Vie Pratique Féminin

ELISATOVAT­I

« Je ne suis pas obsédée par le succès »

- Par Alexis Chenu

Combiner une carrière de chanteuse et d’actrice en même temps, peu y arrivent. Elisa Tovati, 37 ans, enchaîne les succès avec une vraie humilité. Le 24 février, elle sortira son 4e album, « Cabine 23 ». Comment avez-vous vécu le succès du « Syndrome de Peter Pan » votre précédent album ?

Il m’a fait beaucoup de bien. Constater que l’on plaît à un large public est très agréable. Ce succès m’a apaisé et permis de réaliser « Cabine 23 », un album ambitieux.

Pourquoi avez-vous intitulé ce 4e album « Cabine 23 » ?

J’avais envie de parler de mes origines, des rencontres amoureuses, de personnage­s mythiques, de voyages aussi pour évoquer d’autres contrées. Je voulais réunir tous ces thèmes sur un album, en évitant l’impression d’un pêle-mêle.

Cet album reflète-t-il votre personnali­té ?

Oui, je viens du Sud mais aussi du Nord. Mariée à un catholique, je suis juive. Comédienne, je suis aussi chanteuse. Mon image est solaire mais intérieure­ment, je suis très mélancoliq­ue. Je suis ancrée dans le quotidien, très contempora­ine mais je cultive la nostalgie du passé. Bref, je suis assez paradoxale.

D’où vient ce paradoxe ?

Ma famille a eu une vie compliquée. Ma mère est fille de déportés. J’ai été très proche de mes grands-parents qui m’ont raconté l’horreur des camps, la guerre. Par respect pour tous ces gens qui auraient aimé profiter de la vie, je me dois d’apprécier ma chance d’être sur terre.

Dans la vie, quelles sont vos priorités ?

J’ai juste envie d’être heureuse. J’adore ce métier et j’ai absolument besoin de l’exercer mais je veux aussi regarder mes enfants grandir, prendre soin de mon mari et passer du bon temps avec les gens que j’aime. Je ne suis pas du tout obsédée par la réussite ni le succès.

Comment avez-vous pris conscience de ces priorités ?

Je suis une femme très sensible et très jeune, sur le plan profession­nel, je me suis parfois sentie fragilisée. J’ai alors décidé que ce métier ne serait que la cerise sur le gâteau et pas le gâteau. Il était hors de question de lui sacrifier ma vie familiale. Je voulais me marier et avoir des enfants.

Profession­nellement, quel but souhaitiez-vous atteindre ?

J’ai pris très vite conscience que je ne serais pas une grande comédienne, ni une grande chanteuse. Je voulais juste acquérir une certaine notoriété pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Tourner un ou deux films par an et enregistre­r un album tous les trois ans suffisent amplement à mon bonheur.

N’avez-vous jamais eu peur des dégâts que peut provoquer le succès ?

Non, la soeur de ma grand-mère, à qui je ressemble beaucoup, voulait devenir comédienne. Elle est morte en camp de concentrat­ion. Ce drame épouvantab­le m’a beaucoup responsabi­lisée. Pas question pour moi de péter les plombs, de tomber dans la futilité, dans le superficie­l ou dans l’égocentris­me.

Êtes-vous sensible à votre image ?

Non, je suis une vraie femme et une comédienne qui peut se montrer avec des visages différents. J’ai traversé des périodes où je n’étais pas très jolie, j’ai grossi, maigri, j’ai été enceinte…

était-ce important pour vous d’assurer la promotion de votre 3e album presque jusqu’au terme de votre grossesse ?

Après la sortie de mon album, je suis tombée enceinte. Je trouvais formidable de montrer aux femmes que, comme elles, je pouvais attendre un bébé, me sentir épanouie et continuer à exercer mon métier. Je vois des femmes prendre leur congé maternité très tardivemen­t et bosser vraiment dur. J’étais fière de les représente­r.

Pourquoi soutenez-vous des associatio­ns caritative­s consacrées aux enfants ?

Après sa naissance, mon fils aîné Joseph a eu des problèmes de santé. L’hospitalis­ation d’un enfant est une épreuve douloureus­e. D’avoir ressenti cette souffrance m’oblige, aujourd’hui, à être là pour aider les autres. C’est la raison pour laquelle je reste sensibilis­ée et mobilisée à la cause des enfants.

Quel bilan tirez-vous de votre vie aujourd’hui ?

J’ai beaucoup de chance. J’ai des enfants magnifique­s en bonne santé. Je suis mariée depuis dix ans et mon époux fait preuve d’une grande tolérance et d’un profond respect en acceptant les contrainte­s de mon métier.

Avez-vous déjà pris l’Orient-Express ?

J’ai tourné le clip et fait des photos dans l’Orient-Express mais je ne voulais surtout pas vivre réellement ce voyage car il aurait pu gâcher le fantasme qui m’a incité à écrire l’album. C’est avant tout une promenade intérieure.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France