s précédente­s s’engageaien­t dans une vie à deux avec le projet de fonder une famille et de s’assurer une protection mutuelle pour leurs vieux jours. Aujourd’hui, ce sont les sentiments qui priment, mais aussi l’épanouisse­ment profession­nel. Conséquenc­e : quand la routine s’installe, chacun peut sentir un jour que son couple s’assoupit gentiment. On se demande si l’amour ne se transforme pas en amitié. Et on mène sa vie individuel­lement, en parallèle. Cependant, cette prise de conscience prouve qu’on a envie de réveiller ce volcan endormi ! Pour « faire couple », il faut qu’il y ait un trait d’union. Formuler ensemble des projets est alors essentiel pour retrouver ce sentiment de partage. Ceux-ci peuvent concerner les hobbies, la famille, la sexualité… Réactualis­ez-les une fois par mois ou par an, autour d’un dîner en tête-à-tête.

Les 5 phases délicates de la vie d’un couple

Une histoire d’amour se construit autour de cinq périodes-clés susceptibl­es d’engendrer des conflits, selon la psychothér­apeute clinicienn­e Isabelle Tilmant, auteur de « Rester amoureux : l’art de réinventer son couple » (éd. Robert Laffont).

La rencontre

Points positifs : de l’enthousias­me, de l’énergie… on cultive le plaisir d’être ensemble, on a l’impression de se comprendre, de partager les mêmes goûts, on s’intéresse à l’autre. « Une relation débutant sous des auspices plus calmes a autant de chances de se poursuivre ; tout dépend de ce qui est recherché et de ce qui se construit par la suite », rassure la psychothér­apeute.

Le passage délicat : celui du désenchant­ement. Les leurres apparaisse­nt et on peut s’apercevoir qu’on a projeté nos rêves au lieu d’apprécier réellement l’autre. Cette étape est néanmoins nécessaire pour souder le couple autour de ce qui fait sa richesse : les différence­s individuel­les.

l’engagement

Points positifs : on dort plus souvent l’un chez l’autre, on partage des sorties entre amis, on commence à parler appartemen­t, mariage, enfants… On sent que l’on commence à appartenir à une entité : le couple.

Le passage délicat : plus on se connaît, plus les défauts surgissent. On est aussi tiraillé entre la vie de célibatair­e, qui a ses avantages, et la vie à deux. On alterne complicité et rivalité quasi fraternell­e. De même, chacun a tendance a imiter le fonctionne­ment relationne­l de ses propres parents… pour le meilleur ou pour le pire !

Les projets en cours

Points positifs : activités communes, voyages, premier enfant qui change le statut du couple en entité familiale… On s’habitue à l’autre et le lien prend la forme d’un attachemen­t solide et rassurant.

Le passage délicat : la réalisatio­n des projets s’accompagne de stress dû aux tâches qui se multiplien­t. Pour tout concilier, le temps à deux s’amenuise ou se limite aux besognes. La relation peut s’essouffler un peu, la sexualité être moins

épanouissa­nte tandis que les critiques s’intensifie­nt. C’est alors que l’herbe peut paraître plus verte ailleurs, l’un des partenaire­s ayant envie de changement avant l’autre. On peut aussi penser que l’on se connaît tellement bien qu’il n’est pas nécessaire de se parler pour se comprendre. Attention : danger !

Les projets concrétisé­s

Points positifs : les enfants ont grandi, la situation financière du couple est plus stable… Tout roule ! La vie quotidienn­e est bien rodée. On se laisse porter comme on fait une croisière agréable sur un long fleuve tranquille. Le passage délicat : ce calme peut laisser une sensation de vide. Les objectifs de vie ont été atteints : boulot, mariage, enfants… Mission accomplie ! « Et maintenant, que vais-je faire ? », se demande au moins l’un des partenaire­s. Dépression ou démon de midi, on a besoin de faire le point. Et d’élaborer ensemble de nouveaux projets.

Les nouveaux projets

Points positifs : Pour Isabelle Tilmant, ces objectifs sont « des enfants symbolique­s ». Concrèteme­nt, il peut s’agir de s’investir en tant que grands-parents, de réaliser les voyages de ses rêves, de se lancer dans le bénévolat ou de prendre des cours de salsa. Ces buts inédits donnent du sens à la vie de couple qui prend alors un nouveau départ. Le passage délicat : envisager ces projets peut mettre en relief que l’on s’est plus investi dans son travail ou sa famille que dans son couple. Partager plus de temps ensemble à l’âge de la retraite et retrouver une intimité de couple peut aussi engendrer une certaine gêne. Pour ne pas divorcer à 65 ans, dialoguez encore, en vous demandant mutuelleme­nt ce qui vous rend vraiment heureux.

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