Chloé Nabédian « Il faut rester optimiste »
Qui est mieux placé que la chevronnée journaliste météo de France 2 pour parler climat ? Pour Natur’elle, Chloé Nabédian se penche sur cette grande question, désormais aussi environnementale que politique. Propos recueillis par Jean-pascal Grosso Au départ « pastille » destinée à savoir quel temps il fera le lendemain, la météo est devenue un sujet presque central et pédagogique. Cette évolution est-elle née d’une volonté du service public ou d’une demande des spectateurs ?
C’est un mélange des deux. Je m’étais déjà rendu compte, lorsque je travaillais à i>télé, qu’il y avait ce désir de comprendre ce qu’il se passait. Après la COP21, en 2015 au Bourget, et à mon arrivée sur France 2, il y a tout de suite eu ce projet de développer la météo comme une spécialité à part entière. Avec le dérèglement climatique actuel, on a besoin de saisir ce qui arrive et de pouvoir s’en prémunir. En l’espace d’un an, le journal météo de 20 h 40 a gagné 300 000 spectateurs. Nous avons répondu, je pense, à une attente.
Peut-on encore être optimiste ?
Oui, il faut le rester. Au niveau mondial, les avancées sont notables. Après, nous sommes encore loin du compte en ce qui concerne la réduction du réchauffement climatique. Jamais nous ne pourrons maintenir le réchauffement à 1,5 °C. Nous sommes déjà à 1 °C aujourd’hui. Le rétropédalage est impossible. Mais des outils sont en train d’être mis en place pour pouvoir s’adapter.
Quelles sont les réactions du public concernant la météo ?
Elles sont doubles. On nous remercie des prévisions, mais aussi des explications. Il y a également des réactions plus frontales comme lors des chaleurs records dans le sud-est de la France. Des habitants nous écrivaient : « Arrêtez de dire que c’est bien qu’il fasse beau, pour nous, c’est un désastre ! »
Comment se prépare une émission météo ?
Il faut saluer ces scientifiques souvent méconnus qui font un travail extraordinaire, ici ou à l’étranger. Je suis en relation constante avec eux. Quand il y a des situations atypiques, je peux les contacter afin d’obtenir des précisions et les faire passer, ensuite, à la rédaction de France 2. Comme il n’y a pas de dépêches AFP en météo, il faut tisser un réseau autour de nous pour recouper les informations. C’est très important : il y a aussi de nombreuses fake news dans notre secteur !
Le climat, un nouvel enjeu politique absolu ?
C’est certain, il a de quoi s’inquiéter de la sortie des accords de Paris décidée par Donald Trump. Si la réalité du dérèglement climatique est aujourd’hui incontestable, il faut malgré tout faire attention à ne pas tomber dans l’extrême inverse et mettre tous les maux de la météo et du climat sur cette idée-là. Il faut prendre du recul et ne pas réagir à chaud sur certains événements. C’est pour cela que nous faisons toujours attention dans la manière d’aborder et de présenter nos informations.