Psycho-sexo
La tentation, ça a du bon !
Mais, au fait, être tentée, ça veut dire quoi exactement ? On a posé la question à Marie-Laure Cazaentre, psychologue à Toulouse : « Être tenté signifie être attiré par quelque chose ou par un acte qui implique d’avoir à franchir un interdit, d’ordre moral, social, ou autre. » La tentation a un côté sulfureux, on sait pertinemment qu’on est en train de faire quelque chose qu’on ne devrait pas faire. On pourrait presque dire que ça nous ramène doucement à l’enfance, quand on désobéissait à ses parents. C’est précisément cette sensation de franchir un interdit qui rend la tentation si attractive. On met un peu de piment dans son existence. On déroge à la règle et on apprend encore à se surprendre. Seulement, on n’est pas tentées par tout ce qui nous entoure, c’est certaines choses et certains actes qui semblent attirants. Car cette envie vient en général répondre à un manque : on rêve du carré de chocolat surtout lorsqu’on est au régime et on fantasme sur le voisin lorsqu’on est célibataire ou pas très bien dans son couple. Marie-Laure Cazaentre poursuit : « Une tentation peut être le révélateur d’un manque sans répondre pour autant à un besoin. » Elle joue le rôle de marqueur en signalant un vide dont on ne s’était pas forcément aperçu.
Toutes les tentations ne se valent pas
« À quelque chose près, dans le fond, le processus de la tentation est le même, quel que soit son domaine ; en revanche, être tenté par une tablette de chocolat n’a pas la même incidence qu’être tenté par un détournement d’argent, ou par la femme de son meilleur ami », explique la psychologue. La vraie question à se poser face à une envie irrépressible de franchir un interdit, ce sont les conséquences et si on est prête à les affronter, car la tentation ne se fonde pas sur un raisonnement : « La tentation n’obéit pas à un acte posé en responsabilité. Il faut donc apprendre à rationaliser et à contrebalancer le pour et le contre de chaque tentation. Ainsi, on sera en mesure de juger si elles sont susceptibles d’être bonnes pour soi ou non », détaille-t-elle encore. Parfois, certaines envies ne sont là que pour fuir un problème plutôt que pour y répondre. Face à une certaine pression, on préfère céder à une pulsion plutôt que d’avoir à décider. « La tentation peut venir pour combler un vide, mais ce n’est qu’une illusion. Puisque le problème qu’elle est censée régler – et dont elle serait la solution – est lui toujours présent… » La bonne tentation serait surtout celle qui apporte de l’imprévu, une dose de légèreté et dont les conséquences ne viendraient pas gâcher le plaisir de la satisfaction.
Un outil pour être serein et heureux
Contrairement à ce qu’écrivait Oscar Wild dans « Le portrait de Dorian Gray », le seul moyen de se débarrasser d’une tentation n’est pas forcément d’y céder. Cela nous éloignerait en permanence du statut « d’acteur de nos choix », précise Marie-Laure. On ne peut pas se laisser guider dans l’existence seulement par nos envies irrationnelles. En les laissant s’exprimer, elles se succéderaient et on ne serait jamais vraiment comblées et toujours en quête de nouveaux plaisirs. S’il faut se décharger des tentations pour avancer sereinement, « il ne s’agit pas forcément d’y céder mais au moins de les comprendre. », précise notre psychologue. On doit en chercher l’origine. Cela oblige presque à faire une introspection et ainsi à se connaître, à se faire face. « Prendre en charge ses choix, sa vie, c’est aussi avoir le courage d’affronter ses problématiques. Mettre de côté nos tentations, cela peut être douloureux parfois mais au final c’est toujours très libérateur ; on en ressort plus fort et plus heureux », conclut Marie-Laure.