Chic et écolo : bien vu les lunettes en bois !
Antoine Mocquard et Julien Tual sont Bretons, amis et plein d'idées. Alors que leur marque de lunettes de soleil en bois, Waiting for the sun, fête ses cinq ans prochainement, ils poursuivent plus que jamais leur démarche écologique et made in France en c
Waiting for the Sun, c’est avant tout une histoire de copains. Racontez-nous un peu votre rencontre, qui constitue la genèse de la marque...
Avec Julien, on s'est rencontré à Rennes, en Bretagne. Lui était encore étudiant et moi je commençais tout juste à travailler. Après s'être un peu perdus de vue, on s'est retrouvés à Paris en 2006. On passait beaucoup de temps ensemble et on a fini par s'installer en colocation. On a toujours échangé sur nos projets personnels et on a naturellement pensé à faire quelque chose en commun.
Quelles sont vos formations respectives ?
Si l'on résume, Julien vient de la mode, il est aussi graphiste et photographe. Ce qu'on pourrait appeler un touche-àtout ! De mon côté, j'ai travaillé avec plusieurs grandes entreprises, souvent dans le développement de produits. Nos parcours se complètent et surtout, on est très en phase sur le produit. Car c'est finalement la lunette de soleil elle même qui a été l'élément déclencheur de la société.
Des lunettes en bois, c’est plutôt intrigant comme produit. Pourquoi un tel choix ?
De manière générale, on a toujours eu une passion pour les lunettes. Aujourd'hui, les lunettes de soleil ont vraiment quitté leur statut d'accessoire utile pour devenir un véritable accessoire de mode. C'est un objet extrêmement intéressant, qui change un regard, un look, une personne. Seulement, en termes de formes, beaucoup de choses avaient déjà été exploitées. Si l'on voulait être innovants, c'était avec le matériau qu'il fallait se démarquer. On a donc déci- dé de conserver des formes classiques voire rétros, en les proposant en bois ! Une matière noble et renouvelable qui reste légère, sympa et élégante.
D’un point de vue technique, comment s’est passé le lancement ?
On a passé trois ans à mettre le produit au point. On a eu beaucoup de mal à trouver des partenaires qui nous faisaient confiance. Le prototype a été délicat à mettre en place également. Mais une fois lancé, nous étions les seuls sur le marché et nos lunettes ont très vite eu beaucoup de succès, en France comme à l'international. Au niveau des professionnels aussi l'engouement a été énorme.
Si l’on voulait être innovants, c’était avec le matériau qu’il fallait se démarquer
Aujourd'hui, nous avons tellement de concurrents sur ce marché que nous ne les comptons plus. On a donc choisi de se démarquer en allant vendre nos lunettes chez les opticiens, mais pour cela, il a fallu s'adapter.
Et c’est à ce moment qu’est née votre nouvelle marque Bois2 ?
Oui car nous avons revu nos priorités en travaillant avec les opticiens : il fallait faire plus d'optique et moins d'accessoires de mode. Nos lunettes en bois classiques ne peuvent par exemple pas être remodelées pour s'adapter aux verres ou aux visages des clients. Nos montures étaient aussi très fragiles. Nous avons pris en compte tous ces cri-
tères pour créer une nouvelle matière à base de sciure de bois et d'acétate de cellulose. Bien qu'il s'agisse d'une matière plastique, l'acétate de cellulose que nous utilisons est sans solvant et ne contient pas de plastifiant issu de pétrole mais de plantes. Il ne représente aucun danger pour la peau.
Peut-on parler d’une véritable démarche écologique derrière cette nouvelle marque ?
Lorsqu'on a lancé nos premières lunettes de soleil en bois, la démarche écologique était déjà lancée, mais nous ne sommes pas vraiment allés au bout. Avec Bois2 par contre, on y est allé à fond ! La matière que nous avons créée et brevetée est complétement biosourcée, recyclée et recyclable. Pour aller plus loin dans cette démarche, nous défendons aussi le 100 % Made in France. Du côté de la fabrication pure, on recycle plus de 50 % de nos déchets d'usine. Le reste est stocké et on étudie actuellement différentes pistes pour les utiliser au mieux.
Cette nouvelle matière écologique est-elle destinée uniquement à la fabrication de lunettes ?
Surtout pas ! C'est une matière presque magique qui mérite de dépasser le cadre de la lunette. Nous avons d'ores et déjà pensé aux boutons pour le prêt-à-porter par exemple. Elle a tout de même un défaut majeur : son prix. Elle est très chère et on ne peut pas se permettre de faire n'importe quoi avec. Mais de notre côté, nous sommes toujours partants pour de nouvelles applications.
A quel prix sont vendues vos lunettes ?
Le prix de nos lunettes peut aller de 200 € à 240 €. C'est le prix d'une belle matière, d'une monture faite à la main et en France.
Et au delà des lunettes, on vous retrouve aussi derrière Wait, une marque de vêtements masculins. Y a-t-il cette même démarche écologique ?
Nos vêtements sont produits en France, entre la Bretagne et Paris. Malheureusement, on est encore bien loin de la démarche défendue avec Bois2. Cependant, dès que nous pouvons faire un geste pour la planète, nous le faisons. Nos tee-shirts sont en coton bio, nous utilisons beaucoup de matières naturelles, comme la laine et dès qu'on peut mettre un peu de fibre bio, on le fait, mais pour le moment, cela s'arrête là.
Une matière biosourcée, recyclée et recyclable