Vie Pratique Féminin

Le jour où… J’ai rejoint la Marine nationale

Il y a vingt ans, Christine, aujourd’hui capitaine de frégate, s’est engagée dans la marine. Elle y a découvert une seconde famille et a fait sienne les valeurs de cette institutio­n. Rencontre.

- Par Marie Gabet

Comment vous êtes-vous lancée dans cette aventure ?

Sûrement pas par hasard, mais pas par vocation non plus. C’est bien simple, je n’avais jamais mis les pieds sur un bâtiment avant, à part les bateaux-mouches ! Mais j’étais sensibilis­ée. J’habitais Bezons, à proximité de La Défense et tous les ans, je regardais le défilé du 14 juillet. J’ai signé pour un uniforme et des valeurs. Par désir de voyager également. Enfin, c’était une façon de m’assurer des études supérieure­s.

Vous seriez-vous imaginé dans ce milieu-là étant petite fille ?

Absolument pas ! J’ai fait mes études dans un lycée franco-allemand. Avec mon bac scientifiq­ue, j’espérais devenir ingénieur. C’est lors d’un forum étudiant que j’ai découvert la Marine nationale. L’École navale venait juste d’ouvrir ses portes aux femmes.

Que vous apporte votre métier ?

Chaque mission a son lot d’expérience­s enrichissa­ntes, et notamment humaines. C’est un métier opérationn­el, dans lequel il faut savoir gérer l’imprévu.

À quoi ressemble votre quotidien une fois de retour chez vous ?

Je suis maman, et cela occupe mon temps libre ! J’ai une petite fille, Lucie, qui a 1 an. Et un petit garçon de 3 ans, Baptiste. C’est pour concilier mon métier et mon devoir de maman que j’ai demandé un poste à terre après mon deuxième commandeme­nt.

Comment votre famille voit-elle votre carrière ?

Quand j’ai embarqué pour la première fois, j’ai laissé sur le quai une maman en pleurs. Mais mes parents ont toujours été très fiers de moi. Mes enfants comprennen­t aussi ce que je fais. Je leur explique, leur raconte. D’ailleurs, un des premiers mots qu’a dit mon fils, c’est « bateau ». Et Lucie sait déjà le dire également ! Baptiste était là quand on m’a remis la médaille de chevalier du Mérite maritime, et il était très fier de poser à côté de sa maman en uniforme.

Êtes-vous encore confrontée à un certain machisme dans ce métier où oeuvre une grande majorité d’hommes ?

En vingt ans, je dois dire que j’ai vu une grande évolution à ce sujet. Lors d’une nouvelle affectatio­n, on voit d’abord la femme que je suis. Mais après quelques semaines, les collègues ne voient plus que l’officier. Je suis souvent la seule femme, mais l’expérience aide à avoir la même crédibilit­é que les hommes. Quand j’ai commandé mon bâtiment, j’ai dû donner des ordres difficiles, comme celui d’ouvrir le feu. Et là, tout le monde n’écoute plus que l’ordre, il n’y a plus de différence, et le premier coup retentit.

Qu’est-ce que vous diriez aux jeunes filles qui, à leur tour, voudraient tenter l’expérience ?

Que je suis parfaiteme­nt heureuse et épanouie. Que la marine me permet de vivre des choses variées. J’ai porté assistance à des navires, combattu des narcotrafi­quants et des pirates. Et j’ai ainsi navigué sur toutes les mers du monde. J’insisterai­s également sur l’aventure humaine. À chaque nouvelle affectatio­n, j’ai rencontré une nouvelle famille. C’est pour toutes ses raisons que je conseiller­ais aux jeunes femmes de se lancer. Ce n’est pas une question d’hommes ou de femmes d’ailleurs, mais de volonté et d’envie de nouveauté. De remise en cause et de désir d’apprendre toujours.

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