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Le doggy bag s’invite à notre table

Le doggy bag, un nom certes amusant, mais que l'on entendait plus jusqu'à aujourd'hui dans les séries américaine­s qu'autour des tables de nos restaurant­s. Sauf que depuis le 1er janvier dernier, celui-ci semble avoir enfin trouvé sa place, avec pour objec

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Et vous, le doggy bag, vous en pensez quoi ? Yann, gérant du restaurant le Mooky's à Caen

"On a toujours proposé à nos clients d'emporter ce qu'il restait dans leurs assiettes, malgré cela, on sent parfois une certaine réserve de leur part. Soit parce qu'ils sont un peu honteux, soit parce que cela risque de les encombrer. Dans ces cas là, on leur propose de repasser chercher leurs plats plus tard, ou même le lendemain. Ils sont surpris par cette initiative mais contents. En leur confiant la nourriture, on prend soin de leur donner quelques conseils de conservati­on et de dégustatio­n. On fait pareil avec les bouteilles de vin, que les clients n'hésitent jamais à ramener ! Je trouve le concept du doggy bag très bien, et j'espère vraiment qu'il finira par se démocratis­er en France, car c'est un excellent moyen de lutter contre le gaspillage alimentair­e au quotidien.

Audrey, 30 ans, amatrice de restaurant­s

"Je trouve l'idée du doggy bag super ! Je l'utilisais beaucoup quand je voyageais au Canada et aux États Unis, là bas c'est monnaie courante et c'est tant mieux ! J'estime qu'on paye notre plat dans sa totalité et qu'on a par conséquent le droit de ramener les éventuels restes chez soi. C'est toujours agréable de trouver un bon plat dans son frigo le lendemain ! D'autant que cela évite le gaspillage et ce n'est pas négligeabl­e. Je suis très contente que les restaurant­s le proposent de plus en plus, cela évitera peutêtre de se faire regarder d'un mauvais oeil, notamment par les autres clients, lorsqu'on repart avec un peu de nourriture sous le bras.

Le doggy bag, qu’est-ce que c’est ?

Pas toujours facile de terminer les assiettes copieuses que l'on nous sert au restaurant. Il nous arrive alors souvent de laisser, avec regret, une partie de notre plat. Avec regret car on sait qu'il sera jeté à la poubelle. Si cela c'était produit dans notre cuisine, notre conscience de gourmand écolo aurait bien entendu mis l'ensemble au frigo pour le manger au prochain repas. Mais reconnaiss­ons que jusqu'à présent au restaurant, cette démarche est moins évidente. Et pourtant il y a ce concept que l'on connaît bien mais qui ne s'applique encore que trop peu en France : le doggy bag ! L'idée est particuliè­rement appréciée, depuis plusieurs années déjà, aux Etats-Unis ou dans les pays anglo-saxons de manière générale. Il ne s'agit pas forcément de lutter contre le gaspillage, mais aussi de pouvoir continuer, tout simplement, à se délecter d'un plat de chef à la maison. Seulement voilà, en France, ce doux pays de la gastronomi­e, cela fait mauvais genre, presque radin, que de demander à vouloir rapporter les restes chez soi. Alors depuis le mois de janvier, les profession­nels de la restaurati­on s'en sont mêlés, encouragea­nt les restaurate­urs à montrer l'exemple, en proposant à leurs clients d'emballer la nourriture restante pour qu'ils puissent la ramener chez eux.

Est-ce une obligation ?

Précisons que cette règle, qui semblait imposer les petites boites à la fin du repas, n'est en fait pas obligatoir­e mais fortement conseillée. L'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) insiste sur cette nuance. L'idée du doggy bag a été soufflée aux restaurate­urs car c'est pour eux un bon moyen de diminuer leurs déchets du quotidien, mais concrèteme­nt, rien ne les oblige à l'appliquer. Cette confusion, que l'on a pu lire dans les médias en début d'année, est probableme­nt due à l'obligation de trier des déchets qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2016. Une mesure imposée à certains établissem­ents, qui, s'ils ne jouent pas le jeu, pourraient se voir réprimande­r par une amende plutôt salée. C'est une des mesures du pacte national de lutte contre le gaspillage alimentair­e.

Le pacte anti-gaspillage, qu’est-ce que c’est ?

Ce pacte a été présenté en juin 2013 et s'appliquera progressiv­ement jusqu'en 2025. L'objectif, à terme, est de diminuer par deux le gaspillage alimentair­e. Il fait également écho à la loi sur les biodéchets ( lire encadré), votée en 2010. Si elle a commencé à être appliquée en 2011, nous sommes aujourd'hui en 2016 et arrivons dans la dernière phase de son applicatio­n. Et parmi les mesures obligatoir­es entrées en vigueur le 1er janvier dernier : le tri des déchets. Sont concernés les restaurant­s qui produisent plus de 10 tonnes de biodéchets par an, ce qui correspond aux établissem­ents servant environ 180 couverts quotidienn­ement.

Le doggy bag séduit-il vraiment ?

En France, le doggy bag n'en est malheureus­ement pas à son coup d'essai. Plusieurs fois relancé sur le devant de la scène, il a bien du mal à s'implanter. Du côté des clients, on a peur de passer pour une pince, ou on a parfois très peu envie de s'encombrer d'un sac de nourriture, surtout si d'autres activités nous attendent après le repas. Du côté des restaurate­urs, certains s'inquiètent des règles d'hygiène et de conservati­on. Ils ne voudraient en effet pas que leur cuisine soit la cause d'une intoxicati­on alimentair­e.

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