Changement de vie – La pionnière du vrac
Avec Ô Bocal, Johanna Le Mau permet au commerce en vrac de trouver ses lettres de noblesse pour lutter contre le gaspillage en tout genre. Rencontre engagée.
« J’ai d’abord pensé à une amende », confie Johanna en se rappelant cette lettre officielle. En fait non : c’était l’assemblée nationale qui félicitait cette jeune Nantaise pour son engagement zéro déchet ! Une belle surprise, et surtout un joli clin d’oeil pour tout le parcours accompli. Car rien ne destinait cette fille de pompier, elle-même sapeur-pompier volontaire pendant cinq ans, à créer Ô Bocal, première boutique indépendante bio, vrac, local et zéro déchet de Nantes. « En fait, après mon master marketing spécialisé services, je voulais absolument travailler dans le tourisme et le bien-être », précise Johanna, passionnée et militante.
AU DÉPART, LES LÉGUMES « MOCHES »
Très engagée auprès d’associations locales, Johanna lutte par exemple
au côté de Disco Soupe, un mouvement « solidaire et festif » contre le gaspillage alimentaire. Tous les weekends, les membres de l’association récupèrent les légumes « moches » auprès des grandes surfaces pour les cuisiner et sensibiliser les passants. Le nombre de déchets l’effraie, et la démarche 5R initiée par l’écoféministe Béa Johnson l’attire : Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler et Composter
(to rot en anglais)… Elle commence le tri chez elle et réfléchit à une autre vie. En octobre 2014, une amie de Disco Soupe, Marion, étudiante, cherche un projet de fin d’études… Toutes deux pensent au vrac et au bocal.
« À l’époque il n’y avait que deux magasins dans toute la France ; aujourd’hui, il y en a plus de 200… » rappelle Johanna.
LE BON NOM
Tout proposer (de la farine aux pâtes en passant par les graines, le café, le thé…) sans utiliser de sacs et autres contenants inutiles, voilà l’idée. Du vrac, que du vrac… des producteurs aux consommateurs, qui viennent remplir leurs bocaux directement. Pour trouver le nom, les deux amies font appel à l’association Make Sense, une communauté de volontaires et entrepreneurs sociaux engagés. C’est finalement Johanna qui pense à Ô Bocal. Elle entame alors la chasse aux producteurs locaux, fournisseurs en circuit court, sans oublier les rendez-vous avec les banques… Seule, car Marion est partie à l’étranger poursuivre ses études.
UNE PREMIÈRE BOUTIQUE
En février 2015, elle s’engage à 100 % dans le projet, soirs et week-ends compris.
Elle y croit d’autant plus qu’en novembre 2015, dans le cadre de la Semaine européenne de la réduction des déchets, elle a mis en place une boutique de vrac éphémère qui a attiré plus de 1 000 clients en une semaine ! Une communauté s’est même créée sur les réseaux sociaux. Grâce à cette action concrète, les banquiers acceptent de la suivre. Et la campagne participative sur Ulule rapporte 12 000 € au lieu des 8 000 demandés… En septembre 2019, une deuxième boutique ouvre à Nantes, et l’équipe continue de s’agrandir ! Enfin, Ô Bocal fait partie des huit initiatives inspirantes sélectionnées cette année pour les 90 ans de la célèbre marque de bocaux Le Parfait. Bravo !
Johanna a tiré le meilleur de son expérience militante sur le terrain, pour faire adopter la distribution en vrac. Avant tout le monde !