Les facteurs roulent de plus en plus vert
Lors d'HyVolution, les journées européennes de l'énergie hydrogène, qui se sont tenues à Paris le 4 et 5 février dernier, La Poste a annoncé qu'elle allait lancer prochainement une phase de test de vélos à assistance électrique à pile à hydrogène, pour la tournée de ses facteurs. Et si cette grande entreprise française nous montrait la voie des éco-transports de demain ? Pierre-Arnaud Borel, chef de projet véhicules à la direction technique de la branche services courrier colis de La Poste, nous en dit plus sur cette initiative écolo. Qu’est-ce qu’un vélo à assistance électrique à pile à hydrogène ?
C'est un vélo électrique sur lequel on remplace la batterie lithium par une pile à combustible à hydrogène. Une bouteille à hydrogène est donc placée sur le porte-bagage et sert à alimenter la pile qui elle, se trouve derrière la selle, exactement à l'endroit des batteries actuelles, cela permet d'alimenter le moteur. Concrètement, c'est juste la fourniture d'énergie qui change sur le vélo électrique d'origine.
Sera-t-il nécessaire de modifier tout le parc de vélos existant ?
Si le test est concluant, nous allons simplement modifier les vélos électriques déjà existants. Visuellement, les vélos seront inchangés, nous retrouverons le même cadre ou les mêmes sacoches. Au niveau du poids, on est aussi sur quelque chose de similaire. Quant au comportement du vélo, il reste lui aussi tout à fait identique.
Avec quelles entreprises allez-vous travailler pour cette innovation ?
Pour mener à bien ce projet, nous travaillons uniquement avec des entreprises françaises. C'est Pragma industries, de Biarritz, qui fabrique la fameuse pile à combustible à hydrogène. Stelia Composites s'occupe de la bouteille. Ad-Venta fournit le système de régulation de la pression des gaz qui viendront alimenter la batterie. Ventec s'occupe de tout ce qui touche à la gestion de l'énergie. Et enfin, l'entreprise Cycleurope nous fourni les cadres des vélos. Un véritable travail d'équipe made in France.
Quelle est la différence avec un vélo électrique classique ?
L'autonomie est beaucoup plus importante et c'est vraiment ce dont avait besoin notre entreprise. Grâce à ce vélo à assistance électrique à pile à hydrogène, on double l'autonomie qui passe d'environ 25 km à 60 km. Bien sûr, cela reste des moyennes, tout dépend des conditions météorologiques, de la charge que l'on met sur le vélo et de son conducteur. Chaque tournée est différente, mais de manière générale, on a un usage sévère en terme d'autonomie, car il y a beaucoup de redémarrages et c'est ce qui demande le plus d'énergie. Le grand intérêt de ce nouveau vélo est aussi qu'il se recharge beaucoup plus vite. Alors qu'il fallait compter quatre à cinq heures, il suffit maintenant de changer la bouteille qui vient alimenter la pile. Cela prend une minute et le vélo est tout de suite prêt à repartir.
Comment allez-vous procéder pour recharger les bouteilles ?
Aujourd'hui nous sommes en phase d'expérimentation. Très prochainement, nous aurons dix vélos sur les routes aux alentours de Biarritz. L'entreprise Pragma, qui se trouve au même endroit, se chargera donc de la logistique de récupération de bouteilles vides et de leurs recharges. A l'avenir, je ne sais pas
quel sera le schéma adopté, mais on peut tout imaginer, de la station partagée à la station en interne.
Quelles sont les différentes phases de votre expérimentation ?
Le prototype est aujourd'hui opérationnel. Les quatre premiers vélos seront mis en service début mars et les six suivants en mai avec peut-être déjà, de premières améliorations. L'objectif au bout d'un an, si le test est concluant, est d'envoyer trente nouveaux vélos, dans d'autres régions.
Les facteurs ont-ils été directement impliqués dans ce projet ?
L'adhésion des facteurs est primordiale, c'est eux qui vont les utiliser au quotidien. Les facteurs associés au projet le suivent donc depuis le début et ont contribué à la fabrication même du prototype.
Comment allez-vous gérer les éventuelles réparations de ces vélos ?
Chaque établissement a son réparateur local. Donc s'il s'agit d'une panne mécanique classique, le réparateur habituel pourra s'en charger. En cas de panne électrique, on se tournera vers l'entreprise Pragma, au moins pour le diagnostique, afin de savoir si cette panne est liée ou non à la partie hydrogène.