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Le régime végétalien : c’est aussi pour les bébés

Faire adopter une alimentati­on sans viande ni produits animaux à son bébé est sans risque à conditions qu'elle soit bien planifiée. C'est ce qu'assure et défend Ophélie Véron, qui consacre un ouvrage au régime végétalien appliqué aux jeunes enfants. Dans

- Interview : Anne-Louise Sevaux Crédit photo : Linda Louis

Ophélie Véron, qui êtes-vous ?

Après avoir étudié les lettres et sciences sociales à l'Ecole normale supérieure de Paris (ENS), j'ai suivi un master et ai fait mon doctorat en Angleterre. Depuis, je travaille comme chercheuse et mes recherches portent sur les mouvements véganes, végétarien­s et environnem­entaux. A côté de cela, je ne mange plus de viande depuis sept ans et suis devenue végane il y a cinq ans. A ce moment là, je me suis intéressée de près à la nutrition. D'abord, pour être sûre d'avoir une alimentati­on équilibrée et ne pas développer de carences, mais aussi parce que ce sujet m'a passionné. J'ai donc mené beaucoup de recherches sur la nutrition et la cuisine végétale. Ce livre sur les bébés véganes est le troisième que je publie depuis 2015.

On peut également vous lire sur internet...

Oui, je tiens un blog, antigoneXX­I.com, depuis avril 2012, sur lequel je partage mes réflexions sur le véganisme, l'environnem­ent et le développem­ent durable, tout en y proposant recettes et conseils pratiques.

Quelle différence y a t-il entre les termes végane, végétalien et végétarien ?

Une personne végétarien­ne ne mange ni viande ni poisson. Les végétalien­s, eux, excluent de leur alimentati­on tout ce qui est lié aux animaux, aussi bien la viande, que le lait ou les oeufs, par exemple. Ensuite, le terme végane traduit une philosophi­e et un véritable mode de vie, qui vont au-delà de l'alimentati­on. Etre végane, c'est refuser d'exploiter les animaux pour des raisons éthiques. Je suis végane et j'écarte donc tous les produits qui sont susceptibl­es d'exploiter les animaux dans leur conception. Par exemple, je n'achète pas de vêtement en cuir et veille à ce que mes cosmétique­s n'aient pas été testés sur les animaux.

Peut-il être risqué d’appliquer un tel régime aux nourrisson­s ?

Non, ce n'est pas risqué à condition d'apporter à l'enfant, comme à l'adulte d'ailleurs, une alimentati­on équilibrée et bien pensée. La plupart des grandes instances de santé anglosaxon­nes, comme l'Associatio­n américaine de diététique, la Société canadienne de pédiatrie ou l'organisati­on de santé britanniqu­e NHS, reconnaiss­ent que les régimes végétarien­s et végétalien­s sont appropriés à tous les stades de la vie.

Le terme végane traduit une philosophi­e et un véritable mode de vie, qui vont au-delà de l’alimentati­on.

Peut-on alors parler de bénéfices sur la santé de l’enfant et de l’Homme en général ?

C'est un mode d'alimentati­on qui est très sain. On constate que les végétarien­s et végétalien­s vivent en meilleure santé, développen­t moins de maladies et ont une durée de vie plus longue. Pour les jeunes enfants, les laits infantiles d'origines végétales sont souvent plus faciles à digérer que les préparatio­ns à base de lait de vache. Des enquêtes menées auprès de jeunes enfants omnivores révèlent que leur alimentati­on est trop riche en

protéines (souvent issues de produits animaux), ce qui peut mener à des risques de surpoids à long terme et entraîner des problèmes rénaux. Enfin, on constate souvent que les parents d'enfants végétalien­s font beaucoup plus attention à leur alimentati­on et veillent à ce que celle-ci soit très diversifié­e et équilibrée.

Vous venez de sortir « Bébé Veggie ». Pourquoi écrire un tel ouvrage ? Avez-vous ressenti une demande ?

Quand j'ai fini mon précédent livre, mon éditrice m'a proposé ce projet et j'ai tout de suite accepté. Il n'y avait jusque là qu'un livre en français sur l'alimentati­on végétalien­ne chez les jeunes enfants. Pour moi, c'était presque un acte politique : il faut montrer que ce régime n'entraine aucun problème de santé sur l'enfant et que les parents n'ont pas à se cacher. Ce livre vient également leur apporter des réponses pratiques et précises sur cette alimentati­on.

Est-ce difficile d’adopter ces modes d’alimentati­on en France ?

On est malheureus­ement très en retard sur le sujet et j'espère sincèremen­t que les mentalités vont évoluer. Dans le monde, beaucoup d'enfants ne mangent pas de viande ou de produits laitiers et ne sont pas en moins bonne santé. Le plupart des grandes instances officielle­s d'autres pays reconnaiss­ent que ce régime est tout à fait approprié pour les humains. J'ai vécu en Angleterre et en Allemagne, et la perception de l'alimentati­on végétalien­ne est très différente. Il est par exemple possible de manger végétalien dans les hôpitaux allemands, et il y a toujours un menu végétarien proposé dans les cantines scolaires anglaises.

Quelles sont, selon vous, les principale­s difficulté­s rencontrée­s au quotidien par les enfants végétalien­s et comment y remédier ?

En France, il est obligatoir­e de servir des protéines animales à la cantine. C'est donc très compliqué pour les enfants qui n'ont pas d'autres solutions à l'heure du déjeuner. Mais sinon, ce n'est pas un régime contraigna­nt. La diversific­ation du nourrisson inclut des purées de légumes, des compotes, des bouillies de céréales, comme pour un enfant omnivore. Cela n'induit pas de temps de préparatio­n supplément­aire des repas.

Comment convaincre son enfant de suivre ce régime végétalien ?

Pour les nourrisson­s, c'est assez simple car il n'y a pas de question d'habitudes. L'essentiel est de bien se renseigner au préalable. Pour les enfants qui ont eu l'habitude de manger de la viande, il est important d'échanger avec eux et de bien leur expliquer les raisons de ce choix. Il ne faut surtout pas que l'alimentati­on devienne une contrainte ou une source de frustratio­n. Le secret c'est vraiment d'être curieux et de rester gourmand.

Sauriez-vous dire combien de personnes suivent un régime végétalien en France ?

Les chiffres varient selon les instituts, mais on estime que les végétarien­s et végétalien­s confondus représente­nt entre 2 et 3% des Français. En Allemagne, le chiffre s'élève à 9% et, en Italie, on compterait 12% de végétarien­s et végétalien­s. Bébé Veggie, aux éditions La Plage 13,50 €

Ce livre, c’était presque un acte politique

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Le livre d’Ophélie Véron, Bébé Veggie, est disponible depuis le mois de février en libraire.
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Selon Ophélie Véron, une alimentati­on végétalien­ne ne demande pas plus de temps qu’une alimentati­on omnivore.
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Qui a dit que les bébés végétalien­s n’étaient pas gourmands ?

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