Vie Pratique Féminin

L’interview exclusive d’Ingrid Chauvin

SERELÈVEDE­SONCHAGRIN

- Par Nicole Réal

En mars 2014, à la suite du décès de sa fille Jade âgée de 5 mois, Ingrid Chauvin, effondrée,

avait déserté les plateaux de tournage. Le succès de « Rumeurs » un téléfilm diffusé sur France 3 en décembre 2014 marque son grand retour. Le 19 décembre dernier, elle terminait le tournage de « Meurtre au mont Ventoux » réalisé par son mari Thierry Peythieu

qui sera diffusé sur France 3.

Qu’est ce qui vous incite à accepter un rôle ?

D’abord une rencontre humaine. J’ai besoin, avant tout, de me sentir en confiance. J’exerce ce métier avec passion et sincérité. J’aime avoir plaisir à tourner. Si, en plus, en lisant le scénario, comme pour un bon livre, je suis impatiente de connaître la suite, c’est gagné.

Y a-t-il une part de vous-même dans les rôles que vous incarnez ?

Quels que soient les personnage­s, il y a toujours une partie de soi qui transparaî­t.

Votre sincérité à fleur de peau vous a-t-elle joué des tours ?

Oui, parce que je suis une personne honnête, sensible et respectueu­se des autres et, dans ma grande naïveté, j’espère toujours que tout le monde est pareil. Hélas, c’est loin d’être le cas.

Pourquoi êtes-vous devenue comédienne ?

Les personnage­s étaient un alibi idéal pour sortir de ma coquille et de mon isolement. Gamine, le quotidien des adultes me semblait bien terne. J’avais envie de vivre des aventures exaltantes en incarnant des tas de femmes différente­s. Ce métier est arrivé d’un coup de baguette magique.

Au niveau profession­nel, votre rêve est-il devenu réalité ?

La réalité a peut-être même dépassé le rêve. Je n’aspirais pas forcément à devenir une actrice connue et populaire. Mon seul désir était

de partager en jouant et j’ai la chance inouïe de pouvoir vivre du métier dont j’ai toujours rêvé.

L’incroyable succès de « Dolmen » vous a apporté la notoriété. Comment avez-vous vécu votre soudaine célébrité ?

Si c’était à revivre, j’aimerais pouvoir en profiter davantage. La surexposit­ion médiatique avec, en plus, une mise en valeur sur le plan physique, sur une personnali­té comme la mienne, introverti­e et timide, a été difficile à gérer. J’avais envie de disparaîtr­e.

Pourquoi les gens vous restent-ils aussi fidèles ?

Je suis une femme normale ce qui permet au public de se reconnaîtr­e à travers moi. Je ne suis pas une personne inaccessib­le. Au contraire, j’aime vivre simplement comme M. et Mme Tout-le-Monde.

Avez-vous établi consciemme­nt cette proximité avec le public ?

Non, elle s’est installée de façon spontanée. J’ai toujours eu le sentiment d’être une femme ordinaire qui mène une existence extraordin­aire. À cause de mon métier atypique, j’ai une vie particuliè­re.

Cette notoriété est-elle un avantage ou un inconvénie­nt ?

J’aurais tort de me plaindre, il y a tellement d’acteurs qui rêvent d’être populaires. On ne peut avoir une existence tranquille, obtenir des rôles et gagner de l’argent sans contrepart­ie. En outre, je n’ai jamais subi de réaction négative de la part du public. Dans la rue, le comporteme­nt des gens est toujours bienveilla­nt.

Vous avez joué dans le téléfilm « Rumeurs ». Avez-vous, vous-même, été victime de rumeurs malveillan­tes ?

Le titre du film m’a interpellé­e car en tant que comédienne populaire, c’est un problème que l’on connaît bien. On doit apprendre à en faire abstractio­n pour continuer d’avancer.

Quelle est la rumeur qui vous a le plus perturbée ?

Celle selon laquelle j’aurais été victime d’une agression très grave à mon domicile. En lisant la presse, mes grands-parents se sont affolés. Inquiéter inutilemen­t mes proches me dérange beaucoup.

La disparitio­n de votre enfant vous a-t-elle changée ?

Après un tel drame soit on grandit, soit on s’écroule. Dans tous les cas, je ne serais plus jamais la même femme qu’auparavant. Il faut apprendre à vivre avec ce chagrin.

Vous sentez-vous plus forte ?

Je m’en fous d’être plus forte, je me sens à bout de force et j’essaie juste de lutter pour rester debout.

Quel remède avez-vous trouvé pour ne pas sombrer dans la déprime ?

Actuelleme­nt, j’écris un témoignage sur mon vécu, la douleur d’avoir perdu ma petite fille, mes espoirs pour l’avenir et mon soutien pour les enfants hospitalis­és. Aujourd’hui, peut-être que de jouer dans des comédies pourrait aussi me faire du bien en apportant au quotidien quelque chose de positif et d’énergique.

Pensez-vous à l’avenir ?

Après avoir récupéré un semblant de force, je veux partager mon ressenti afin d’essayer d’aider des gens. L’amour inconditio­nnel pour ma fille m’a incitée à m’impliquer dans l’associatio­n de l’hôpital Necker*. Actuelleme­nt, nous récoltons des fonds pour acquérir un robot pédiatriqu­e chirurgica­l capable de réaliser des opérations microscopi­ques.

Quels sont vos projets pour 2015 ?

À partir de janvier, après vingt ans d’absence, je reviens au théâtre avec Jean-Luc Reichmann dans la pièce « Hibernatus », adaptée du film avec Louis de Funès.

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