Vivre Côté Paris

Inviter la Seine

- PAR CAROLINE CLAVIER. PHOTOS NICOLAS MILLET.

Perché sur les quais de l’île Saint-Louis, cet appartemen­t surfe entre deux eaux. La Seine s’y invite, façonnant le décor de vagues ondulantes, de reflets, de brillances et de courbes, comme un écho à la houle. Un mimétisme orchestré en beauté par “l’artiste d’intérieur” Véronique Malegarie.

Page de gauche, échappée sur les quais de la Seine depuis un balcon suspendu au-dessus de l’eau. Page de droite, dans le séjour salle à manger, canapé et fauteuil sur mesure de Charles Zana, table d’Antonio Citterio, B&B Italia, fauteuils et chaises “Lia”, Zanotta, suspension­s chinées à New York. Au sol, sculpture d’Annie Samuelson. Sur le mur, conçu en planches de peuplier, trois statuettes en bronze d’Anne Jaeckin et une oeuvre en bois de Sonia Van Den Abeele.

Page de gauche, en haut, dans le séjour autour d’un banc de Christian Liaigre, fauteuil blanc et canapé de Charles Zana, fauteuils vert amande “Kalos” d’Antonio Citterio, Maxalto, au fond sur les bahuts “Mida” d’Antonio Citterio, Maxalto, deux sculptures en céramique de Betty Woodman. Suspension­s “Doo Wop” de Louis Poulsen achetées sur le site 1stdibs. En bas, le mur de la cheminée est habillé de mosaïques en pâte de verre “Water Glass Zinc”, Sicis, et de panneaux en Inox poli miroir martelé, montés sur rails, Atelier de métallerie Grésillon Paris. Sur le sol en terrazzo, mis en place par GMR, fauteuil en cuir “Egg” d’Arne Jacobsen, Fritz Hansen, et tabouret “Pill Stool White Gradient” de Pols Potten. Page de droite, table de salle à manger d’Antonio Citterio, B&B Italia, et fauteuils, Zanotta. Sur le mur recouvert de planches en peuplier, réalisé par les ateliers du menuisier Jean-Marie Cochin, statuettes en bronze d’Anne Jaeckin.

Du sol au plafond, un mur-banc en planches de peuplier empilées comme une vague

Le meuble de rangement de la cuisine est habillé de parois de verre opaque et forme un bloc vert d’eau translucid­e

Dans la chambre, des rideaux glissent sur une tringle d’angle et cloisonnen­t l’espace

Une rumeur de plage, de bateaux et de vagues tièdes remonte des quais. La lumière frappe les stores bayadère, devant les portesfenê­tres un écran d’eau tient à distance la ville. Paris ici est en mode balnéaire et projette le quotidien à l’heure des vacances. Un privilège qui n’a pas échappé à Véronique Malegarie, chargée de métamorpho­ser les lieux par ses nouveaux propriétai­res.

Faire dialoguer intérieur et extérieur

Une aubaine pour celle qui ne jure que par les correspond­ances entre environnem­ent et espace de vie, préférant au statut d’architecte ou celui de décorateur, la formule “Artiste d’Intérieur et d’Extérieur”. “Quand je suis paysagiste, je pense de l’intérieur vers l’extérieur et vice versa lorsque je travaille l’espace ou un décor”, souligne-t-elle. Après quelques années de marketing chez L’Oréal, elle suit une formation à l’École Supérieure du paysage de Versailles et donne déjà à son mémoire le titre “Architectu­re protagonis­te du jardin”. Une vision qui se traduit par un ressenti très organique de l’architectu­re. Chez elle, les matériaux façonnent l’espace dans un écho permanent à l’extérieur. Ce dialogue est devenu sa signature, l’essence même de ses projets. Véronique convoque la matière afin d’ouvrir le champ à une nouvelle narration, source de métaphores et de poésie. Pour cela, elle fait appel à des artisans d’exception. Ébéniste, métallier, carreleur… travaillen­t chaque surface comme une seconde peau qui transcende les volumes.

Convier la Seine et tous ses éclats

“Pour cet appartemen­t, je souhaitais que la magie du paysage se prolonge dans l’espace. Retrouver la fluidité de l’eau, le dessin du fleuve, sa lumière, ses éclats a été ma priorité. Le cloisonnem­ent traditionn­el des pièces rendait difficile cette intention. Je me suis donc obstinée à relancer la circulatio­n en faisant disparaîtr­e les murs, en dégageant les perspectiv­es, en préférant des ouvertures traversant­es, en installant des miroirs pour amplifier les volumes, en choisissan­t un seul et même sol, et un même plafond. L’idée directrice était d’inscrire dans l’architectu­re d’intérieur, ce lien unique et privilégié avec la Seine. J’ai donc créé une ‘coulade’ en planches de peuplier, qui s’échappe d’une faille au plafond pour finir au sol. La dynamique de cette vague est signifiée par cent quatre-vingt-cinq planches de trois épaisseurs différente­s. Chacune, travaillée en biseau, allège le montage que nous avons réalisé sur place de façon artisanale. Un travail de haute précision réalisé par les ateliers de Jean-Marie Cochin. Même chose pour les panneaux en Inox poli miroir martelé qui glissent sur le mur de la cheminée en écho au scintillem­ent de l’eau et à ses nuances vertes”. Une palette qui se décline en deux tons sur les murs en mosaïques. Le tout porté par la réflexion incessante de la lumière sur le sol en terrazzo ciselé d’éclats de couleurs. Une véritable mise en Seine! Véronique Malegarie, Hortiligne paysages intérieurs et extérieurs. Tél. 06 30 28 55 62 et contact@hortiligne.fr

01. La tribu de l’enseigne Bacsac, passage d’Enfer, point de ralliement de ces voisins et amis. L’allée a été aménagée par leurs soins au rythme des contenants de la marque. De gauche à droite, les designers Godefroy de Virieu et sa femme Stefania Di Petrillo, les paysagiste­s Louis de Fleurieu et Virgile Desurmont avec sa femme Mathilde, et tous leurs enfants. Les hommes sont les cofondateu­rs de l’enseigne Bacsac. 02. Coin nature autour de contenants en toile géotextile Bacsac. 03. Stefania Di Petrillo et sa fille. 04. Virgile Desurmont et sa fille. Page de droite, Godefroy de Virieu et Stefania Di Petrillo en famille.

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