Vie Pratique Féminin

JULIETTE ARNAUD

« Quand on a un physique plutôt banal, on est forcé de se bouger »

- Par Nicole Real

Après le succès de la pièce « Arrête de pleurer Pénélope » et son adaptation au cinéma, Juliette Arnaud remonte sur les planches. À partir du 25 juin 2014 et tout l’été, la comédienne joue « Frangines » à Paris, au théâtre Trévise. Portrait d’une femme bien dans sa tête et ses pompes Comment avez-vous vécu le succès de « Arrête de pleurer Pénélope » ?

Aucune ivresse n’est à la hauteur de la sensation que procure le succès. C’est magnifique.

Parlez-nous de « Frangines », la nouvelle pièce que vous jouez actuelleme­nt ?

Elle aborde le thème de la famille sous l’angle de la comédie. Quelles obligation­s a-t-on vis-à-vis des siens ? On peut très bien n’avoir aucune affinité avec une soeur ou un frère.

Êtes-vous fille unique ?

Non, j’ai un frère, que je vois rarement car il vit à l’étranger. Chaque fois qu’il y a un problème avec mes parents, c’est moi qui m’y colle. Je suis le médecin de garde de cette famille. Il n’y a pas de hasard. J’occupe exactement la place qui me convient et mon frère aussi.

Aviez-vous une image de la famille idéale ?

Oui comme tout le monde, celle de la « Petite Maison dans la prairie ». Papa est fort et rassurant. Maman fait de bonnes tartes à la maison avec un tablier propre. Il y a une petite soeur un peu merdeuse, une grande soeur très douce et le petit frère très rigolo. Sans oublier le chien !

Qu’est ce qui vous a poussé à monter sur une scène de théâtre ?

Le goût des mots et mon côté un peu narcissiqu­e. J’aime bien faire rire les gens, c’est une manière de tester mon pouvoir sur les autres (rire).

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire des pièces de théâtre ?

Si on n’a pas un physique de jeune première mais qu’on veut être actrice, on est obligée de trouver une idée pour se démarquer. Il n’y a déjà pas de boulot pour les jolies filles, alors quand on a physique plutôt banal, on est forcé de se bouger.

Avez-vous souffert de ne pas avoir ce physique de jeune première ?

La beauté, la laideur, la taille, le poids, on vit dans une société où chaque détail nous catégorise. Le vivre ou pas comme un enfer ? C’est à chacun de décider. J’ai choisi de ne pas subir ce genre de diktat. Mon enveloppe corporelle, dont je ne suis pas responsabl­e, ne doit pas être cause de souffrance. J’ai très peur de vieillir, mais pas question de retoucher mes rides.

Êtes-vous d’un naturel angoissé ?

Je pensais l’être mais, après quinze ans dans le milieu artistique, je m’aperçois que je le suis beaucoup moins que la plupart de mes collègues.

Ce métier vous apporte-t-il un certain équilibre ?

Oui, car la précarité de ce métier se complète très bien avec mon instabilit­é congénital­e. Je lis et je dors beaucoup, d’où une très bonne santé mentale qui me protège des grandes catastroph­es.

Est-ce votre maman, professeur de lettres, qui vous a transmis cette passion pour la lecture ?

Oui, c’est une sorte d’atavisme. Lorsque le moral tangue vers le bas, je prends un bouquin, je fais une sieste et tout va bien.

Il paraît que les femmes qui ont de l’humour font fuir les hommes…

Certains hommes seulement, et ceux qui fuient ne m’intéressen­t pas. Je n’ai donc aucun problème (rire). Ceux qui restent me vont bien au teint.

Croyez-vous à la vie de couple ?

J’y suis bien obligée, je suis en couple depuis six ans.

Vivre à deux vous permet-il d’être moins narcissiqu­e ?

Certaineme­nt pas (rire) ! Si l’amour rendait moins narcissiqu­e, on le saurait. Pour être moins égocentriq­ue, il faut s’occuper d’autre chose que de soi-même. En plus de mon mec, j’ai un chien, un chat, des amis.

Envisagez-vous d’avoir un enfant ?

Oui, mais si j’ai reculé des deux pieds pendant très longtemps c’est, justement, à cause de mon côté narcissiqu­e. Vivre en n’ayant « rien dans les mains, rien dans les poches » me plaît. Élever un enfant est une lourde responsabi­lité.

L’écriture est-elle plus importante que la lecture ?

Non, pour moi la lecture se situe au-dessus de tout. Devenir aveugle est un de mes cauchemars récurrents. Quelle angoisse !

Avez-vous d’autre projet ?

Oui j’ai terminé l’écriture d’un petit roman de 150 pages, « La chanson de Tessa », que je n’ose pas envoyer aux éditeurs. Mon frère m’a dit que ce livre est tout simplement fan-tas-tique (rire).

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