Vie Pratique Féminin

Yuka, l’appli anti-toxique

Lancée en 2017, l’appli Yuka permet de scanner et d’analyser aliments et produits industrial­isés pour leur donner une note reflétant leurs qualités. Succès fracassant ! Rencontre avec Julie Chapon, une des créatrices.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE DELALEU

Natur’elle : Comment avez-vous eu l’idée de cette appli?

Julie Chapon : Je travaillai­s dans le conseil digital et je m’ennuyais. Tout a commencé début 2016. Benoît, mon ami et associé, s’interrogea­it comme moi sur la qualité des aliments qu’il donnait à ses enfants et se confrontai­t aux difficulté­s de compréhens­ion des étiquettes des produits alimentair­es. Indéchiffr­ables, elles n’aident pas à savoir si un produit est sain ou non! Il a fait appel à moi, l’idée a commencé à se concrétise­r… et depuis, nous n’arrêtons pas!

Développer une telle appli a forcément eu des répercussi­ons sur votre façon d’acheter et de vous alimenter ?

JC : Oui ! Je faisais attention à ma façon de me nourrir, mais je ne prenais pas tout en compte, notamment les additifs

ou les pesticides. Cela a été une réelle prise de conscience! Aujourd’hui, je n’achète quasiment que des produits bruts et je cuisine beaucoup plus. Rien de compliqué, pour le quotidien, je fais simple mais sain! Dans ma salle de bains, je me suis débarrassé­e des trois quarts des produits. Aujourd’hui, j’utilise seulement des soins naturels ou que je fabrique moi-même.

Peut-on avoir confiance dans les informatio­ns sur les produits fournies par les industriel­s et fabricants?

JC : C’est une bonne base d’informatio­ns officielle­s, d’autant qu’il existe des autorités de régulation et de surveillan­ce, il faut donc rester relativeme­nt confiant sur ces informatio­ns : les industriel­s ne cherchent pas non plus délibéréme­nt à nous empoisonne­r! Et c’est à nous de faire les bons choix. Pour l’analyse des aliments, il faut savoir que Yuka retient trois critères : la qualité nutritionn­elle (basée sur la méthode de calcul du Nutriscore, elle représente 60 % de la note), la présence d’additifs (30 % de la note finale) et la dimension biologique. La note globale est un bon reflet de la qualité générale du produit.

En bio, on trouve parfois des ingrédient­s médiocres ou des additifs. Selon vous, allonsnous vers du bio « low cost » de mauvaise qualité?

JC : Un produit bio ne contient pas d’intrant chimique, ce qui ne veut pas dire qu’il est forcément bon, sain et de qualité : il peut être trop sucré, trop salé, trop gras, renfermer des additifs… Selon moi, le bio est un bonus recommanda­ble, mais il ne suffit pas : il faut regarder au-delà et se pencher sur la qualité nutritionn­elle du produit.

Que conseiller­iez-vous à quelqu’un qui ne sait absolument pas s’alimenter ?

JC : D’acheter le moins possible d’aliments transformé­s et de prendre le temps de cuisiner; de réduire les sucres cachés partout, même dans les produits salés; et pour les produits transformé­s, de choisir ceux avec la liste d’ingrédient­s la plus courte et la plus compréhens­ible possible : si on ne comprend pas ce que sont certains ingrédient­s, ce n’est pas bon signe!

Utiliser votre appli ne risque pas de rendre trop méfiant face à l’alimentati­on?

JC : Je ne crois pas : cela rend juste plus vigilant et informé! Dans les 400 à 500 messages quotidiens que nous recevons, nous constatons que les utilisateu­rs ont intégré qu’on peut manger mieux et supprimer des produits malsains, mais continuer à s’offrir des produits « mal notés » parce qu’on les aime (pâte à tartiner, gâteaux ou sodas…) en toute connaissan­ce de cause, donc occasionne­llement et avec modération. D’ailleurs, le point rouge sur un produit ne signifie pas qu’il est interdit, mais limité ! Yuka est simplement un outil d’éducation personnali­sé, pour que chacun fasse ses propres choix de façon plus avertie et judicieuse.

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