LES ÂNES ONT CHANGÉ LEUR VIE !
D’abord Sylvie, la maman, en 2005 ; puis Mathieu, le fiston, il y a deux ans. Avec la famille Dalibard, pas de doute, les ânes sont bien gardés… et les savons de qualité !
Dans sa pâture enneigée de Haute-savoie, nichée à 850 mètres d’altitude entre Annecy, Chamonix et Genève, Mathieu reconnaît que ce n’est pas toujours simple au quotidien. Lui qui a quitté, du jour au lendemain, son travail dans la décoration et le prêt-àporter à Bruxelles, ne s’accorde plus aucun salaire aujourd’hui. « Une transition brutale dans ma vie de citadin stressé ! Mais s’occuper de 24 ânesses et de leurs ânons, au grand air, ça vaut tout l’or du monde. Alors quand il a fallu prendre la suite de maman, tombée malade, je ne me suis pas posé de questions…
j’ai tout plaqué ! » explique le jeune homme de 28 ans. Une décision lourde de conséquences, mais salutaire. « De ne plus être enfermé quelque part, j’ai eu l’impression de revivre. Bien sûr, il y a des contraintes : travailler avec des animaux qui demandent beaucoup de soins, particulièrement en agriculture biologique, développer une entreprise avec des valeurs, c’est dur. Mais quand depuis mon tracteur, je m’arrête pour contempler le paysage immaculé sous un beau ciel bleu, je savoure ma chance. » Ces moments précieux faisaient aussi le bonheur de sa maman, Sylvie Dalibard qui, à l’âge de 40 ans, avait tiré un trait sur sa carrière médicale pour retourner sur les bancs du lycée agricole. Portée par une passion viscérale pour les ânes, elle apprend les techniques de l’asinerie. Et, en 2010, décroche son diplôme d’asinothérapie, thérapie par les ânes qu’elle propose alors aux enfants et aux handicapés. Après une formation en cosmétologie, elle crée Daliane, marque bio de savons au lait frais d’ânesse. « INFIRMIÈRE, JE SUIS DEVENUE FERMIÈRE » Si elle s’amuse, encore aujourd’hui, de cette analogie de sonorités entre son ancien métier et le nouveau, les ânes ont bel et bien bouleversé la vie de Sylvie. Et celle de son fils Mathieu, 15 ans à
l’époque. « Je continue dans ses pas, avec les mêmes valeurs. J’ai repris les formulations des six savons à l’identique, et n’utilise toujours que des huiles de première pression à froid, issues du commerce équitable, que ce soit pour les huiles essentielles ou végétales. Le but étant de proposer le meilleur savon possible, souligne le
jeune homme. Car les savons estampillés “au lait d’ânesse” que vous trouvez en France sont dosés à 10 ou 20 % maximum. Les nôtres en contiennent 42 %. C’est le maximum que l’on puisse incorporer pour que la saponification à froid fonctionne, tout en conservant l’onctuosité du savon. »
TRANSMISSION FAMILIALE ET AU-DELÀ
« C’est aussi maman qui m’a formé à ce métier de savonnier, que je trouvais un peu fou au départ, je l’avoue, moi qui utilisais gel douche et shampooings liquides sans me poser de questions. Pour peu qu’on s’y intéresse, on se rend vite compte que la nature a des remèdes extraordinaires à nous proposer ! Toute l’année, j’échange avec des producteurs de matières brutes, par exemple de gelée royale, pour voir si cela peut améliorer mes savons. En parallèle, je reçois de nombreuses écoles, afin de former les enfants aux cosmétiques. Je veux leur montrer qu’avec des choses naturelles et simples, on peut se laver et s’hydrater la peau sans pétrochimie ni perturbateurs endocriniens. C’est une démarche pédagogique, à laquelle je crois fermement. Je tiens bon la barre car je me dis que plus longtemps la ferme avec les ânesses existera, plus cette approche du naturel entrera dans les moeurs. Et que cela profitera aux générations futures. »